31 décembre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Un album nous plonge dans le quotidien du 7e BCA.
En début d'année, le photographe Jean-Christophe Hanché s'est
mêlé, cinquante jours durant, au quotidien des soldats du
7e bataillon des chasseurs alpins (BCA) qui arpentaient alors
la Kapisa, au Nord-Est de Kaboul. De retour d'Afghanistan, il a
sélectionné trois cents clichés réunis dans un petit album.
Les compositions cultivent le dynamisme dans la sobriété, et
si le style se montre volontiers intimiste, il ne verse jamais dans
l'impudeur. Sont évoqués la puissance du feu comme les stigmates de la
guerre, mais aussi les moments de détente... Notre confrère nous convie
à la rencontre de soldats qui nous apparaissent somme toute familiers :
tel est, peut-être, le caractère le plus saisissant de son témoignage,
dont on regrettera surtout qu'il ne soit pas promis à une plus large
diffusion.
Jean-Christophe Hanché, Kapisa-Afghanistan,
240 p., trois cents images en couleur, format 15x21
à l'italienne, 25 euros ; livre édité par l'auteur,
disponible dans quelques librairies de Reims ou par
correspondance ; renseignements et commande :
www.jeanchristophehanche.com ; 06 77 06 94 83.
31 décembre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Retour sur un film ayant bénéficié d'une implication inédite
des armées.
En salles depuis le 2 novembre, Forces
spéciales raconte le sauvetage d'une journaliste prise en
otage par des Talibans. Selon son réalisateur, Stéphane Rybojad, ce
film constitue un hommage aux militaires français engagés en opérations
extérieures. À ce titre, il méritait le détour, en dépit du scepticisme
des critiques. En cinéphiles avertis, ceux-ci auront traité avec dédain
cette pale imitation des blockbusters
hollywoodiens... Bon public, nous avons préféré l'aborder avec une
complaisance délibérée : des héros bien français, cela fait
plaisir à voir !
À la différence de leurs homologues américains, ceux-ci ne
marchent pas sur l'eau. En revanche, de part et d'autre de
l'Atlantique, on dépense apparemment les munitions sans compter.
Pourtant, le réalisme serait « à peu près tenu »,
selon notre confrère Jean-Marc Tanguy, auteur d'un album consacré au
film. Entres autres incongruités, signalons la mixité de l'équipe
engagée par le COS (Commandement des opérations spéciales), où des
commandos de marine côtoient des parachutistes de l'air. Par ailleurs,
aucun hélicoptère Puma n'a jamais été déployé en Afghanistan...
Cela dit, on le devine à l'écran, cette production a bénéficié
d'un soutien inédit des armées. « L'idée consistait [...] à ne
pas demander des moyens particuliers (humains et matériels), mais à
nous greffer sur des moyens planifiés et engagés sur des séquences
réelles d'entrainement », explique Jackie Fouquereau,
l'officier dépêché auprès de l'équipe de tournage. Quelques plans ont
même été filmés à Kaboul. Notamment un scène de poursuite, où un
sous-officier assure la doublure de Diane Kruger.
Bien que la complexité du théâtre afghan soit occultée par la
caricature des Talibans, dont l'ambigüité des liens avec la population
est passée sous silence, le film donne à réfléchir sur le souci de
parer aux réactions de l'opinion publique – un élément clef de la
guerre menée en Afghanistan. « C'est un sujet qui suscite
l'intérêt partout sauf en France », relève le réalisateur,
dont le film constituerait « l'une des meilleures préventes à
l'international depuis dix ans ».
Les armées seront-elles appelées à transformer
l'essai ? Leur immixtion dans les salles obscures apparaît
somme toute naturelle. Ce faisant, peut-être espèrent-elles susciter
des vocations, voire contribuer à la résilience de la nation. Reste à
trouver le ton juste. Leurs communicants devront se montrer subtils
pour parer aux critiques. Un jeune homme a d'ailleurs chahuté la
projection à laquelle nous avons assisté : avant de quitter la
salle, il a dénoncé une propagande d'État et accusé les militaires
français d'avoir perpétré des exactions en Afghanistan.
