Christine Boutin et Alain Escada prendront-ils leur carte à l'AKP ?

7 octobre 2014

Réaction amusée à la lecture d'un article du Courrier international.

Un million d'enfants seraient nés à la faveur des rencontres suscitées par le programme Erasmus, en application duquel des universités européennes échangent des étudiants depuis 1987. Quoique ces chiffres soient sujets à caution, leur communication apportait quelque fraîcheur à la morne machine administrative européenne.

Cela nous a fait sourire, donc, mais tout le monde de l'a pas entendu de cette oreille. Ainsi Yeni Safak a-t-il dénoncé « un projet suscitant la dégénérescence et visant à créer une masse d'idiots idolâtrant le sexe ». Erasmus, déplore-t-il, « c'est un programme visant à fabriquer une génération de païens mondialisés sans racines ».

M. Safak serait-il membre du Parti chrétien démocrate, de Civitas ou d'une autre officine réactionnaire ? Oui et non : c'est un journaliste turc, réputé proche de l'AKP, selon le Courrier international

Finalement, peut-être Alain Escada et Farida Belghoul ne se sont-ils pas acoquinés sans raison ! 😉 

Les réactionnaires, promoteurs de l'adultère !

10 septembre 2014

Réaction teintée d'ironie à la découverte du nouveau cheval de bataille des activistes néo-cathos.

Gleeden, vous connaissiez ? Bien qu'elles nous aient échappé, ses publicités pleuvent sur Paris, nous dit Le Figaro. Au point que quelques individus, manifestement désœuvrés, auraient entrepris de les arracher méthodiquement. Lassés de lutter contre le "mariage pour tous", ils s'alarment d'une nouvelle menace pesant sur la société – à savoir, les rencontres adultères auxquelles convie, précisément, l'annonceur incriminé.

L'affaire nous avait semblé insignifiante, jusqu'à ce qu'elle revienne à nos oreilles via les ondes de Radio Courtoisie, dont les "réinformateurs" ont jugé opportun de l'évoquer dans leur journal diffusé aujourd'hui, mercredi 10 septembre 2014.

On savait la frustration susceptible de convertir bien des militants à la défense orgueilleuse d'un certain ordre moral. Force est de constater, par ailleurs, leur complicité à propager les vices qu'ils s'honorent de châtier. Sans eux, en effet, jamais une telle attention n'aurait été portée à l'objet du scandale...

Combien de couples les "Veilleurs" auront-ils ainsi brisés ? Combien de divorces provoqués, d'enfants traumatisées, de vies à jamais ruinées par leur faute ? Puissent des âmes charitables prier pour que miséricorde leur soit accordée en dépit d'un pareil forfait !

Bioéthique : débat embryonnaire à l'Assemblée

4 avril 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

L'obstruction parlementaire offre un sursis aux embryons humains : dans l'immédiat, ceux-ci continueront de ne pouvoir faire l'objet de recherches qu'à titre dérogatoire – au moins en apparence.

En février 2012, alors qu'il était en campagne, François Hollande avait annoncé que, s'il était élu président de la République, la loi encadrant les recherches sur l'embryon serait à nouveau révisée. Ce faisant, avait-il déclaré, « nous rattraperons notre retard sur d'autres pays et nous favoriserons le retour des post-doctorants partis à l'étranger » - notamment aux États-Unis, où la loi n'impose aucune restriction en la matière. Sa promesse semblait en passe d'être tenue : à cet effet, une proposition de loi devait être votée par l'Assemblée nationale mardi dernier, 2 avril. C'était compter sans la résistance de quelques députés UMP, qui ont noyé le texte sous une pluie d'amendements, empêchant son examen dans les délais impartis.

Ambiguïtés légales

Dans l'immédiat, la législation conservera donc ses ambiguïtés : si elle autorise la recherche sur l'embryon, c'est, formellement, à titre dérogatoire, quoique de façon pérenne – comme s'il fallait maintenir un interdit symbolique tout en s'en affranchissant dans les faits. Autant en finir avec l'hypocrisie ! C'était l'objet de la proposition de loi en débat, dont l'adoption aurait néanmoins constitué « un bouleversement éthique et juridique », selon Théophane Le Méné. De son point de vue, elle aurait entériné « la réification de la personne humaine, la suprématie de la technique sur l'homme et son asservissement à la logique utilitariste des laboratoires ». En effet, a-t-il expliqué sur Causeur, « le principe allait devenir l'exception et l'exception le principe ».

