Une lecture politique de Star Wars : un univers en expansion

17 décembre 2015
Article publié dans L'Action Française 2000

Au-delà des films, séries et romans développent l'univers de Star Wars. On y parle notamment de pacifisme et de démocratie.

La galaxie lointaine dépeinte dans La Guerre des étoiles s'étend bien au-delà des films découverts au cinéma. Notamment dans des séries d'animation. Rebels, dont la deuxième saison est en cours de diffusion, est servi par un ton drôle et léger, mais cède, sans surprise, à la facilité du manichéisme : à l'opposé des rebelles, altruistes, on y voit des fonctionnaires à la botte de l'Empire renverser l'étal d'un maraîcher, exproprier un malheureux fermier et même assoiffer la population de Lothal – tout cela sans raison.

Il faut choisir son camp

Moins plaisante à suivre, la série The Clone Wars s'avère plus politique. Le pacifisme y fait l'objet de débats récurrents. Ici, il est tourné en dérision : alors que les Séparatistes s'apprêtent à perpétrer un génocide, le chef du village menacé, un vieillard borné, refuse, par principe, de prendre les armes ; c'est donc contre sa volonté que les Jedi doivent protéger la population (saison 1, épisode 14, Les Défenseurs de la paix). Ailleurs, le pacifisme apparaît comme une noble utopie, à certains égards bénéfique : il expliquerait la prospérité de Mandalore, une planète ayant renié ses vieux démons militaristes sous l'impulsion de la duchesse Satine (saison 2, épisode 12, Le Complot de Mandalore). Prenant la tête des systèmes neutres, celle-ci se retrouve malgré tout mêlée à la guerre : sollicitant le soutien des Séparatistes (une puissance étrangère donc), des opposants tentent de la renverser ; elle ne doit son salut qu'à l'intervention d'Obi-Wan Kenobi. Un émissaire du Conseil Jedi, derrière lequel on croit reconnaître les traits d'une Amérique messianique : nul système ne saurait demeurer libre sans sa protection bienveillante – tel est le message délivré.

Conviendrait-il, cependant, de répandre la démocratie aux confins de la galaxie ? L'inénarrable Threepio s'y essaie avec un succès mitigé (saison 4, épisode 6, Les Droïdes nomades). Errant d'une planète à l'autre, il fait la rencontre de curieuses créatures. Par maladresse, il provoque la mort de leur chef. Aussi lui demandent-elles de prendre sa succession. Flatté, mais néanmoins impatient de retrouver les palais dorés de la République (c'est un droïde de protocole !), il décline leur offre, les invitant à désigner leur nouveau chef à la faveur d'une élection. Cela tourne au pugilat... Constatant la pagaille qu'il a semée, Threepio se montre d'autant plus impatient de prendre la fuite...

Despotisme éclairé

Dans certains romans, narrant les événements censées se dérouler dans les années puis les décennies suivant la bataille d'Endor (où l'empereur trouva la mort), tout particulièrement dans ceux du Nouvel Ordre Jedi, la Nouvelle République semble fatalement corrompue, gangrénée par la démagogie, minée par les intrigues ourdies notamment par Borsk Fey'lya, un politicien de la pire espèce... Par comparaison, le "despotisme éclairé" né des Vestiges de l'Empire, incarné par l'amiral Pellaeon, apparaît sous un jour bien favorable ! Mais cette histoire-là a été balayée du "canon" officiel de Star Wars tandis qu'était mise en chantier la nouvelle trilogie. Qu'en restera-t-il dans Le Réveil de la Force et les épisodes qui vont suivre ? Peut-être l'idéalisme des rebelles sera-t-il mis l'épreuve... Puisse la Force se montrer bonne inspiratrice auprès des scénaristes !

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