À la lecture de la dédicace finale, des applaudissements ont
balayé son injure. Depuis, nous avons appris le décès de Goran
Franjkovic, un légionnaire mort au combat lundi dernier,
14 novembre, alors qu'il venait de rejoindre le théâtre
afghan. Il s'était distingué par sa motivation et sa rusticité,
témoignant, selon l'armée de Terre, d'une volonté et d'une discipline
exemplaires. Il était âgé de vingt-cinq ans : c'était "un
jeune Français", dont le sacrifice nous inspire le plus profond respect.
En salles depuis le 2 novembre, Forces
spéciales raconte le sauvetage d'une journaliste prise en
otage par des Talibans. Selon Stéphane Rybojad, son réalisateur, ce
film constitue un hommage aux militaires français engagés en Opex. À ce
titre, il méritait le détour.
Nous n'avons pas été déçu, mais il faut dire
que nous n'en attendions pas grand chose et que nous sommes
(très) bon public : d'emblée, quelques plans d'hélicos
arborant la cocarde tricolore ont suffi à nous faire vibrer. Des héros
bien français, cela fait plaisir à voir ! D'autant qu'on
échappe, dans une mesure certes très relative, à l'aspect parodique affublant moult
productions de ce type, succédanés grotesques des blockbusters
américains : ici, point de président roulant les mécaniques,
ni de commandos marchant sur l'eau, en dépit d'un inévitable sacrifice
et de plusieurs affrontements à l'intensité exagérée.
Outre ces échanges de tirs (beaucoup) trop nourris, l'incapacité de
l'état-major à localiser ses hommes nous a étonné. Cela dit, nous
sommes peu compétent pour juger du réalisme du film. Précisons
toutefois que nous l'avons découvert avec un a priori positif,
étant donné les antécédents du réalisateur et la bienveillance de
l'Armée à son égard : « Ses équipes de tournage ont
installé leurs caméras dans les camps de Caylus (Tarn-et-Garonne) et de
Djibouti, dans un hélicoptère Tigre du 4e régiment
d'hélicoptères des forces spéciales (4e RHFS) de Pau, dans un
avion Transall de l'armée de l'Air et sur le porte-avions Charles-de-Gaulle »,
précise la Défense nationale. « En juin 2010, les acteurs ont
également suivi un stage d'une semaine à la base des fusiliers marins
de Lorient pour se former aux techniques des commandos
marines. »
Des cinéphiles plus avisés ont pointé les tares du scénario et le manque d'épaisseur des personnages. Dommage, surtout, que la complexité du théâtre afghan
soit occultée par la caricature des Talibans, dont l'ambigüité des
liens avec la population est passée sous silence. Ils sont d'ailleurs
accusés d'avoir raflé les enfants de tout un village. Cela s'est-il
effectivement produit ? En revanche, l'accueil sympathique
réservé ici ou là aux soldats français fait écho, nous semble-t-il, à
des témoignages bien réels : on y verra une forme d'hyperbole ! Quant à l'intrigue, qui rappelle à certains
égards celle du Soldat Ryan, elle renvoie
ouvertement au débat suscité par la présence de journalistes en
Afghanistan. Le spectateur est d'ailleurs conduit à s'indigner de la
moindre valeur apparemment conférée à la vie des militaires. Lesquels
témoignent d'une abnégation forçant le respect. La timide immixtion des
politiques justifie leur sacrifice par la nécessité de parer aux
réactions de l'opinion publique – un élément clef e la guerre menée en
Afghanistan.
Ce faisant, le film fait œuvre de pédagogie, si l'on peu dire.
À nos yeux, ce n'est pas son moindre mérite, et cela tombe à pic, à
l'heure où les Français sont suspects de lâcher le terrain pour coller
au calendrier électoral. Reste que, parallèlement, les critiques s'en
trouvent légitimées. Formaté, vraisemblablement, par un certain
communautarisme, un jeune homme a chahuté la projection à laquelle nous
avons assisté : avant de quitter la salle, il a dénoncé une
propagande d'État et accusé les militaires français d'avoir perpétré
des exactions en Afghanistan. À la lecture de la dédicace finale, des
applaudissements ont balayé son injure. Mais peut-être les choses se
seraient-elles mal passées si nous nous étions retrouvé tout près de
lui... Respect pour nos soldats, merde !
3 novembre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
De l'aveu même de son chef d'état-major, la Marine
présenterait un format « juste suffisant pour répondre aux
ambitions de défense et de sécurité de notre pays ».