Aujourd'hui, trente-six équipes de recherche travailleraient, en France, sur des cellules embryonnaires. Elles y ont été autorisées par l'Agence de la biomédecine, avec la bénédiction des ministres chargés de la Santé et de la Recherche, mais aussi le consentement des individus à l'origine des "embryons surnuméraires" conçus in vitro dans le cadre d'une procréation médicalement assistées, les seuls pouvant faire l'objet de recherches au regard du droit. Avant d'agréer un protocole, les autorités sont censées s'assurer que soient réunies les conditions suivantes, résumées par Mme Dominique Orliac, député PRG du Lot, rapporteur du texte soumis à l'Assemblée : « la pertinence scientifique du projet de recherche est établie ; la recherche est susceptible de permettre des progrès médicaux majeurs ; il est expressément établi qu'il est impossible de parvenir au résultat escompté par le biais d'une recherche ne recourant pas à des embryons humains, des cellules souches embryonnaires ou des lignées de cellules souches ».

La hantise des recours

Autant d'éléments dont l'appréciation est sujette à discussion. « S'il est vrai que les chiffres de l'Agence de biomédecine révèlent un véritable dynamisme de la recherche française en la matière, la rédaction actuelle de la loi est source de contentieux qui retardent le lancement de certains projets scientifiques », déplore Mme Orliac. De fait, explique-t-elle, « la Cour administrative d'appel de Paris a déduit de l'existence de l'interdiction de principe de la recherche qu'il appartenait à l'Agence de la biomédecine de faire la preuve que des recherches employant des moyens alternatifs ne pouvaient parvenir au résultat escompté. Elle a en conséquence annulé l'autorisation accordée trois ans auparavant à une recherche. » Apparemment, la loi proposée répondrait surtout à la Fondation Jérôme Lejeune, dont les recours feraient peser sur les chercheurs « une véritable insécurité juridique ». Onze affaires seraient en cours d'instruction, s'inquiète Dominique Orliac, au motif que l'Agence de biomédecine « n'avait pas prouvé l'impossibilité de mener ces recherches par d'autres méthodes ». Or, prévient-elle, « en matière de recherche fondamentale, une telle preuve ne peut pas être apportée ». Cependant, poursuit-elle, « les recherches sur les cellules souches adultes et les cellules reprogrammées n'ont pas vocation à se substituer, en l'état des connaissances scientifiques, à la recherche sur les cellules souches embryonnaires, mais en sont le complément nécessaire ».

Alternative prometteuse

Voilà précisément ce que conteste, par exemple, Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France. Étant donné les perspectives offertes par les ressources du sang placentaire ou la reprogrammation cellulaire, l'engagement en faveur de la recherche sur l'embryon serait « un combat d'arrière-garde » selon lui,  Ce combat n'est mené « que pour contester la valeur intrinsèque de l'embryon », a-t-il déclaré dans un entretien à Radio Notre-Dame retranscrit par France catholique. Évidemment, les chercheurs s'en défendent : « il n'y a aucune "appétence" particulière des scientifiques pour la recherche sur les cellules souches embryonnaires et si, à l'avenir, d'autres méthodes s'avèrent être plus efficaces, elles évinceront naturellement cette dernière », soutient Mme Orliac.

Les projets les plus prometteurs, à brève échéance, viseraient à traiter la maladie de Steinert, qui se traduit par des anomalies musculaires et neuronales, ou la dégénérescence maculaire, affectant plus particulièrement la vue des personnes âgées. Les patients concernés peuvent-ils, dès lors, espérer une guérison prochaine ? Mgr Vingt-Trois entend dissiper de faux espoirs : « c'est une tromperie à l'égard des gens que de leur faire croire que grâce à cela ils vont avoir des traitements pour Alzheimer, Parkinson, etc. », a-t-il prévenu. « Cela n'aboutira pas. » Un jugement sans appel.

« La France est dans la merde »

27 octobre 2011

Au micro de RFR, rebond sur la polémique déclenchée par le spectacle de Romeo Castellucci.

