La « cathophobie », paravent d'un intégrisme paranoïaque

5 avril 2010

Nouveau crime contre Dieu ! L'Éducation nationale veut encourager le travail des écoliers le mercredi matin. Une initiative d'inspiration éminemment démoniaque...

Selon une circulaire publiée le 18 mars dans le Bulletin Officiel de l'Éducation nationale, en prévision de la rentrée 2010, « les recteurs et les inspecteurs d'académie seront attentifs à la gestion des rythmes scolaires, en relation avec les collectivités locales, les parents d'élèves et les enseignants. En visant avant tout l'intérêt de l'enfant, ils étudieront les formules les plus adaptées aux besoins de l'élève. L'organisation de la semaine en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi matin) est encouragée chaque fois qu'elle rencontre l'adhésion. »

Sandale dans la réacosphère ! Liberté politique a dénoncé une « menace sur la liberté d'enseignement du catéchisme » – rien de moins ! –, accusant le ministre Luc Chatel de participer « sans états d'âme au détricotage insidieux du christianisme en France ». Sa responsabilité dans la désertion des églises est certes incontestable : n'a-t-elle pas commencé en juin 2009 avec sa nomination rue de Grenelle ? On devine la main du démon derrière les manigances du gouvernement. Sans doute Satan en a-t-il lui-même dicté la composition au président Sarkozy – ce dont atteste le soutien de Frédéric Mitterrand au festival Hellfest. Échaudés par les attaques lancées contre le pape, certains catholiques ont manifestement perdu la tête !

« Les enfants n'ont pas classe le mercredi, non pas d'abord pour qu'ils se reposent mais parce qu'une loi de mars 1882 prévoit que les écoles ferment pendant une journée pour que les enfants puissent aller au catéchisme », affirme encore Liberté politique. Le ministre appellerait-il ses subordonnés à bafouer la loi ? En dépit de moult révisions, le code de l'Éducation stipule toujours que « les écoles élémentaires publiques vaquent un jour par semaine en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s'ils le désirent, à leurs enfants l'instruction religieuse, en dehors des édifices scolaires ». À vrai dire, nous n'imaginions pas que la République se montrait si magnanime à l'égard des curés. Magnanimité nullement remise en cause, puisque, depuis le XIXe siècle, c'est « un jour par semaine, en outre du dimanche » – et non le mercredi nécessairement – qui leur est réservé.

Les protestations conservatrices apparaissent d'autant plus grotesques à la lumière de ce rappel historique. Reste que l'extrême droite, fût-elle catholique, se complait volontiers dans une posture de victime. Le Salon Beige l'a souligné vendredi dernier, Michel Janva citant saint François de Sales : « Quoi que nous fassions, le monde nous fera toujours la guerre. » En peignant leur propre caricature, ces "laïcs engagés" ne servent guère la cause de l'Église. Ce serait son affaire si cela n'avait pas une incidence politique.

Paravent d'un intégrisme religieux paranoïaque, la dénonciation irraisonnée de la « cathophobie » légitime le laïcisme et les appels incessants en faveur du « métissage » – dont le culte contribue, nous semble-t-il, à l'éclatement de la société. Agnès Rousseaux n'avait pas tort de fustiger dans Témoignage Chrétien « certains catholiques [qui] semblent vouloir réduire l'identité nationale à la France chrétienne ». Mais dans la foulée, notre consœur a pris ses distances avec Mgr Aillet, pour qui « ceux que nous accueillons doivent être dans le grand respect de ce qui fait notre identité nationale, c'est-à-dire dans le grand respect de nos racines culturelles chrétiennes ».

Nostalgiques d'un passé révolu, des intégristes entretiennent délibérément la confusion entre des racines incontestablement chrétiennes et les fruits qu'elles ont produits, où la prégnance religieuse est devenue très diffuse. Ce faisant, ils encouragent nos contemporains à fouler au pied notre héritage national... Chapeau les cathos !

2 commentaires pour "La « cathophobie », paravent d'un intégrisme paranoïaque"

  1. Catoneo

    Le 7 avril 2010 à 13 h 36 min

    Il ne viendrait pas à l'idée des catholiques de mettre l'heure de caté avant la messe dominicale ?
    Avant, il y avait trois ou quatre messes le dimanche matin et le presbytère était "surbooké".
    Aujourd'hui avec une seule messe ça devrait le faire ; en plus ce sont des laïcs qui font le catéchisme.
    Comment font les autres religions ?

  2. Nilue

    Le 7 mai 2010 à 11 h 03 min

    Il me doucement rigoler les "catho".... moi-même ayant fréquenté une école privée catholique durant la presque totalité de ma scolarité, nous avions cours le mercredi matin, et cela ne semblait pas les déranger outre mesure... et puis il leur reste toujours le mercredi après midi pour leurs cours de "cathé"... il me semble d'ailleurs que dans ma région la plupart de ces cours ont lieu le mercredi après midi, voire le samedi....

Laissez un commentaire