Le mercredi 12 octobre, un mois après sa prise de
fonction, l'amiral Bernard Rogel, chef d'état-major de la Marine
(CEMM), a été auditionné par la commission de la défense nationale et
des forces armées de l'Assemblée nationale. Il a vanté les qualités
« d'une marine de premier rang, efficiente et
réactive », dont l'activité s'est particulièrement intensifiée
ces derniers mois. Au point que la "consommation de potentiel"
dépasserait aujourd'hui de 30 % l'allocation annuelle pour le
porte-avions, les bâtiments de projection et de commandement (BPC) et
les avions de patrouille maritime Atlantique 2.
Opération Harmattan
L'opération Harmattan, déclenchée en février dernier et menée
au large de la Libye, a focalisé l'attention des députés. Selon
l'amiral Rogel, « par son caractère littoral et son
intensité » elle a nécessité « un niveau d'engagement
exceptionnel ». Ce fut « un exercice de
vérité » permettant de « mesurer notre réactivité,
mais aussi notre capacité à mener des opérations de haute intensité,
exigeant un niveau de coopération interarmées, inter-composantes et
interalliée, dont très peu de marines sont aujourd'hui
capables ». Cet engagement a mis en évidence, aux yeux du
CEMM, « la remarquable efficacité, la fiabilité et la
polyvalence du Rafale marine, la justesse de nos choix pour le BPC qui
ont conduit à privilégier la fonction "porte-hélicoptères d'assaut", la
forte implication des frégates et des sous-marins nucléaires d'attaque
(SNA) dans l'action vers la terre et notre capacité de frappe dans la
profondeur (missile SCALP, complété demain par le MDCN) ».
Cela étant, la Marine n'est pas parvenue à répondre à toutes
les sollicitations. Privilégiant des déploiements au Sahel puis en
Libye, elle a compromis son action contre la piraterie au large de la
Somalie. L'amiral Rogel a regretté également « l'absence de
SNA en Atlantique pendant quatre mois, la réduction de la présence en
océan Indien à un seul bâtiment de surface à compter du mois de juin,
le gel de la mission Corymbe dans le golfe de Guinée en juillet 2011
ainsi que l'annulation de deux missions sur quatre de lutte contre le
narcotrafic en Méditerranée ».
Six mois de remise à niveau
Quant à la disponibilité des forces, elle n'a pu être
maintenue « qu'au prix d'une tension extrême sur nos moyens de
soutien. À titre d'exemple, à peine trois mois après le début des
opérations, les taux de prélèvements de pièces sur les bâtiments
avaient augmenté de 300 %. » Le Forbin
et le Chevalier Paul, les deux frégates de
défense aérienne de type Horizon, ont dû échanger des composants
majeurs : furent concernés les conduites de tir, le radar de
veille aérienne et la propulsion.
Parmi les autres conséquences de l'engagement en Libye,
l'amiral Rogel a pointé « une petite baisse d'activité dans le
domaine de la formation, notamment pour la lutte
anti-sous-marine » et le report de la transformation de la
flottille 11F sur Rafale. Un peu plus de six mois seraient nécessaires
à la Royale « pour revenir à l'ensemble de ses qualifications
opérationnelles ».
Aussi le format de notre Marine apparaît-il « juste
suffisant pour répondre aux ambitions de défense et de sécurité de
notre pays ». Cela s'avère d'autant plus préoccupant que,
selon l'amiral Rogel, « la mondialisation se traduira par une
"maritimisation" et qu'on verra se multiplier les flux maritimes
importants ».
3 novembre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Si les désillusions étaient inéluctables après elles sommet du
26 octobre, elles sont survenues plus vite que prévu...
Dans la nuit du 26 au 27 octobre 2011, le président
de la République a salué « le caractère historique »
des décisions négociées par les Dix-Sept. « Enfin, nous avons
mis en place concrètement le gouvernement économique de la zone
euro », s'est-il félicité. De fait, il s'agira seulement
d'organiser des réunions plus régulières des chefs d'État ou de
gouvernement. Pour le reste, commente Jacques Rosselin, directeur de la
rédaction de La Tribune, cet accord
« ressemble plus à l'exercice de créativité financière d'une
banque d'affaires qu'à une décision de gouvernants animés par une
vision ou, restons modestes, une simple volonté politique ».
