Sur le front des Opex

19 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Libye, Liban, Afghanistan... Le chef d'état-major des armées commente les opérations extérieures de la France (Opex).

Lors d'une audition devant une commission de l'Assemblée nationale, le mercredi 5 octobre 2011, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2012, l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées (CEMA), s'est livré à un tour d'horizon des opérations extérieures.

« L'Europe désarme quand le monde réarme », a-t-il martelé en préambule. « Si elle devait se confirmer, voire s'amplifier, cette tendance serait lourde de conséquences pour notre avenir comme puissance capable de peser sur les affaires du monde. » Placée en « hibernation », l'"Europe de la défense" ne doit pas faire miroiter de faux espoirs...

Provocations au Liban

Cela nuance l'enthousiasme suscité par l'année écoulée. Selon l'amiral Guillaud, en effet, « peu de pays auraient été capables et auraient eu la volonté de faire ce que nous avons fait [...] en Libye, en Côte d'ivoire, sur le territoire national, ainsi qu'au Japon, où nous sommes intervenus lors du tsunami en envoyant des avions de transport stratégique pour évacuer nos compatriotes vers la Corée du Sud ».

L'engagement au Liban demeurerait « le plus délicat de nos forces », en raison d'une liberté d'action difficile à garantir. « Il arrive aujourd'hui qu'un maire décide que l'on ne peut plus traverser son village », a déploré le CEMA. « Nos soldats – le troisième contingent sur place après ceux de l'Italie et de l'Indonésie – sont régulièrement menacés d'humiliation. La semaine dernière, un véhicule espagnol ayant dépassé de 500 mètres la zone de la FINUL a immédiatement été encerclé par des 4x4 aux vitres fumées ; des civils en armes en sont sortis et ont volé aux soldats leurs papiers, leurs cartes, leurs radios... Effets qui leur ont été rendus cependant le lendemain. » Cela mettrait nos soldats sous pression, une telle situation étant « insupportable, pour un grenadier voltigeur comme pour un général ». Aussi l'amiral juge-t-il « urgent que l'ONU révise le concept stratégique de la présence des casques bleus au Liban ».

Évoquant l'Afghanistan, le CEMA a affiché l'optimisme que requiert sa fonction. « Dix ans après le début de notre intervention, est venu le temps du transfert des responsabilités de sécurité à l'armée nationale afghane », a-t-il rappelé. « Il y a cinq ans, on ne comptait que 30 000 soldats et policiers afghans. Ils sont aujourd'hui 300 000. » Des chiffres censés illustrer « la réalité et le succès, dans le domaine militaire, des opérations de l'OTAN ». D'autant qu'« il n'a jamais été question de battre les insurgés "à l'ancienne" ni de transformer l'Afghanistan en havre de paix ». Le taux de désertion dans l'armée afghane aurait considérablement diminué : « Il était de l'ordre d'un tiers, par mois, il y cinq ou six ans ; il est maintenant inférieur à 10 % et tend à descendre vers 5 %. » Cela grâce au doublement des soldes : « La coalition a payé les hommes à peu près comme les payaient les Talibans, voire un peu plus. » Aussi les questions se posant pour l'avenir portent-elle notamment « sur la soutenabilité financière du budget de la défense afghan, en particulier le paiement des soldes de 300 000 policiers et militaires – chiffre qui se situe dans la norme compte tenu de la taille du pays ».

En tout cas, « nous avons, pour l'essentiel, rempli notre part de la feuille de route internationale », soutient l'amiral Guillaud. « Pour notre part, nous basculons progressivement des missions de contrôle de zone vers des missions d'appui et de soutien des forces afghanes. Ce qui a pour conséquences de réorganiser nos forces – nous n'aurons plus besoin des mêmes spécialistes – et de réduire notre vulnérabilité – nous n'irons plus dans les fonds de vallée. » À l'approche de l'élection présidentielle, cela tombe à pic...

Remontrances européennes

19 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Nouvelles mises en cause en provenance de Bruxelles.

Un avertissement a été lancé par Bruxelles le 29 septembre : « les États membres doivent d'urgence s'employer avec plus de vigueur à transposer la réglementation européenne », prévient la Commission.

Tandis que la Belgique décroche le bonnet d'âne, la France se distingue par le retard avec lequel elle se conformerait aux arrêts de la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) : il faudrait compter deux ans en moyenne, contre dix-sept mois dans l'ensemble de l'UE

Dernièrement, Paris a été prié : de garantir l'ouverture à la concurrence du tunnel sous la Manche ; de réduire les contrainte administratives pesant sur les PME ; de se conformer aux règles communautaires applicables aux pratiques commerciales déloyales ; d'assurer une attribution « non discriminatoire » des fréquences de télédiffusion numérique ; et de respecter la directive TVA pour les bateaux. Dans cette "moisson de remontrances", la France est visée par une "mise en demeure", trois "avis motivés" et une traduction devant la CJUE.

