Conseil européen du printemps
1 avril 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Quelques mots sur la réunion des chefs d'État ou de gouvernement de l'UE les 25 et 26 mars.
Stratégie sans surprise
Réuni à Bruxelles les 25 et 26 mars, le Conseil européen des chefs d'État ou de gouvernement de l'UE a approuvé les principaux éléments d'une nouvelle stratégie pour l'emploi et la croissance : porter à 75 % le taux d'emploi des femmes et des hommes âgés de vingt à soixante-quatre ans, investir 3 % du PIB en recherche et développement, réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport aux niveaux de 1990, améliorer l'éducation et réduire le taux de décrochage scolaire, favoriser l'inclusion sociale et lutter contre la pauvreté... Des objectifs somme toute très généraux , qui seront certes précisés d'ici l'été.
Selon les conclusions du Conseil européen, « la Commission présentera prochainement un rapport sur d'éventuelles sources novatrices de financement, comme un prélèvement mondial sur les transactions financières ». En outre, « la stratégie comprendra une dimension extérieure forte afin de garantir que les instruments et les politiques de l'UE seront mis en œuvre pour promouvoir nos intérêts [...] par la participation, à l'échelle mondiale, à des marchés ouverts et où les conditions de concurrence sont équitables ». D'aucuns y verront un écho aux propos de Nicolas Sarkozy jugeant « invraisemblable que l'Europe interdise le soutien aux industries exportatrices », alors que « ses concurrents asiatiques déploient des financements massifs »...
« Si certains objectifs sont inscrits dans les textes législatifs de l'UE, les autres ne le sont pas et n'impliquent pas de partage de l'effort », observent les chefs d'État ou de gouvernement ; « ils constituent un but commun à atteindre par une combinaison d'actions entreprises à l'échelon national et à celui de l'UE ». Commentant la stratégie précédente, Yves Bertoncini s'était interrogé « sur la nécessité pour l'UE de retenir comme une priorité politique majeure une stratégie pour laquelle ses moyens d'action directs sont limités » (Dictionnaire critique de l'Union européenne, Armand Colin). La question demeure pertinente, malgré l'annonce d'une implication accrue du Conseil européen et celle d'un meilleur suivi. « Un dialogue étroit » entre les États membres et la Commission permettra, paraît-il, « d'améliorer la qualité de la surveillance et de favoriser l'échange de bonnes pratiques » ; « il pourrait notamment prendre la forme de réunions entre des experts de la Commission et des États membres ». Une vraie révolution !
Service minimum en Euroland
Craignant une asphyxie de son pays sous la pression des marchés, le Premier ministre grec Georges Papandréou avait sollicité un « large soutien politique » qui lui permettrait de financer sa dette « à des taux raisonnables ».
Le 25 mars , en marge du Conseil européen, les chefs d'État et de gouvernement des seize pays de la zone euro sont convenus de contribuer à des prêts bilatéraux coordonnés. Cela en « dernier recours », avec une implication « substantielle » du Fonds monétaire international.
« Il a fallu travailler dur » pour parvenir à cet accord, a reconnu le président de la République. À l'approche des élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le chancelier allemand craignait vraisemblablement de froisser son opinion publique, exaspérée par les déboires de la Grèce, lesquels contrastent avec la rigueur pratiquée outre-Rhin. La déclaration de l'Eurogroupe annonce d'ailleurs une surveillance renforcée des risques économiques et budgétaires. « La question des sanctions est clairement posée », a souligné Nicolas Sarkozy.
De fait, l'accord arraché à Angela Merkel ne fait aucun mystère de ses réticences. Prenant le risque de tester les marchés lundi dernier, Athènes a toutefois bénéficié d'un accueil relativement favorable après avoir lancé un emprunt de 5 milliards d'euros sur sept ans. Affaire à suivre.