Quant au caractère « durable » de la solution
envisagée pour résoudre la crise, elle a d'emblée été nuancée par
Traian Basescu, le ministre roumain des Finances :
« Que le montant de la recapitalisation des banques soit de
100 ou 200 milliards d'euros, il sera suffisant pour les six
ou sept premiers mois », a-t-il déclaré. « Voilà un
horizon que notre président de la République sait maîtriser »,
ironisait notre confrère. C'était compter sans l'annonce d'un
référendum en Grèce censé valider cet énième plan de sauvetage. Cela
remet encore tout à plat ! Étant donné l'incertitude qui plane
désormais sur la ratification de l'accord, les créanciers d'Athènes
consentiront moins volontiers à la décote de leurs titres, qui devait
atteindre 50 %.
Appel à l'aide
Lors de sa conférence de presse, le chef de l'État a veillé à
exprimer en dollars les futures capacités du Fonds européen de
stabilité financière (FESF). « Je donne cette information pas
tant pour les marchés européens, mais pour les marchés
mondiaux », a-t-il expliqué. Or l'implication des "pays
émergents" se heurte à différents écueils identifiés par notre consœur
Marie-Christine Corbier. La Chine privilégierait une intervention
auprès des entreprises, ou via le FMI afin d'y
renforcer son influence, a-t-elle souligné dans Les Échos.
Par ailleurs, les Européens souhaiteraient se prémunir d'un
renchérissement de la monnaie unique. « D'où la proposition
[...] que le FESF émette des obligations libellées en yuans ».
Ce qui supposerait l'accord de Pékin, peu disposé à lâcher du lest
quant au contrôle de sa monnaie ! Enfin, ces discussions
risquent d'interférer avec les négociations commerciales, au moment où
l'UE était tentée d'exiger, notamment, un plus large accès aux marchés
publics chinois. On envisageait même des mesures de rétorsion, quoique
l'Allemagne y soit réticente. Autant les oublier : qui paie
commande.
3 novembre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Fidèles à leurs habitudes, les parlementaire s'immiscent dans
les mœurs et malmènent la mémoire.
Parmi les dernières propositions de loi déposées au Parlement,
on relève celle de Jean-Marie Sermier, député UMP du Jura, qui entend
lutter contre « l'outrage aux symboles de la
République ». Ce faisant, il fait planer une menace sur les
royalistes caricaturant Marianne...
Rebondissant sur l'affaire Baby Loup (du nom d'une crèche où
travaillait une employée voilée), Françoise Laborde, sénateur PRG de
Haute-Garonne, se fait le chantre de la laïcité : elle demande
que « l'obligation de neutralité » soit étendue aux
structures privées en charge de la petite enfance.
La parité n'est pas en reste. Tandis que Jean Louis Masson
(ex-UMP) se mobilise au Sénat, Chantal Brunel (UMP) mène le bal à
l'Assemblée, dans l'espoir que l'"égalité professionnelle" soit érigée
en « grande cause nationale ».
Adeptes de la repentance, divers sénateurs se sont
manifestement divisés quant au contenu du texte à déposer à l'approche
du 17 octobre, date anniversaire de la manifestation de 1961.
« Les hommes qui manifestaient à mains nues furent molestés,
torturés et massacrés. Des coups de feu furent tirés. Loin de la
"bavure", cette action était préméditée et coordonnée »,
soutient la communiste Nicole Borvo Cohen-Seat. Employant des termes
plus durs encore, sa collègue écologiste Esther Benbassa pointe
carrément un « un crime d'État ».
3 novembre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Aperçu d'un ouvrage signé Francis Bergeron.
Le retour de Tintin au cinéma n'a pas manqué d'alimenter
l'actualité éditoriale. Francis Bergeron se distingue par la
publication d'une biographie iconoclaste de Georges Rémi, dit Hergé.
S'inscrivant dans la collection "Qui-suis-je ?", son livre ne
sied guère aux canons du politiquement correct. De fait, l'auteur cite
volontiers Minute ou Rivarol,
et revendique une relative sympathie pour Léon Degrelle, tandis qu'il
évoque l'amitié qui l'unissait à Hergé.
Bien qu'il fût parmi les premiers à lever le voile sur
l'imposture soviétique, celui-ci ne saurait être classé parmi les
auteurs engagés. Toutefois, s'il fallait absolument attribuer une
filiation idéologique au reporter du Petit Vingtième,
ce ne serait par vers le rexisme qu'il conviendrait se tourner selon
Francis Bergeron, mais « plutôt du côté des pendants belges de
l'Action française ou encore de la Fédération nationale catholique du
général de Castelnau ».