L'islam des bureaux

6 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Se démarquant des chantres de la "diversité", le Haut Conseil à l'intégration pointe les tensions suscitées dans l'entreprise par les revendications religieuses. En réponse, il invoque la sacro-sainte laïcité.

Après avoir agité l'école, les services publics et les crèches, la laïcité suscite le débat dans l'entreprise. « Le paysage a bien changé », observe Jean-Christophe Sciberras, président de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (DRH). Selon lui, « la revendication religieuse se fait plus forte, en raison notamment du recours à une main d'œuvre immigrée, originaire de pays non catholiques, à partir des années soixante ». Les chantiers du bâtiment constitueraient un cas emblématique : « on y observe le plus souvent des équipes constituées par communautés d'appartenance et par affinités religieuses », rapporte le Haut Conseil à l'intégration (HCI). Dans un avis publié le mois dernier, celui-ci ne craint pas d'aborder un sujet « tabou et politiquement incorrect ». D'autant qu'il aurait « toujours considéré la question de la laïcité comme intrinsèquement liée à celle de l'intégration des personnes d'origine étrangère ».

Problèmes concrets

Le service de repas halal, l'aménagement des horaires en vue des prières et l'octroi de congés pour les fêtes religieuses seraient gérés « avec assez de souplesse » dans les grandes entreprises. En revanche, le port de signes religieux, l'ouverture de salles de prière et les relations hommes-femmes seraient plus délicats à traiter. La légalité s'en trouverait bafouée : « Ainsi, tel restaurant ne possède pas de vestiaire pour femmes parce que son patron n'envisage pas d'en embaucher. [Dans] un salon de coiffure strictement réservé aux femmes, l'inspecteur du travail ne peut entrer pour effectuer un contrôle parce que son intervention troublerait leur intimité. »

Deux types de restrictions de l'expression religieuse peuvent être inscrites dans le règlement intérieur des entreprises : elles portent, d'une part, sur les impératifs de sécurité, d'hygiène et de santé et, d'autre part, sur la tâche du salarié définie dans son contrat de travail. « La jurisprudence du "boucher de Mayotte" (arrêt de la Cour de cassation, mars 1998) est claire sur ce point : un salarié boucher de confession islamique demandait, après deux ans de travail, de ne plus avoir à traiter de viande de porc ; l'employeur refuse ; le salarié cesse son travail et invoque un licenciement sans cause réelle et sérieuse, mais le juge estime que "l'employeur ne commet aucune faute en demandant au salarié d'exécuter la tâche pour laquelle il a été embauché". » Par ailleurs, « le juge français a évoqué au cours de plusieurs affaires la relation avec la clientèle pour justifier la restriction du port du foulard par des femmes musulmanes. Ainsi, la cour d'appel de Saint-Denis de la Réunion (1997) a admis le licenciement pour cause réelle et sérieuse d'une salariée de confession islamique qui refusait d'adopter la tenue conforme à l'image de marque de l'entreprise. »

Tandis que la loi leur interdit de répertorier la religion de leurs employés, patrons et DRH risquent des poursuites judiciaires quand ils refusent de céder à certaines revendications. En effet, « certains seront tentés de lire toute limitation de l'expression religieuse [...] comme une discrimination religieuse, quand bien même cette restriction serait proportionnée et justifiée ». À ce titre, déplore le HCI, « la Halde a participé de cette évolution qui par certains aspects ne favorise guère l'apaisement entre salariés et entre employeur et salariés ».

Sentiment d'injustice

En outre, des accommodements peuvent être perçus comme des privilèges accordés à une minorité : « Si certains sont exemptés de travail le vendredi ou le samedi, serait-ce à dire que d'autres doivent impérativement les remplacer ces jours-là ? Si certains ont des horaires aménagés, pourquoi alors le refuser à d'autres dont les raisons ne seraient pas religieuses mais familiales par exemple ? » Souhaitant palier l'absence de réponses claires et homogènes, le HCI soutient « la mise en œuvre d'un dispositif à la fois législatif et règlementaire ». Aujourd'hui, ces questions seraient traitées au plus près du terrain. Selon le HCI, il conviendrait de promouvoir explicitement « la neutralité religieuse », de façon à « favoriser la qualité du lien social dans l'entreprise ». Concrètement, cela supposerait la révision des règlement intérieurs, et l'organisation de séminaires où serait diffusée la bonne parole républicaine.