La France est dans la merde ! Pire : elle s'y complait. C'est en tout cas le message que pourraient porter les militants d'Action française, après leur coup d'éclat de jeudi dernier. Le 20 octobre, donc, il se sont retrouvés aux prises avec les forces de l'ordre, peu disposées à tolérer leur présence place du Châtelet, dans le 1er arrondissement de Paris, à l'entrée du théâtre de la Ville.

On joue là-bas Sur le concept du visage du fils de Dieu, un pièce qui plonge le spectateur littéralement dans la merde, sous le regard du Christ dont un portrait domine la scène. C'est une représentation coprodruite par le théâtre de la Ville, dont le financement repose, dans une large mesure, sur des deniers publics. En l'occurrence, une subvention de la ville de Paris, dont le montant se serait élevé en 2007 à 10,7 millions d'euros. Naturellement, en pleine crise de la dette souveraine, on peut s'interroger sur la pertinence d'un tel investissement.

Quitte à chahuter le spectacle pour des motifs  politiques, poser ce genre de question, ce serait peut-être plus intelligible que de crier au « blasphème » censé insulter la nation tout entière. Quant à la "christinophobie", dont je ne parlerai pas sans guillemets, on en mesure la prégnance à la lecture du constat selon lequel il serait désormais « risqué d'être chrétien et de le proclamer », et cela « que ce soit au Caire ou à Paris ». Les coptes apprécieront, sans nul doute, cet élan de solidarité.

C'est l'art contemporain qui est en cause. Avec sa fascination pour les selles et autres déjections, sa soif de cocktails détonants ! Ce qui n'exclut pas, dans le cas présent, un message « spirituel et christique », selon l'auteur de la pièce. Bien au contraire ! « Ce spectacle est une réflexion sur la déchéance de la beauté, sur le mystère de la fin », explique Romeo Castellucci. « Les excréments dont le vieux père incontinent se souille ne sont que la métaphore du martyre humain comme condition ultime et réelle. Le visage du Christ illumine tout ceci par la puissance de son regard et interroge chaque spectateur en profondeur. »  

Cela me laisse pour le moins perplexe, mais je suis tout disposé à croire en la sincérité des propos. De la même façon, en photographiant un crucifix baigné dans l'urine, Andres Serrano a prétendu rappeler « par quelle horreur le Christ est passé ». Qu'importe les intentions, me direz-vous. Effectivement : « Aucune origine n'est belle. La beauté véritable est au terme des choses. »

Sauf que les adeptes de la "christianophobie" s'érigent non seulement en victimes, mais aussi en cibles, puisqu'ils prétendent faire l'objet d'une "phobie" particulière. L'analogie avec l'"homophobie" n'est pas gratuite, loin s'en faut : dans un cas comme dans l'autre, le terme est le produit d'une certaine propagande, et sa consécration ouvre la voie à de multiples condamnations. Les activistes catholiques sont manifestement inspirés par la Halde, c'est un comble !

Cela prêterait à sourire, s'il ne fallait craindre un réveil du laïcisme. Déstabilisée par l'islam, la République se montrait déjà mal inspirée... Donner des gages aux bouffeurs de curés arrangera-t-il quoi que ce soit à l'affaire ?

Rendez-vous sur le site de RFR pour découvrir les autres interventions :

http://www.radio-royaliste.fr/

Haro sur la christianophobie !

25 octobre 2011

Tandis qu'elle mobilise à nouveau la réacosphère, la "christianphobie" nous inspire toujours certaines réserves.

Enorgueillis par leur coup d'éclat, nos camarades du CRAF, certes fort courageux, se sont montrés injustes à l'égard de nos confrères, qu'ils accusent bien légèrement de verser dans la « désinformation », à l'exemple du Figaro coupable, selon eux, de les avoir assimilés à des « fondamentalistes chrétiens ».

À quoi s'attendaient-ils ? En s'insurgeant contre un « blasphème », ils s'aventuraient bel et bien sur un terrain religieux. Quant au rapprochement avec l'islamisme, potentiellement connoté par l'expression, il découle d'abord des faits : c'est tout naturellement qu'on songe au scandale déclenché par les caricatures de Mahomet...

Les chantres de la censure n'en ont pas moins l'audace de s'ériger en défenseurs de la liberté d'expression. À force de traquer la "chritianophobie", ils s'en sont même convaincus : « Que ce soit au Caire ou à Paris, il est désormais risqué d'être chrétien et de le proclamer. » Voilà qui renforce notre méfiance à l'égard d'un épouvantail apparaissant, à bien des égards, comme le « paravent d'un intégrisme paranoïaque ».

