Le "genre" vu par ses promoteurs

19 novembre 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

Qu'est-ce que le genre ? Pourquoi cette notion fait-elle débat ?

Telles sont les questions auxquelles prétend répondre ce livre d'une centaine de pages. Dans l'esprit de ses auteurs, il s'agit de remettre quelques pendules à l'heure : « il est faux de laisser penser qu'il existerait une théorie du genre » – autrement dit, « un corpus idéologique homogène » –, explique Laure Berreni. Les "études de genre" n'en sont pas moins inspirées par la conviction qu'il existerait « un rapport de domination socialement construit des hommes sur les femmes ». Manifestement, ces recherches se prêtent aux hypothèses les plus hardies : « ce qui est particulièrement frappant », dans les manuels controversés de SVT (sciences de la vie et de la terre), remarque Laure Berreni, « c'est que la naturalité de la dichotomie mâle-femelle n'est pas ébranlée » ; quant à l'approche des masculinités de Connell, rapporte Mathieu Trachman, elle soulignerait « le caractère frictionnel d'une théorie qui partage l'humanité entre deux groupes de sexe différent ».

Évoquant son caractère historiquement militant, Laure Berreni soutient que «  la recherche "féministe" n'est [...] pas moins objective que la recherche mainstream », d'autant qu'« elle explicite ses présupposés politiques au lieu de les masquer ». « En dénaturalisant la différence des sexes », renchérit Éric Fassin, le "genre" serait « désormais un outil scientifique, en même temps qu'une arme politique, au service de la critique des normes ». Selon lui, « il s'agit bien de savoir si cet ordre est fondé, une fois pour toutes, par un principe transcendant ». « Tel est in fine l'enjeu », conclut-il : « l'extension de la logique démocratique au domaine sexuel ». Cette perspective est-elle censée nous rassurer ? Selon Maurras, rappelons-le, « la démocratie c'est le mal, la démocratie c'est la mort ».

Sous la direction de Laure Bereni et Mathieu Trachman, Le Genre – Théories et controverses, Presses universitaires de France, 112 pages, 8,50 euros.

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