Regard historique sur la bataille de Dunkerque

21 septembre 2017
Article publié dans L'Action Française 2000

Alors que s'achevait l'opération Dynamo, Charles Maurras célébrait à la une de L'Action Française l'amitié franco-britannique. Et puis…

Au lendemain de l'évacuation de Dunkerque, la solidarité franco-britannique s'affichait toujours à la une des journaux. Y compris dans les colonnes de L'Action Française. Comme le rapportait Thierry Maulnier, dans l'édition du 5 juin 1940, « les deux opérations de la retraite et de l'embarquement paraissaient l'une et l'autre impossibles » ; or « elles ont été l'une et l'autre réussies », pouvait-il se féliciter. Certes, poursuivait-il, « une partie de l'héroïque arrière-garde […] a succombé sous le nombre », tandis qu'« un certain nombre d'unités navales légères, françaises et anglaises, se sont vaillamment sacrifiées pour assurer le salut de l'armée », « mais le résultat constitue un exploit inoubliable ». « Quand les commandements anglais et français ont décidé l'évacuation des troupes retraitant de Belgique […], on n'espérait pas rapatrier la moitié des hommes que nous avons pu sauver », rappelait, dans le même numéro, M. Picot de Plédran. Et d'ajouter : « La résistance de Dunkerque demeurera l'une des pages les plus éclatantes de notre armée et de notre Marine. »

Un nœud spirituel

Charles Maurras n'était pas en reste. « Il était sans précédent qu'une opération aussi compliquée eût été menée à bien par un seul État », écrivait-il à la une du quotidien royaliste ; « or, deux États s'en sont tirés », poursuivait-il ; « c'est le comble de la coopération unitaire dans la dualité la plus complète ». Ce faisant, expliquait-il, « le nœud spirituel de la coalition […] vient d'affirmer sa force ». Aussi formulait-il le vœu suivant : « que cela tienne, que cela dure et se développe ». Nul ne semblait imaginer qu'un armistice serait sollicité quelques jours plus tard…

Maurras gaulliste !

Envisageant toutefois le pire des scénarios, Winston Churchill avait annoncé que si son pays était envahi, il poursuivrait la lutte, réfugié dans quelque partie de l'empire britannique. « Nous avons, nous aussi, de belles portes de sortie du côté de l'Algérie et de toute l'Afrique du Nord », réagissait Charles Maurras, dont les propos auraient pu inspirer l'appel du 18 juin ! Cela étant, demandait-il, « comment peut-on penser que l'on en puisse venir là » ? Et de marteler : « Tout le monde est résolu à se défendre. Personne ne se rendra. Personne n'acceptera aucune paix des Boches. »

On connaît la suite. Un mois plus tard, le ton avait radicalement changé. Il n'était plus question de galvaniser les troupes. De plus, l'attaque des navires mouillant dans le port de Mers el-Kébir, le 3 juillet 1940, avait nourri le ressentiment à l'égard de l'allié d'hier. Dans le numéro du 19 juillet, Charles Maurras soulignait « la misérable faiblesse du concours donné par l'Anglais à notre défense ». Il dénonçait, en outre, « la retraite soudaine des corps britanniques et la honteuse opposition faite dans les eaux de Dunkerque par la Marine anglaise à l'embarquement des nôtres sur ses vaisseaux qu'elle se réservait très strictement ». Et de constater : « Tristement et par force, nous sommes réduits au rôle de spectateurs. » « La faute n'en est pas à nous », poursuivait-il ; « elle est l'œuvre de l'Angleterre ». Dont acte.

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