PS - La pièce controversée « a été allégée du moment où l’on voyait des enfants jeter des grenades en plastique sur la reproduction géante du Salvator Mundi », rapporte La Croix.

La « cathophobie », paravent d'un intégrisme paranoïaque

5 avril 2010

Nouveau crime contre Dieu ! L'Éducation nationale veut encourager le travail des écoliers le mercredi matin. Une initiative d'inspiration éminemment démoniaque...

Selon une circulaire publiée le 18 mars dans le Bulletin Officiel de l'Éducation nationale, en prévision de la rentrée 2010, « les recteurs et les inspecteurs d'académie seront attentifs à la gestion des rythmes scolaires, en relation avec les collectivités locales, les parents d'élèves et les enseignants. En visant avant tout l'intérêt de l'enfant, ils étudieront les formules les plus adaptées aux besoins de l'élève. L'organisation de la semaine en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi matin) est encouragée chaque fois qu'elle rencontre l'adhésion. »

Sandale dans la réacosphère ! Liberté politique a dénoncé une « menace sur la liberté d'enseignement du catéchisme » – rien de moins ! –, accusant le ministre Luc Chatel de participer « sans états d'âme au détricotage insidieux du christianisme en France ». Sa responsabilité dans la désertion des églises est certes incontestable : n'a-t-elle pas commencé en juin 2009 avec sa nomination rue de Grenelle ? On devine la main du démon derrière les manigances du gouvernement. Sans doute Satan en a-t-il lui-même dicté la composition au président Sarkozy – ce dont atteste le soutien de Frédéric Mitterrand au festival Hellfest. Échaudés par les attaques lancées contre le pape, certains catholiques ont manifestement perdu la tête !

« Les enfants n'ont pas classe le mercredi, non pas d'abord pour qu'ils se reposent mais parce qu'une loi de mars 1882 prévoit que les écoles ferment pendant une journée pour que les enfants puissent aller au catéchisme », affirme encore Liberté politique. Le ministre appellerait-il ses subordonnés à bafouer la loi ? En dépit de moult révisions, le code de l'Éducation stipule toujours que « les écoles élémentaires publiques vaquent un jour par semaine en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s'ils le désirent, à leurs enfants l'instruction religieuse, en dehors des édifices scolaires ». À vrai dire, nous n'imaginions pas que la République se montrait si magnanime à l'égard des curés. Magnanimité nullement remise en cause, puisque, depuis le XIXe siècle, c'est « un jour par semaine, en outre du dimanche » – et non le mercredi nécessairement – qui leur est réservé.

Les protestations conservatrices apparaissent d'autant plus grotesques à la lumière de ce rappel historique. Reste que l'extrême droite, fût-elle catholique, se complait volontiers dans une posture de victime. Le Salon Beige l'a souligné vendredi dernier, Michel Janva citant saint François de Sales : « Quoi que nous fassions, le monde nous fera toujours la guerre. » En peignant leur propre caricature, ces "laïcs engagés" ne servent guère la cause de l'Église. Ce serait son affaire si cela n'avait pas une incidence politique.

Paravent d'un intégrisme religieux paranoïaque, la dénonciation irraisonnée de la « cathophobie » légitime le laïcisme et les appels incessants en faveur du « métissage » – dont le culte contribue, nous semble-t-il, à l'éclatement de la société. Agnès Rousseaux n'avait pas tort de fustiger dans Témoignage Chrétien « certains catholiques [qui] semblent vouloir réduire l'identité nationale à la France chrétienne ». Mais dans la foulée, notre consœur a pris ses distances avec Mgr Aillet, pour qui « ceux que nous accueillons doivent être dans le grand respect de ce qui fait notre identité nationale, c'est-à-dire dans le grand respect de nos racines culturelles chrétiennes ».

Nostalgiques d'un passé révolu, des intégristes entretiennent délibérément la confusion entre des racines incontestablement chrétiennes et les fruits qu'elles ont produits, où la prégnance religieuse est devenue très diffuse. Ce faisant, ils encouragent nos contemporains à fouler au pied notre héritage national... Chapeau les cathos !

Qui veut la peau du Père Noël ?