« La laïcité est le moyen de faire coexister pacifiquement dans un espace commun une pluralité de convictions », martèle le HCI. C'est ignorer la violence des inventaires, et négliger les instrumentalisations auxquelles se prête un principe ambigu. C'est en son nom qu'on tente, parfois, d'étouffer des traditions façonnées par le christianisme – en allant jusqu'à réclamer que les sapins soient retirés des écoles à l'approche de de Noël ! Mais n'est-ce pas en son nom, également, que le Front national dénonce désormais l'immigration ? « En dehors de Marine Le Pen, plus personne ne défend la laïcité », assure Élisabeth Badinter, dans un entretien accordé au Monde des religions. Le 22 septembre, deux condamnations ont été prononcées par le tribunal de Police de Meaux en application de la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public. Or, si l'on en croit l'enquête du Guardian, cela ne devrait rien changer au comportement des femmes incriminées. À moins qu'elles renoncent définitivement à sortir de chez elles, confrontées à des injures dont la violence irait croissant. Curieuse façon d'œuvrer à la concorde sociale.

Recherche & Développement en sursis

6 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Tandis que plane le spectre d'une délocalisation des activités de recherche et développement (R&D), le crédit impôt recherche (CIR) confirme son succès.

La France décroche dans la course à l'innovation mondiale, rapportent Les Échos. Selon une étude publiée jeudi dernier, 27 septembre, par la Business Software Alliance, elle a perdu quatre places au classement mondial de la compétitivité dans les technologies de l'information. Les infrastructures ne seraient pas en cause. Quant à l'environnement légal, il s'améliorerait « avec des avancées dans le domaine de la signature électronique, de la confidentialité des données et de la législation sur la cybercriminalité ». En revanche, soulignent nos confrères, la France accuse un certain retard « au niveau des investissements en R&D, mais aussi du capital humain » : alors que dix mille créations d'emploi sont annoncées cette année dans l'informatique par le Syntec Numérique, les entreprises craignent de ne pouvoir subvenir à leurs besoins en main d'œuvre.

Des effectifs en hausse

C'est une inquiétude récurrente, dont Philippe Adnot, sénateur non inscrit de l'Aube, s'était fait l'écho dans un rapport présenté l'année dernière. Cela étant, au regard des effectifs alloués, les activités de recherche et développement auraient régulièrement augmenté entre 2000 et 2008. En la matière, « il n'existe pas de mouvement global de délocalisation », soutient le parlementaire. Sur la même période, les entreprises n'en auraient pas moins accru leur présence à l'étranger, où le nombre de centres français de R&D aurait augmenté de 20 %. Ce phénomène résulterait, pour partie, des héritages consécutifs à des fusions-acquisitions. Mais aussi de la volonté de s'adapter aux spécificités locales, voire d'optimiser les ressources à l'échelle mondiale : « Cette vision [...], relativement ancienne dans le secteur des télécoms, a été reprise par EADS en 2006. De même, plus récemment, Sanofi Aventis, après avoir annoncé la rationalisation de sa R&D en 2009, a conclu au cours de l'année 2010 plusieurs partenariats avec des organismes renommés dans le cadre d'une stratégie d'excellence mondiale centrée sur des sujets encore non traités par l'entreprise. » Quant à la réduction des coûts, sans nul doute escomptée, « elle n'a pas été à ce jour pleinement vérifiée » selon le rapporteur, dont les interlocuteurs ont souligné « les coûts liés au turn-over important des ingénieurs dans certains pays, les coûts de traduction, les coûts de reconstitution du savoir ».

Le poids de l'étranger

Quoi qu'il soit, dans une économie internationalisée, il s'avère délicat d'apprécier les flux de R&D. Témoin, cette coïncidence survenue à la rentrée 2010 : « Le 15 septembre 2010, Renault inaugurait en Roumanie un nouveau centre technique dédié à la mise au point des véhicules et des organes mécaniques de la plateforme Logan. Six jours auparavant, le P-DG de Google, Éric Schmidt, annonçait la création en France d'un centre de recherche et développement (R&D) pour l'Europe qui recruterait prioritairement dans les écoles et les universités françaises dont l'excellence en mathématiques est reconnue. » De fait, remarque  Philippe Adnot, « les entreprises étrangères financent une part non négligeable de la dépense intérieure en R&D » : 20,8 % en 2007 et 22,2 % en 2008, contre 13 % aux États-Unis, 17 % en Finlande et 5 % au Japon ; entre 2007 et 2008, la part des dépenses intérieures de R&D des filiales sous contrôle étranger a même augmenté de plus de 11 %.

