L'IGAS veut mettre les pères au foyer

16 juin 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Un rapport officiel promeut l'égalité dans les ménages, avec, pour mesure phare, l'incitation des pères à profiter d'un "congé d'accueil de l'enfant".

En janvier dernier, Mme Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, avait confié à l'Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) une mission « sur l'égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités familiales dans le monde du travail ». Celle-ci vient de lui remettre son rapport, établi par Brigitte Grésy, qui avait signé, il y a deux ans, un « manuel de résistance » contre le « sexisme ordinaire », selon les termes de son éditeur. Cela plante le décor.

Mme Grésy observe que les hommes et les femmes « font l'objet, depuis l'enfance, d'assignations différentes en matière de rôles parentaux ». Lesquelles susciteraient, pour chaque sexe, « enfermement et résistances ». Et de citer les appellations "heure des mamans", "école maternelle", "assistantes maternelles", accusées d'assigner les femmes à la petite enfance. Or, prévient le rapporteur, « l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, et, dans son sillage, l'égalité sociale, ne peut être atteinte tant qu'il y aura inégal partage des responsabilités domestiques et familiales ». Dans ces conditions, « un effort sans précédent » devrait être porté « sur tous les lieux de production et reproduction des stéréotypes sexués, que ce soit les lieux d'accueil collectifs de la petite enfance, l'école ou encore les médias ».

Mme Grésy se fait l'apôtre d'une double émancipation : « émancipation de la sphère privée pour les femmes », mais aussi « émancipation de la sphère publique pour les hommes ». En conséquence, elle formule vingt-cinq propositions, à commencer par la création d'un « congé d'accueil de l'enfant ». S'ajoutant au congé de maternité de douze semaines, il comprendrait huit semaines « à partager également entre les deux parents, non transférables, devant être pris à la suite du congé de maternité, avec un bonus d'une semaine, en cas de prise intégrale de son congé par le père, à prendre indifféremment entre les deux parents jusqu'au un an de l'enfant ». « Pour mieux associer les pères au déroulement de la grossesse de leur conjointe », il est proposé également « de leur ouvrir le droit de l'accompagner, lors des examens médicaux obligatoires ».

« Jouer sur les congés pour les pères est un élément central, en effet, de ce changement de paradigme » appelé par Mme Grésy. « Des études montrent ainsi que la prise de congés par les pères, à la naissance, dans les pays du Nord de l'Europe, a un impact fort, par la suite, sur la redéfinition et la redistribution des tâches domestiques et parentales. » Ce faisant, s'agit-il de répondre aux aspirations des femmes ? Bien qu'elle fustige « une injustice ménagère », Mme Grésy constate que celle-ci n'est pas « ressentie comme telle ». D'ailleurs, souligne-t-elle, le partage des tâches « souhaité dans le dire des femmes [...] est pourtant fragilisé par la toute-puissance de la compétence maternelle ». Et d'évoquer « la bataille autour de l'allaitement maternel et l'assignation, parfois abusive, faite aux jeunes mères de s'y conformer » qui « renforce ce lien d'exclusivité ». S'agit-il alors de répondre aux besoins des enfants ? Pas vraiment. « Les analyses sont, ici, délicates, non seulement parce qu'elles relèvent de champs variés des sciences humaines mais aussi parce que la valorisation du rôle du père auprès des enfants, aux côtés de la mère, risque de porter en elle une vision normative et ne saurait délégitimer d'autres formes d'éducation parentale. » Manifestement, ce rapport promeut l'instrumentalisation des mesures sociales en vue de remodeler les mœurs familiales suivant les canons d'une idéologie égalitariste. Le rapporteur pose « la question d'une immixtion peut-être trop importante de l'entreprise dans la vie privée des individus ». Sans doute devrait-il s'interroger sur celle des pouvoirs publics.

S'ils suivaient ses recommandations, ceux-ci parviendraient-ils au résultat escompté ? L'IGAS nous fournit quelques indices qui permettent d'en douter. La répartition du travail ménager serait caractérisée par « une remarquable stabilité en termes d'investissement temporel ». En outre, « dans les couples où les pères sont au foyer, les femmes qui occupent le rôle de pourvoyeuse de revenu n'abandonnent pas la responsabilité et la charge mentale relatives à la vie domestique et continuent en réalité de gérer une multiplicité de contraintes familiales et professionnelles [...] et les clivages traditionnels persistent ». Comme l'observe Mme Grésy, « l'entrée de la petite enfance dans la culture de la paternité est très récente à l'échelle de l'histoire et fait partie des bouleversements qui modifient les représentations les plus profondes ». Raison pour laquelle on préférera s'en remettre, plutôt qu'au volontarisme idéologique, à la sagesse de l'empirisme organisateur.

Un commentaire pour "L'IGAS veut mettre les pères au foyer"

  1. Alain Salvary

    Le 2 mai 2012 à 14 h 18 min

    Bonjour,

    Le métier de Mère ou Père au foyer je l'ai pratiqué de nombreuses années, ce fut pour moi une tranche de vie d'une richesse inoubliable et insoupçonnable.

    Oui le métier de mère ou père au foyer contribue au même titre que tout autre métier au développement économique et social de notre société

    J'ai écrit un livre qui vient de paraitre sur ce sujet entre autre.

    bien à vous lectrice ou lecteur

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