27 décembre 2009

L'AFE s'attaque au Père Noël ; nous prenons sa défense ! Sans craindre la polémique, mais en rappelant à nos petits camarades qu'elle peut stimuler les intelligences en marge de toute inimitié. 😉

À l'approche de Noël, tandis que la joie gagne spontanément bien des cœurs, quelques grincheux se manifestent parmi les inconditionnels de la messe de minuit. Chantres d'une austérité que récuseraient vraisemblablement des catholiques plus conséquents, ils observent avec dédain la ferveur envahissant des foyers illuminés avec faste par les « infidèles » (sic) : le Christ, lui, s'était contenté d'une étable, nous rappellent-ils avec véhémence.

L'AFE leur a ouvert son blog, versant dans un obscurantisme déplacé. « Athéisée », la fête de Noël se trouverait réduite de ce fait à une « mascarade d'une vulgarité abjecte » selon F. Magellan. Elle serait d'autant moins porteuse de sens que l'humanité s'imaginerait « née d'un enchainement de coups de bol chimiques ». Noël, propriété créationniste ? Fichtre !

Ces outrances jettent le discrédit sur une critique du consumérisme par ailleurs compréhensible, à laquelle nous aurions pu souscrire en partie si elle avait été explicitée : qu'on juge la valeur d'un cadeau à son prix nous désole ! Cela dit, c'est moins le dévoiement de la fête que sa sécularisation qui incommode notre gardien du temple. La tradition façonnée par l'Église se perpétue dans une société déchristianisée ; avec vigueur même ! C'est en ce sens qu'elle constituerait « le comble du délire ».

En toute logique, les nostalgiques devraient se féliciter d'une telle survivance : la France demeure ancrée dans son passé chrétien, et si l'on s'affaire dans les magasins pendant l'avent, c'est tout de même pour choyer ses proches ; c'est autre chose que la frénésie des soldes ! Qu'importe aux yeux des nouveaux croisés, jaloux de leur monopole, oublieux peut-être des enseignements de leur propre religion : ils ne sauraient tolérer que le profane cohabite avec le sacré.

Aussi dressent-ils le Père Noël contre Leur-Seigneur-Jésus-Christ-agneau-de-Dieu, affublant le vieillard ingénu de défauts insoupçonnés : il serait l'« allégorie sublime de la goinfrerie consumériste, de la pseudo-égalité destructrice [et] de l'iniquité démocratique libérale ». Sans doute était-il trop convenu d'y voir un symbole de l'amour filial... Son innocence l'a rendu consensuel. Une tare inexcusable : ignorant ses aïeux chrétiens, ses détracteurs le dénigrent avant tout par snobisme.

Cette posture infantile nous aurait arraché un sourire si elle n'avait pas été teintée d'un si virulent sectarisme. Lequel met en cause nos valeurs, mais aussi la "concorde sociale"... Politique d'abord, merde !

Vénus au lycée

4 octobre 2009

L'inscription de L'Art d'aimer d'Ovide au programme de latin de terminale suscite une levée de boucliers dans certains milieux réactionnaires. Des protestations déplacées.

Une polémique nous oppose à l'un de nos collaborateurs depuis qu'il a voulu faire écho à un communiqué de l'abbé Régis de Cacqueray dénonçant l'inscription de L'Art d'aimer au programme de latin de terminale. C'est « une œuvre érotique du poète Ovide », fulmine le supérieur du District de France de la Fraternité Saint-Pie X. Lui emboîtant le pas, notre camarade s'est attaqué à « l'école de la débauche », où les élèves seraient « formés à la mentalité hédoniste et abortive » en étudiant « obligatoirement et exclusivement L'Art d'aimer ».

Désinformation

Or, Ovide sera loin d'accaparer toute l'attention des latinistes de terminale. Illustration d'un totalitarisme sans borne, l'Éducaton nationale « laisse au professeur la liberté d'organiser précisément son projet pédagogique » : outre l'œuvre au programme, seules des thématiques lui sont imposées ; l'enseignant choisit ses textes, y compris, pour cette année et la suivante, les extraits de L'Art d'aimer faisant l'objet « de traductions et analyses précises ».