Les plus optimistes y verront, certes, le signe d'une attractivité renforcée par le succès du crédit impôt recherche. À l'issue d'une enquête menée auprès de sociétés réputées innovantes, Alma Consulting Group a confirmé, selon le résumé des Échos, que « pour la majorité des entreprises françaises, le CIR a bel et bien un effet de levier sur l'emploi en R&D : 39 % ont renforcé leurs équipes de chercheurs de 50 %, et même doublé leurs effectifs dans 22 % des cas. Autre effet positif : 38 % des sociétés déclarent avoir augmenté de 50 % le nombre d'innovations commercialisées, et 24 % ont lancé deux fois plus de produits innovants sur le marché. De nouvelles offres qui ont généré une augmentation de chiffre d'affaires de 50 % pour une entreprise sur trois, et même de 100 % pour une sur quatre. »

Toutefois, on ne saurait se contenter de ces chiffres. D'autant que, dans les années à venir, les entreprises conduiront probablement un audit sur la localisation de leurs centres de R&D, prévient le sénateur de l'Aube. « À cet égard », remarque-t-il, « plus ces centres seront intégrés à un écosystème d'innovation dynamique, et plus il sera onéreux pour l'entreprise de modifier la géographie de sa R&D ». Ou comment enraciner l'activité sous les vents de la mondialisation.

Europe : la fuite en avant

6 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Le marasme financier se prête à la surenchère fédéraliste. Avec le risque, pour l'Union européenne, d'essuyer de nouveaux échecs dont l'économie ferait les frais.

Une réforme de la "gouvernance économique" de l'UE a été approuvée par le Parlement européen le 28 septembre. Selon ses promoteurs, la discipline budgétaire des États membres devrait s'en trouver renforcée, ainsi que la surveillance des déséquilibres macro-économiques. Cela étant, les fantasmes des européistes les plus fervents sont loin d'être réalisés. Dans un entretien accordé à La Tribune, le Français Joseph Daul, chef de file des eurodéputés PPE, prône un "big bang" fédéral. Ce serait « très simple » selon lui : « Les gouvernements [...] devraient décider de s'attaquer de façon drastique à leur endettement en prenant, en bloc et le même jour, des mesures telles que la convergence vers le haut de l'âge de la retraite et de la durée hebdomadaire du travail, ou encore l'harmonisation de leur fiscalité. » Des paroles en l'air.

Multiples précédents

D'autres évoquent une nouvelle révision des traités européens. « Parmi les mesures envisagées figure notamment la transformation de l'Eurogroupe en une institution à part entière, disposant d'un secrétariat renforcé et de procédures propres afin d'assurer la continuité des travaux entre chaque réunion mensuelle des ministres des Finances de la monnaie unique », croit savoir La Tribune. Cela serait-il inenvisageable en l'état du droit ? Des années durant, le Conseil européen des chefs d'État ou de gouvernement de l'Union s'était réuni en marge du formalisme juridique... Étant donné la gestation délicate du Fonds européen de stabilité financière, la ratification laborieuse du traité de Lisbonne, le fiasco du traité établissant une constitution pour l'Europe, peut-être faudrait-il s'épargner des péripéties supplémentaires. D'autant qu'une telle aventure nourrirait vraisemblablement l'incertitude honnie par l'économie.

Mensonge volontariste, tentation populiste

27 septembre 2011

Chronique enregistrée pour RFR le vendredi 29 juillet 2011.

Une fois n'est pas coutume, l'assainissement budgétaire s'annonce comme un thème majeur de la campagne présidentielle. Cela suscite d'ailleurs un certain malaise à gauche. En revanche, les souverainistes s'en donnent à cœur joie. Tandis que les gouvernements semblent impuissants à résoudre la crise des dettes souveraines, ils agitent une solution miracle, le retour aux monnaies nationales, et proclament que l'histoire leur a donné raison – ce qui n'est pas impossible.

« Sans doute eût-il mieux valu que la Grèce ne rentre pas dans l'euro », reconnaît, par exemple, Alain Madelin. « En conservant son drachme », explique-t-il, « elle n'aurait pu s'endetter inconsidérément comme elle l'a fait sous le parapluie de l'euro et la sous-compétitivité de son économie aurait pu être corrigée par une dévaluation ». Oui mais voilà : abandonner la monnaie unique, c'est autre chose que de ne pas l'avoir adoptée. Aux yeux de l'ancien ministre de l'Économie, il apparaît « impossible d'organiser une conversion forcée de l'ancienne monnaie quand celle-ci continue d'avoir cours comme ce serait le cas avec l'euro ». Pour s'imposer, en effet, « le nouveau drachme [...] se devrait d'être plus attractif que l'euro ». Concrètement, comment voudriez-vous convaincre tout un chacun d'échanger ses euros contre des drachmes ou des francs dont la valeur serait appelée à fondre sur le marché des devises ? Toujours selon Alain Madelin, « le seul exemple connu de sortie d'une zone monétaire par la dévaluation » serait celui du Mali en 1962, « dont l'échec fut piteux ». Voilà un précédent qui mériterait d'être étudié avec la plus grande attention.

Outre la monnaie unique, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan pointent une réforme intervenue en 1973, qu'ils dénoncent sous le nom de « loi Rotschild ». C'est une allusion à la banque éponyme, qui fut l'employeur éphémère de Georges Pompidou, dont celui-ci est accusé d'avoir servi les intérêts alors qu'il était devenu président de la République. Par cette loi, l'État avait renoncé à se financer directement auprès de la Banque de France ; depuis lors, il doit compter avec les taux fixés par les marchés. C'était une façon de lutter contre les dérives inflationnistes.

