Pudeur laïque

4 février 2010
Article publié dans L'Action Française 2000

Le président de la République s'est rendu le 26 janvier au cimetière militaire Notre-Dame de Lorette (Ablain-Saint-Nazaire, Pas-de-Calais), dont les tombes musulmanes ont été profanées à trois reprises depuis 2007.

Ouvrant son discours, le chef de l'État a rendu hommage à Harouna Diop, maréchal des logis chef au 517e régiment du train de Châteauroux, tombé au champ d'honneur le 13 janvier dernier, à l'âge de quarante ans, alors qu'il était père de six enfants. « Il était musulman comme les 550 soldats français qui reposent à Notre-Dame de Lorette avec leurs 40 000 frères d'armes », a rappelé Nicolas Sarkozy. « Ils ont été tués, pour la plupart, au cours de la bataille d'Artois en 1915. Ils se sont battus pour défendre leur patrie, notre patrie. [...] Tous sous le même drapeau, ceux qui croyaient au ciel comme ceux qui n'y croyaient pas. Ensemble. [...] Ils ont donné leur vie, leur courage, leur exemple à notre pays. Aujourd'hui, je suis venu leur porter la reconnaissance de la France tout entière. »

Le président de la République s'est écarté quelque peu du "droit-de-l'hommisme". « Être Français, a-t-il souligné, c'est appartenir à une nation qui s'est construite, au fil de l'Histoire. [...] La France n'est pas une page blanche. » En conséquence, « être Français, qu'on le soit de naissance ou qu'on le devienne, c'est avoir la France en héritage, non pas comme un patrimoine figé qui devrait être jalousement gardé dans un musée, mais comme un héritage qui n'aurait d'autre testament que de nous en montrer dignes et de le faire fructifier pour les générations futures. Être Français, cela ne confère pas seulement des droits, cela confère également des devoirs. Et parmi ces devoirs, le premier d'entre eux est d'aimer la France. En honorant ceux qui ont donné leur vie pour elle. En respectant ses lois et ses valeurs. En étant prêt à se mettre à son service si les circonstances l'exigent. »

Un principe d'apaisement

Observant que « l'islam est aujourd'hui la religion de nombreux Français », le président a affirmé que « notre pays, pour avoir connu non seulement les guerres de religions, mais aussi les luttes fratricides d'un anticléricalisme d'État, ne peut pas laisser stigmatiser les citoyens français musulmans ». Et de prôner une saine laïcité, qui « n'est pas la négation ou le rejet du fait religieux » mais « un principe d'apaisement dont dépendent la concorde et la paix civiles ». Cependant, pour Nicolas Sarkozy, c'est aussi « la reconnaissance par l'État de l'égale dignité des religions, dès lors qu'elles se conforment à nos lois, qu'elles se conforment à nos principes, qu'elles se conforment à nos valeurs, au premier rang desquelles la dignité irréductible de la personne et l'égalité absolue entre les hommes et les femmes ». Or, nos "valeurs" ne sont-elles pas le fruit d'une histoire nationale façonnée par le christianisme ?

Feignant de l'ignorer, le chef de l'État s'est réfugié dans l'ineptie : « Plus que tout, être Français, c'est faire preuve d'un attachement profond, d'un attachement permanent aux valeurs et aux principes de notre République. » À quoi bon cultiver la pudeur laïque ? De toute façon, « il est impossible de s'intégrer s'il n'y a rien à intégrer », remarquait François Fillon le 4 décembre dernier. Le Premier ministre, lui, ne craint pas de le dire : si « la France est laïque », elle « est tout naturellement traversée par un vieil héritage chrétien qui ne saurait être ignoré par les autres religions installées plus récemment sur notre sol ». Encore un effort, Monsieur le président !

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