Ceux-ci devant être retenus « pour leur importance ou leur représentativité », les passages distillant quelques conseils à suivre sous la couette risquent fort de passer à la trappe. En effet, nous n'en n'avons relevé que deux. Arrêtons-nous sur le premier, écrit à l'intention des hommes, qui mérite d'être cité in extenso tant il est sulfureux : « Crois-moi, il ne faut pas hâter le terme de la volupté, mais y arriver insensiblement après des retards qui la diffèrent. Quand tu auras trouvé l'endroit que la femme aime à sentir caressé, la pudeur ne doit pas t'empêcher de le caresser. Tu verras les yeux de ton amie brûler d'un éclat tremblant, comme il arrive souvent aux rayons du soleil répétés par une eau transparente. Puis viendront des plaintes, viendra un tendre murmure et de doux gémissements et les paroles qui conviennent à l'amour. Mais ne va pas, déployant plus de voiles (que ton amie), la laisser en arrière, ou lui permettre de te devancer dans ta marche. Le but, atteignez-le en même temps ; c'est le comble de la volupté lorsque, vaincus tous deux, femme et homme demeurent étendus sans force. Voilà la conduite à suivre lorsque le loisir te laisse toute liberté, et que la crainte ne te contraint pas à hâter le larcin de l'amour. Lorsqu'il y aurait danger à tarder, il est utile de te pencher de toute ta force sur les rames et de donner l'éperon à ton coursier lancé à toute allure. » (1)

Ces recommandations apparaitront-elles suffisamment explicites aux yeux d'un abbé fidèle à son vœu de chasteté ? En quête d'éclaircissements, peut-être dénichera-t-il un manuel d'anatomie féminine dans la bibliothèque d'Écône, sait-on jamais. À défaut, qu'il délaisse un instant ses méditations pour s'ouvrir au monde : une oreille tournée vers les cours de récréation lui livrera bien des secrets ; au passage, il mesurera combien la poésie d'Ovide tranche avec la vulgarité ambiante.

Romantisme

Son érotisme tout relatif baigne dans le romantisme, révélant, par comparaison, la fadeur des aventures d'un soir. « Mes leçons n'enseignent que les amours légères», prétend le poète. Certes, ses détracteurs n'y verront qu'un jeu : « Si tu n'as pas une route sûre et facile pour rejoindre ta bien-aimée, si tu trouves devant toi une porte verrouillée, eh bien ! Laisse-toi glisser, chemin périlleux, par la partie du toit ouverte (sur l'atrium) ; qu'une fenêtre élevée t'offre aussi une route furtive. Ta maîtresse sera transportée de joie, et saura qu'elle est la cause du péril que tu as couru pour elle, ce sera le gage assuré de ton amour. Tu aurais pu souvent, Léandre, te priver de voir celle que tu aimais ; tu passais l'Hellespont à la nage, pour bien lui montrer tes sentiments. » Mais l'âme s'en trouve parfois consumée, brûlée par la passion : « Le sillon ne rend pas toujours avec usure ce qu'on lui a confié, et le vent ne favorise pas toujours le vaisseau dans sa course hasardeuse. Peu de plaisirs et plus de peines, voilà le lot des amants : qu'ils préparent leur âme à de nombreuses épreuves. Les lièvres que nourrit le mont Athos, les abeilles que nourrit le mont Hybla, les baies que porte l'arbre de Pallas au feuillage sombre, les coquilles du rivage ne sont pas aussi nombreuses que les tourments de l'amour. Les traits que nous recevons sont abondamment trempés de fiel. »

Forte du soutien de l'académicienne Jacqueline de Romilly, l'association Défi culturel fustige une œuvre dans laquelle « nos enfants apprendront que l'inceste est désiré et même que les femmes aiment être violées ». Ovide multiplie les allusions à la mythologie, dont on connaît les mœurs douteuses, et confesse avec désinvolture son aversion toute personnelle pour la pédophilie. Mais n'est-ce pas de Rome qu'il s'agit ? L'évocation du viol est ambiguë, comme en témoigne le récit de l'enlèvement des Sabine. S'appuyant sur une citation tronquée, Défi culturel dissimule toutefois des nuances significatives : « Quel est l'homme expérimenté qui ne mêlerait pas les baisers aux paroles d'amour ? Même si elle ne les rend pas prends-les sans qu'elle les rende. D'abord elle résistera peut-être et t'appellera "insolent" ; tout en résistant, elle désirera d'être vaincue. Mais ne va pas lui faire mal par des baisers maladroits sur ses lèvres délicates, et garde bien qu'elle puisse se plaindre de ta rudesse. [...] La pudeur interdit à la femme de provoquer certaines caresses, mais il lui est agréable de les recevoir quand un autre en prend l'initiative. » Stigmatisant encore une œuvre « ouvertement misogyne », l'association relève ses attaques contre la « race perfide » que constitueraient les femmes, négligeant cette observation par laquelle le poète tempère son jugement : « La femme ne sait pas écarter les feux et les flèches cruelles (de l'Amour) ; je constate que ces traits sont moins redoutables aux hommes. Les hommes trompent souvent, les femmes, sexe délicat, peu souvent, et, en cherchant bien, il n'y a guère de perfidies à leur reprocher. »