Mais selon ses détracteurs, tel Aristide Leucate s'exprimant dans L'Action Française 2000 du 17 mars dernier, « on ne mesure pas à quel point l'impuissance publique ayant résulté de cette funeste décision allait conduire à la privatisation progressive de la chose publique ». Jacques Bainville aurait-il partagé cette analyse ? Il n'y a « rien de plus terrible que la liberté donnée à l'État d'imprimer du papier-monnaie », écrivait-il dans L'Action Française du 2 novembre 1925. À ses yeux, l'indépendance de la Banque de France constituait un « garde-fou » grâce auquel avait été contenu «  le gaspillage financier, inhérent aux démocraties ».

Bien que les circonstances aient changé, cela donne à réfléchir et pose, à nouveau, la question du rapport du politique à l'économique. Schématiquement, deux conceptions s'opposent : l'une respecte l'indépendance de chacun des ordres, quand l'autre croit pouvoir placer le second sous la tutelle du premier. On l'observe à travers les réactions suscitées par la crise de la dette : tandis que les uns appellent l'État à réduire ses besoins de financement, les autres prônent la censure des agences de notation – autrement dit, ils s'attaquent au thermomètre plutôt que de soigner la fièvre... « Quand on n'a pas assez de bonne monnaie, et qu'on est bien résolu à ne pas recourir à la fausse, quand on veut se contenter de ce peu de bonne monnaie plutôt que d'aller à la ruine par une richesse fictive, que faut-il faire ? » se demandait Jacques Bainville, quelques mois plus tard, toujours dans les colonnes du quotidien royaliste. « Se restreindre », répondait-il. Selon lui, « il n'y a pas d'autre système que les économies ».

Certains s'y refusent néanmoins. Ce faisant, ils se fourvoient dans le volontarisme. Par ce terme, je ne désigne pas le dirigisme, mais un certain rationalisme : d'aucuns fantasment sur l'économie comme d'autres planifiaient jadis le découpage administratif de la France suivant des formes géométriques. Dans un article publié par Causeur en mai dernier, Georges Kaplan raconte comment s'est développé un véritable système monétaire dans la cour d'école qu'il fréquentait à l'âge de dix ans, où il échangeait des billes avec ses camarades. Preuve que l'organisation économique revêt un caractère en partie spontané. Et qu'à l'inverse, la volonté pure ne suffit pas à la transformer. La plupart des royalistes n'étant pas abusés par le mythe du contrat social, ils devraient pourtant l'admettre sans difficulté !

Selon la formule popularisée par Milton Friedman, « il n'y a pas de repas gratuit ». Autrement dit, il y a toujours un prix à payer. Peut-être la monétisation de la dette présente-t-elle quelque vertu. Je ne me risquerai pas à en débattre, mais je tiens à mettre en garde nos auditeurs contre l'illusion selon laquelle l'ardoise pourrait être effacée d'un coup de baguette magique.

Hélas, le mensonge volontariste se trouve nourri par la tentation populiste. De fait, on se targue de prendre le parti du « peuple » contre l'« oligarchie » ou quelque « super-classe mondiale ». Autant revendiquer l'espoir de provoquer un sursaut en précipitant la République vers l'abîme. Car galvaniser le mécontentement populaire, c'est bien choisir la politique du pire. Le constat établi en 1926 par Jacques Bainville demeure d'actualité : « Les neuf dixièmes de la France ne comprennent rien à ce qui se passe. D'où la difficulté de demander à la masse, représentée par ses élus, des sacrifices dont la portée et la destination lui échappent. »

Selon l'historien d'AF, « dans toute la mesure où elle était indépendante de l'élection, la Restauration a été économe. Dans toute la mesure où elle dépendait de l'opinion publique, elle a suscité un mécontentement et des rancunes que ne désarmait pas le retour de la prospérité. "Grande et importante leçon", eussent dit nos pères. Elle explique la lâche paresse avec laquelle nos gouvernements démocratiques se sont laissé aller, comme la Révolution elle-même, sur la pente facile des assignats et de l'inflation. »

Or, comme l'écrivait encore Jacques Bainville, en 1933 cette fois-ci, « la foule comprend à la lueur des éclairs dans le ciel, quand l'orage des changes commence à gronder. [...] Après quoi, de nouveau, elle oublie tout. » Sous la Ve République, la construction européenne et le carcan du droit ont tempéré l'incurie monétaire, mais non le laxisme budgétaire. L'opinion publique semble disposée à l'entendre plus qu'elle ne l'a jamais été.  C'est une opportunité à saisir.

Les citations de Jacques Bainville sont tirées de La Fortune de la France, un recueil d'articles paru en 1937 et disponible gratuitement dans la bibliothèque numérique des "Classiques des sciences sociales".

