Une lecture politique de Star Wars : apologie de la torture

5 décembre 2015

The Clone Wars, saison 2, épisode 8, Envahisseurs mentaux. « Ahsoka et Barriss doivent empêcher le fléau des vers cérébraux de Geonosis de s'étendre dans toute la galaxie. » Jack Bauer en guest star !

Tandis qu'un grave danger menace sa padawan, Anakin se dirige vers la cellule d'un prisonnier afin d'obtenir des informations susceptibles de la sauver. Découvrant que ses « pouvoirs spirituels » s'avèrent sans effet sur lui, il le frappe, le jetant à terre, puis l'étrangle à travers la Force. La morale – à moins qu'il s'agisse seulement de bienséance ? – se trouve manifestement transgressée, comme le souligne une musique grave, reprenant les accents de la Marche impériale.

De retour sur la passerelle du vaisseau, Anakin suscite l'incrédulité pleine d'ingénuité des maîtres Jedi qui avaient tenté, en vain, de faire parler le prisonnier. « Vous avez donc interrogé Poggle ? », s'étonne maître Unduli. « Comment as-tu réussi à le faire parler ? », lui demande encore Ki-Adi-Mundi. « Tout ce qui importe », leur rétorque-t-il, « c'est qu'il m'ait expliqué comment arrêter ces vers parasites. » Dont acte. Ahsoka s'en sort, grâce à lui donc, non sans avoir affronté avec courage bien des périls...

Barris, une autre padawan qui l'accompagne, se trouve comme possédée. Dans un accès de lucidité, elle la supplie même de la tuer. Ashoka s'y refuse. Était-ce une erreur, aurait-elle péché par faiblesse, troublée par l'amitié ? Une fois sauvée, elle fait part de ses doutes à son maître. Très protecteur, Anakin lui tient précisément le discours que le spectateur serait tenté de lui adresser à lui : « Il est de ton devoir de sauver le plus de vies possibles. [...] Tu as fait ce qu'il fallait. »

Bref, on se croirait dans 24 heures chrono ! Peut-être la torture corrompt-elle celui qui la pratique, mais c'est pour la bonne cause – et puis ça marche : tel est, en substance, le message délivré par cet épisode, dont les scénaristes sont visiblement passés du côté obscur de la Force.

NB – Dans un épisode précédent (peut-être y reviendrons-nous à l'occasion), Yoda exprimait toute l'empathie que lui inspiraient chacun des soldats aux côtés desquels il combattait. Mais ici, tandis qu'Ahsoka se refuse à tuer Barris, celle-ci n'a pas les mêmes scrupules à l'égard du clone qu'elle transperce d'un coup de sabre-laser. Alors, « les nôtres avant les autres » ?

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