Ovide ne craint pas de convoiter la femme de son prochain, ni d'user de mauvaise foi pour parvenir à ses fins. Son traité n'a rien d'une apologie de la licence au demeurant, n'en déplaise à des cathos frustrés (2) assimilant l'amour, de façon exclusive, à un mariage idéalisé. Loin d'encourager les garçons à siffler les filles, L'Art d'aimer les exhorte à sortir "le grand jeu" pour séduire leur dulcinée ; laquelle est invitée à soigner sa féminité, au mépris de la "parité"...  Proclamons-le sans ambages : ce message n'est pas pour nous déplaire !

(1) L'autre passage "à lire avant de passer au lit" se situe à la fin du livre III. « Je rougis des enseignements qu'il me reste à donner », avoue le poète. S'adressant aux femmes, il leur suggère de choisir la position les mettant le mieux en valeur, selon les qualités et défauts de leur anatomie. Les extraits cités sont tirés de la traduction établie par Henri Bomecque (éd. Librio).

(2) L'expression a choqué. C'est de la polémique (presque) gratuite, nous en convenons. Mais, généralement, ne nous reproche-t-on pas notre réticence à verser dans ce registre ? 😉 En outre, nous avons seulement saisi la perche qui nous était tendue... Ce communiqué semble entretenir délibérément la caricature des rapports de l'Église à la sexualité et l'amour !

Enquête sur le créationnisme

19 avril 2007
Article publié dans L'Action Française 2000

Un frère dominicain veut réconcilier foi et raison.

Le créationnisme est en vedette dans les librairies. Selon les cas, l'ouvrage que lui a consacré Jacques Arnould (1) – un frère dominicain – est classé en science ou en religion. Cette ambiguïté est à l'image d'un objet d'étude dont M. Glauzy affirme qu'il est une « science biblique ».

Les créationnistes « refusent la vision évolutionniste [...] selon laquelle les espèces vivantes et, plus largement, l'ensemble de la réalité seraient le résultat du lent travail des forces naturelles » ; pour eux, « au contraire, Dieu en est le seul auteur, d'une manière directe et indépendante des lois de la nature ».

Parmi les créationnistes stricts, certains observent un rejet catégorique du discours scientifique, mais d'autres ne le condamnent pas dans tous les cas. Ces derniers se divisent en deux écoles, selon leur appréciation de l'âge de la Terre : les young-earth creationists « pratiquent une lecture littérale des onze premiers chapitres du livre de la Genèse », tandis que l'old-earth creationism s'accommode de quelques exégèses. Moins radicaux, les partisans du créationnisme progressif « acceptent l'existence de différences, voire  d'incohérences, entre le texte de la Bible et les données de la science », tout en prétendant que « l'évolution ne permet pas d'expliquer les événements de l'histoire de la vie ». Considéré parfois comme un néocréationnisme, le courant du dessein intelligent s'appuie sur l'« irréductible complexité » du vivant pour récuser la responsabilité du hasard dans sa constitution.

Un lobby influent

La majorité des scientifiques se montrent sévères à l'égard du mouvement créationniste. Citons par exemple Jean Chaline, directeur de recherche émérite au CNRS (2) – qui condamne parallèlement le néoscientisme : « Pour les créationnistes, la méthode consiste à découvrir les failles scientifiques potentielles dans les hypothèses, de façon à les couvrir de ridicule, ou à montrer leurs incertitudes. Ils recourent sans état d'âme à la falsification, à la manipulation des données scientifiques et de certains principes de la physique... » Passant en revue quelques sujets de controverse, il s'indigne notamment de cette réponse faite aux évolutionnistes, selon laquelle « Dieu pourrait avoir donné une apparence de vieillesse à l'univers qui tromperait les astronomes ». Une hypothèse évidemment irréfutable, qui transgresse en cela les principes élémentaires de la science.