Rendez-vous sur le site de RFR pour découvrir les autres interventions :

http://www.radio-royaliste.fr/

Autour du "politique d'abord"

15 septembre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

À la faveur de la crise, une formule chère à l'AF se trouve remise à l'honneur. À tort ou a raison ? Le débat est ouvert.

Commentant sur son blog un éditorial de Libération, où Nicolas Demorand appelait à « réarmer le pouvoir politique » contre l'influence des marchés financiers, Jean-Philippe Chauvin l'a jugé « maurrassien ». Lecteur d'une presse moins consensuelle, Aristide Leucate n'en retient pas moins des considérations du même ordre. Dans L'Action Française 2000 du 1er septembre, il a relevé cette citation d'un confrère vaudois : « C'est à l'État [...] qu'il appartient de cadrer (et non de régenter dans le détail) l'activité économique, pour s'assurer qu'elle reste au service du bien commun. » Suivait la reprise d'une formule chère à l'AF : « Politique d'abord ! »

Monétiser la dette

Ces propos feraient l'unanimité s'ils n'étaient éclairés par ceux de Marine Le Pen, pointant « notre dépendance de plus en plus forte vis-à-vis des marchés ». « Parce que c'est à eux exclusivement qu'on peut emprunter, parce qu'ils ont un monopole et qu'ils peuvent nous imposer leurs conditions, nous imposer des taux d'intérêt élevés », l'État devrait « reprendre le contrôle de la politique monétaire, de la politique budgétaire et de son financement », soutient l'égérie populiste. Celle-ci vise une réforme remontant à 1973, dénoncée sous le nom de « loi Rotschild » : allusion à la banque éponyme, employeur éphémère de Georges Pompidou, dont celui-ci est accusé d'avoir servi les intérêts devenu président de la République. Par cette loi, l'État avait renoncé à se financer directement auprès de la Banque de France ; depuis lors, il doit compter avec les taux du marché. Ce faisant, il entendait se prémunir des dérives inflationnistes.

Tandis que l'Occident peine à s'extraire de la spirale des déficits, peut-être la perspective de monétiser la dette mérite-t-elle d'être débattue. Mais en gardant à l'esprit qu'« il n'y a pas de repas gratuit », selon l'expression popularisée par Milton Friedman. Autrement dit, tout se paie d'une façon ou d'une autre. Or, le coût s'avère d'autant plus élevé que l'on s'entête à faire abstraction des forces à l'œuvre dans le système économique. « Ce qui ne peut pas être refuse d'être », martelait Charles Maurras dans La Politique naturelle. « Ce qui doit être, ce que produit l'antécédent qu'on a posé, suit le cours de sa conséquence », poursuivait-il, déplorant les méfaits des « volontés mirifiques » : « On annonçait l'abondance : il faut rogner la monnaie. Les salaires ont monté, mais les prix aussi ; il faut que les salaires montent encore : comment monteront-ils si l'on n'a plus d'argent pour les payer ? » Les proclamations selon lesquelles « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille », l'affirmation désinvolte que « l'intendance suivra », les gargarismes en faveur d'un « parti des politiques » sont autant d'incantations procédant d'une conviction morale : la politique apparaît plus noble que les activités économiques et financières, puisqu'on lui prête, à tort ou à raison, la seule ambition de servir le bien commun. De cela devrait découler une organisation sociale retranscrivant formellement cette hiérarchie : « politique d'abord », nous dit-on. Or, si l'on s'en tient à Maurras, « quand nous disons "politique d'abord", nous disons la politique la première, la première dans l'ordre du temps, nullement dans l'ordre de la dignité ». Ni dans celui du droit.

Volontarisme

Aussi la formule nous paraît-elle galvaudée. Et même dévoyée, étant donné qu'elle participe d'un volontarisme aux antipodes de l'empirisme cher à l'AF : on nous promet de reconstruire la société sur la base d'une abstraction, à la façon des révolutionnaires envisageant le découpage administratif de la France suivant des formes géométriques tracées au sommet de l'État. Dans ces conditions, comment s'étonner que soit survenue la crise des subprimes ? « La lune ! On n'a qu'à demander la lune », clamait Maurras. « Des mains dociles iront la cueillir dans le ciel », comme d'autres, responsables politiques en tête, ont annoncé aux ménages américains qu'ils pourraient se porter acquéreurs de leur logement quel que soit leur niveau de revenus. « Mais, peu à peu, les évidences se font jour. »

Justifiant la baisse d'un cran de la note souveraine des États-Unis, Standard & Poor's a invoqué « la profonde division politique » observée outre-Atlantique. Cela « mène à une impasse et a empêché un règlement réel du problème de la dérive budgétaire fédérale », selon Jean-Michel Six, le chef économiste Europe de l'agence de notation, interrogé par Les Échos. Sur le Vieux-Continent, les calculs politiciens nourrissent la cacophonie diplomatique, rendant d'autant plus hasardeux le rétablissement de la confiance. Preuve que, dans son acception maurrassienne, le "politique d'abord" demeure d'actualité. Ne nous y trompons pas : fustiger les agences de rating, les traders et autres spéculateurs, c'est témoigner d'une sollicitude déplacée à l'égard du personnel politique, que l'on dédouane de ses responsabilités par la désignation d'un bouc émissaire.

