Retraites : En attendant 2013
5 novembre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Le projet de loi portant réforme des retraites a été adopté définitivement le 27 octobre. Reste à passer l'examen du Conseil constitutionnel et les soubresauts de sa mise en œuvre, en attendant la remise à plat du système.
Tandis que les raffineries reprenaient le travail, le débat s'ouvrait sur le coût des conflits sociaux. Dénonçant « la chienlit », la CGPME l'a estimé à 4 milliards d'euros dans un communiqué du 25 octobre. Sans doute Nicolas Sarkozy espère-t-il tirer quelque bénéfice de cet investissement lors d'un prochain rendez-vous avec les urnes. « C'est une réforme difficile, j'en suis le premier conscient », a-t-il déclaré le 20 octobre. « Et il est normal que dans une démocratie chacun puisse exprimer son inquiétude ou son opposition. Mais certaines limites ne doivent pas être franchies et mon devoir est de garantir le respect de l'ordre républicain au service de tous les Français. »
Des marchés rassurés
Un discours de relative fermeté apprécié par les marchés financiers. Pour preuve, après s'être accru en septembre, l'écart de taux à dix ans entre la France et l'Allemagne s'est resserré le mois dernier. Cela devrait offrir un répit temporaire à Bercy, d'autant que Paris aurait déjà accompli 90 % de son programme de financement pour 2010, selon les chiffres publiés par Isabelle Couet (Les Échos, 28/10/2010).
Autrement dit, les contribuables échappent au renchérissement de la dette, dont les plus jeunes ne seraient pas les moindres victimes. De ce point de vue, ils se sont montrés peu inspirés en séchant les cours pour aller manifester. Quoique à brève échéance, la question du partage du travail se posera effectivement selon Philippe Askenazy, directeur de recherche au CNRS. Pour les nouveaux venus sur le marché du travail, « la difficulté ne viendra pas du secteur privé mais du public », a-t-il expliqué aux Échos (26/10/2010) : « Dans les trois fonctions publiques, qui représentent un cinquième de l'emploi salarié en France, les recrutements se font principalement pour remplacer des départs à la retraite. [...] Le fait qu'un senior reste deux ans de plus devrait ainsi faire baisser de 20 % les recrutements d'agents au cours des dix ans à venir. Cela fait de l'ordre de 30 000 postes de moins par an pendant une dizaine d'années. Cela peut paraître peu [...] mais cela va être très concentré sur une seule classe d'âge. »
Quoi qu'il en soit, la réforme en cours ne préjuge guère de la retraite dont bénéficieront nos jeunes actifs. Le texte définitif du projet de loi prévoit d'ores et déjà le lancement, au premier semestre 2013, d'une « réflexion nationale » censée préparer, enfin, « une réforme systémique de la prise en charge collective du risque vieillesse ». La République tiendra-t-elle ses promesses ?