En France, bien qu'elles comptent quelques défenseurs, ces thèses se heurtent à une société fortement laïcisée, ainsi qu'à la prédominance historique de l'Église catholique. La situation est tout autre aux États-Unis, où le créationnisme est né dans des milieux presbytériens et évangélistes pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Jacques Arnould rend compte de son immixtion dans les programmes scolaires et des batailles judiciaires qui l'ont accompagnée. Outre-Atlantique, le créationnisme s'attire les sympathies des plus hautes personnalités politiques, tel le président Bush qui déclara en août 2005 : « Ces deux théories [l'évolution et l'intelligent design] doivent être correctement enseignées de manière que les gens saisissent la nature du débat. »

Est-il légitime de traiter les deux approches sur un pied d'égalité ? « Le concept de théorie prend en compte les faits, les hypothèses et les lois pour tenter d'expliquer la réalité », rappelle Jacques Arnould ; par conséquent, « une théorie ne peut pas être testée en dehors de la science ». Or, celle-ci est « athée a priori et par méthode ». Bien que croyant, l'auteur ne s'en offusque pas, car il a conscience « qu'il ne faut pas confondre origine ultime et origine immédiate », Cause première et causes secondaires.

« L'œuvre du démon »

Il entend cantonner la science à son domaine. Et aussi sa foi : « Je dois rassurer ceux qui se demandent si je crois [...] en Darwin. Je réserve la croyance à la religion, aux relations humaines, voire à l'intelligence, mais pas à la science. » Jacques Arnould constate que « les théories héritées de Darwin sont celles sur lesquelles une majorité de biologistes se fondent pour travailler » ; comme nous, il reconnaît n'avoir « ni la compétence ni l'autorité pour les critiquer ».

S'il ne leur accorde aucune caution scientifique, le frère Arnould ne traite pas les créationnistes avec mépris : « Il existe sans aucun doute de la bonne foi [...] de part et d'autre. » On perçoit le désarroi que lui inspire une foi fondée sur une lecture littérale de la Bible... Sans doute a-t-il à l'esprit l'enseignement de Saint Paul : « La lettre tue et l'esprit vivifie. »

Bien des auteurs abordant le sujet auraient versé dans l'anticléricalisme. On tremble à la lecture d'un sermon prononcé jadis dans le Tennessee par un prédicateur assimilant la découverte des dinosaures à « l'œuvre du démon ». Jacques Arnould tient son propos à l'écart des polémiques, mais nous observerons que les dépositaires de cet héritage fanatique, trop prompts à tout analyser à travers le prisme de la christianophobie, dénoncent volontiers l'évolution comme un « montage » contre la foi, au mépris des travaux scientifiques. L'auteur reste conscient, néanmoins, que ces théories « ne sont pas exemptes d'idéologies a priori, ni d'ailleurs de récupérations a posteriori ». Par sa mesure, il redore un peu l'image de la religion, dévalorisée par des "champions" déniant la rationalité.

Il apporte sa pierre au débat entre foi et raison. De son point de vue, « s'il convient de ne pas confondre ces deux sphères, il ne faudrait pas non plus les maintenir totalement séparées ». Ainsi souligne-t-il que « la quête obstinée du commencement et de l'origine se trouve au fondement même de notre conscience d'être humain ».

Dans une société laïcisée, largement dominée par la technologie, les croyants pourront difficilement esquiver ce débat, à moins de se replier dans leurs communautés. Quant aux politiques, peut-être y seront-ils bientôt régulièrement confrontés ? On se souvient qu'en début d'année, un "atlas de la création" avait été massivement envoyé dans les établissements de l'Éducation nationale afin de réfuter l'évolution au nom du Coran. En réaction, le ministère avait diffusé un « message de vigilance » auprès des recteurs.

(1) Jacques Arnould : Dieu versus Darwin ; Albin Michel, 317 p., janvier 2007, 20 euros.

(2) Jean Chaline : Quoi de neuf depuis Darwin ? Ellipses, 479 p., novembre 2006, 26,50 euros.