La France compte suffisamment de démagogues s'attaquant aux magnats du capitalisme, ennemis à bien des égards imaginaires, tant doit être relativisé le poids des individus et de leur cupidité dans le système financier. Derrière les fonds de pension, n'y a-t-il pas de modestes retraités ? Les royalistes ont mieux à faire que de noyer leurs voix parmi celles des néo-marxistes au discours convenu. Dans ce contexte, il leur appartient plutôt de dénoncer l'accumulation des déficits aux dépens des générations futures, une fiscalité rendue illisible par les atermoiements politiciens, l'interférence des calendriers électoraux dans les négociations internationales... Autrement dit, l'incurie républicaine – celle des institutions. Politique d'abord !

L'immunité européenne à tort et à travers

15 septembre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Quand le Parlement européen se fait taper sur les doigts par les juges de Luxembourg.

En vertu de l'immunité dont ils bénéficient, les députés au Parlement européen ne peuvent être recherchés, détenus ou poursuivis pour des opinions exprimées dans l'exercice de leurs fonctions.

On se souvient que cela n'avait été d'aucun secours à Bruno Gollnisch, tandis qu'il était trainé en justice par quelque ligue de vertu, avec la bénédiction de l'assemblée. Il y a deux ans, celle-ci s'était montrée plus solidaire à l'égard de l'Italien Aldo Patriciello, mis en cause pour dénonciation calomnieuse.

L'intérêt général vu par les eurodéputés

Au cours d'une altercation sur un parking public, ce dernier aurait accusé un agent de police de falsifier des procès-verbaux, aux dépens des automobilistes donc. Ce faisant, à en croire la majorité de ses collègues eurodéputés, il aurait agi dans l'intérêt général de son électorat. Cela n'a pas convaincu la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE). En effet, les déclarations de M. Patriciello lui sont apparues « relativement éloignées de ses fonctions de membre du Parlement européen ». Or, dans son arrêt rendu le 6 septembre, la Cour « considère que l'immunité peut être accordée seulement lorsque le lien entre l'opinion exprimée et les fonctions parlementaires est direct et évident ».

Ce principe étant posé, c'est toutefois aux juridictions nationales qu'il appartient de l'appliquer. Et cela indépendamment de l'opinion exprimée par le Parlement européen, dont la Cour souligne que « la décision de défense de l'immunité [...] constitue uniquement un avis sans aucun effet contraignant à l'égard des juridictions nationales ».

Brèches à foison dans l'UE

15 septembre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Le navire européen prend l'eau de toutes parts. En dépit du zèle manifesté par le Parlement français, la mise en œuvre du "plan de sauvetage" de la Grèce, arrêté en juillet dernier, n'est pas assurée.

Un timide soulagement s'est emparé des capitales européennes dans la matinée du 7 septembre. Ce jour-là, le tribunal constitutionnel allemand a validé (entre autres) la création du Fonds européen de stabilité financière (FESF) – le principal instrument dont se sont dotés les États européens pour combattre la crise des dettes souveraines.  « Andreas Vobkuhle, le président de la cour de Karlsruhe [...] a toutefois insisté sur la nécessité pour le Bundestag d'exercer l'entièreté de ses compétences budgétaires, et de ne jamais y renoncer », rapportent Les Échos. « Il a précisé que le gouvernement doit solliciter l'approbation de la commission budgétaire du Bundestag pour toute nouvelle aide. »

Calendes grecques

Cette inclination à protéger les prérogatives d'un parlement national est volontiers montrée en exemple par les souverainistes républicains : ils y voient, naturellement, un garde-fou contre les velléités fédéralistes de l'Union européenne. Mais c'est aussi un frein à l'action du gouvernement, dont les marges de manœuvre se trouvent réduites dans les négociations internationales. De fait, les considérations de politique intérieure pourraient ruiner le travail des diplomates qui s'évertuant, bon an, mal an, à échafauder le "sauvetage" de la Grèce. Outre la volte-face d'Helsinki, on signalera la défiance de Bratislava, tout disposé à reporter aux calendes grecques, justement, le renforcement du FESF : la Slovaquie sera le dernier État de la zone euro à voter le nouveau plan d'aide à Athènes, a annoncé le Premier ministre Iveta Radicová.

Ce projet, dévoilé le 21 juillet, sera-t-il jamais ratifié par chacune des parties ? Le cas échéant, l'impact à court terme sera limité pour les finances publiques de la France. En effet, sa contribution ne se fera pas sous forme de liquidités, mais par un apport de garanties au FESF, en charge d'émettre les obligations qui lui permettront, ensuite, de prêter lui-même à la Grèce. Toutefois, expliquent Les Échos, « la dette publique brute de la France sera augmentée à mesure des émissions du FESF, ce qui représentera près de 15 milliards d'ici à 2014 (0,7 % de PIB), auxquels il faut ajouter le premier plan d'aide ainsi que les émissions au bénéfice de l'Irlande et du Portugal ». Au total, l'aide apportée aux pays en difficulté devrait représenter 40 milliards d'euros, soit 2 % du PIB, selon le député UMP Gilles Carrez, rapporteur du collectif budgétaire.

Un cap impossible

Outre la volonté idéologique de "sauver l'euro", celle d'éviter un "saut dans l'inconnu" peut motiver cette démarche. D'autant que les banques françaises sont parmi les plus exposées à la dette hellène. Mais encore faudrait-il s'accorder sur un cap à moyen terme, sans quoi la confiance sera bien difficile à rétablir, quelles que soient les sommes déversées dans le tonneau des Danaïdes. Étant donné la prégnance du fait national et l'interférence des échéances électorales, peut-être cela s'avère-t-il impossible ? Telle est la conviction qui pourrait bien gagner l'Europe. En tout cas, certains tabous sont en passe d'être brisés : le gouvernement allemand étudierait désormais l'hypothèse d'un retour au drachme, affirment nos confrères du Spiegel.

Peut-être s'agit-il d'une rumeur délibérément diffusée afin d'exercer une pression sur Athènes. Quoique les circonstances y suffiraient vraisemblablement : la Grèce pourrait se trouver à court de liquidités dès le mois prochain. On devine la tension qui doit animer les discussions avec la BCE et la Commission européenne, suspendues quelques jours durant à l'occasion d'un différend... Des dissensions se font jour de toutes parts – jusque dans les couloirs feutrés de la Banque centrale européenne ! Alors que les ministres des Affaires européennes des Vingt-Sept se réunissaient à Bruxelles lundi dernier, 12 septembre, les représentants de sept États sont montés au créneau pour dénoncer leur mise à l'écart des négociations portant sur la réforme de l'Union économique et monétaire. « Nous sommes insatisfaits de la rencontre Merkel-Sarkozy et de ses effets », a même déclaré Donald Tusk, le chef du gouvernement polonais, qui attendait – « et attend toujours » – « des décisions beaucoup plus fermes ».

Serait-il déçu par la règle d'or promise par le président de la République ? D'autres ont déjà manifesté leur scepticisme à ce propos, tel Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen. Fidèle à la mission que lui assigne son mandat, il exhorte néanmoins les responsables européens à serrer les rangs. En vain. Reste la proposition de l'Allemand Günther Oettinger, commissaire européen en charge de l'Énergie : selon lui, il conviendrait de mettre en berne, à l'abord des édifices communautaires, les drapeaux des États sortant des clous du Pacte de stabilité. Voilà qui devrait nous tirer d'affaire.

Critique du volontarisme

11 septembre 2011

Causeur a publié jeudi dernier, 8 septembre 2011, une contribution de Georges Kaplan que nous serions prêt à signer pratiquement sans réserve. Extrait.

« La question n'est pas de savoir si l'État peut ou ne peut pas légiférer, contrôler, inciter et contraindre ; ça n'a jamais été le problème. Le vrai problème, tel qu'il a toujours été, consiste à comprendre et à anticiper les conséquences des législations, des contrôles, des incitations et des contraintes. [...] Le discours politique, à de très rares exceptions près, ne restera jamais rien d'autre qu'une suite de mots mis bout à bout par un politicien qui cherche à nous vendre du rêve contre notre suffrage. Chaque politique volontariste est une nouvelle rustine destinée à colmater les fuites provoquées par les politiques volontaristes précédentes et qui provoquerons bientôt elle-même de nouvelles fuites que nous devrons à leur tout colmater avec de nouvelles politiques volontaristes. C'est le cycle sans fin d'autojustification de l'intervention publique qui déclenche des crises, les attribue au marché et recommence. N'en déplaise aux apôtres de la toute puissance de l'État, la réalité c'est le marché. Même en Union soviétique, le marché existait toujours et ses lois continuaient à s'imposer au planificateur. La raison en est très simple : c'est que le marché, voyez vous, c'est nous ; le marché c'est le produit de nos réflexions, de nos raisonnements et de nos actions. Tant que les êtres humains disposeront d'une volonté propre et seront disposés à coopérer pacifiquement entre eux, aucune politique, aussi volontariste et coordonnée soit-elle, ne pourra jamais réussir à s'affranchir de cette réalité. »