Un chapitre est précisément intitulé « Hetrgé et le
roi ». En exergue, on découvre comment Sébastien Lapaque
définissait « l'idéal politique de Tintin ». Un peu
plus loin, c'est L'Action Française 2000
qui est citée, pour s'être amusée, dans son numéro du 15 mai
2003, à relever quelques inspirations prêtées à Hergé : porté
sur la bouteille, maniant volontiers l'invective, le capitaine Haddock
rappelle effectivement Léon Daudet ; quant au professeur
Tournesol, avec sa barbiche et sa surdité, n'est-il pas le parent de
Charles Maurras ?
Francis Bergeron, Georges Rémi dit Hergé,
Pardès, collection "Qui-suis-je ?",
128 pages,12 euros.
Au micro de RFR, rebond sur la polémique
déclenchée par le spectacle de Romeo Castellucci.
La France est dans la merde ! Pire : elle
s'y complait. C'est en tout cas le message que pourraient porter les
militants d'Action française, après leur coup d'éclat de jeudi dernier.
Le 20 octobre, donc, il se sont retrouvés aux prises avec les
forces de l'ordre, peu disposées à tolérer leur présence place du
Châtelet, dans le 1er arrondissement de Paris, à l'entrée du
théâtre de la Ville.
On joue là-bas Sur le concept du visage du fils de
Dieu, un pièce qui plonge le spectateur littéralement dans
la merde, sous le regard du Christ dont un portrait domine la scène.
C'est une représentation coprodruite par le théâtre de la Ville, dont
le financement repose, dans une large mesure, sur des deniers publics.
En l'occurrence, une subvention de la ville de Paris, dont le montant
se serait élevé en 2007 à 10,7 millions d'euros.
Naturellement, en pleine crise de la dette souveraine, on peut
s'interroger sur la pertinence d'un tel investissement.
Quitte à chahuter le spectacle pour des motifs
politiques, poser ce genre de question, ce serait peut-être plus
intelligible que de crier au « blasphème » censé
insulter la nation tout entière. Quant à la "christinophobie", dont je
ne parlerai pas sans guillemets, on en mesure la prégnance à la lecture
du constat selon lequel il serait désormais « risqué d'être
chrétien et de le proclamer », et cela « que ce soit
au Caire ou à Paris ». Les coptes apprécieront, sans nul
doute, cet élan de solidarité.
C'est l'art contemporain qui est en cause. Avec sa fascination
pour les selles et autres déjections, sa soif de cocktails
détonants ! Ce qui n'exclut pas, dans le cas présent, un
message « spirituel et christique », selon l'auteur
de la pièce. Bien au contraire ! « Ce spectacle est
une réflexion sur la déchéance de la beauté, sur le mystère de la
fin », explique Romeo Castellucci. « Les excréments
dont le vieux père incontinent se souille ne sont que la métaphore du
martyre humain comme condition ultime et réelle. Le visage du Christ
illumine tout ceci par la puissance de son regard et interroge chaque
spectateur en profondeur. »
Cela me laisse pour le moins perplexe, mais je suis tout
disposé à croire en la sincérité des propos. De la même façon, en
photographiant un crucifix baigné dans l'urine, Andres Serrano a
prétendu rappeler « par quelle horreur le Christ est
passé ». Qu'importe les intentions, me direz-vous.
Effectivement : « Aucune origine n'est belle. La
beauté véritable est au terme des choses. »
Sauf que les adeptes de la "christianophobie" s'érigent non
seulement en victimes, mais aussi en cibles, puisqu'ils prétendent
faire l'objet d'une "phobie" particulière. L'analogie avec
l'"homophobie" n'est pas gratuite, loin s'en faut : dans un
cas comme dans l'autre, le terme est le produit d'une certaine
propagande, et sa consécration ouvre la voie à de multiples
condamnations. Les activistes catholiques sont manifestement inspirés
par la Halde, c'est un comble !
Cela prêterait à sourire, s'il ne fallait craindre un réveil
du laïcisme. Déstabilisée par l'islam, la République se montrait déjà
mal inspirée... Donner des gages aux bouffeurs de curés arrangera-t-il
quoi que ce soit à l'affaire ?
Rendez-vous sur le site de RFR pour
découvrir les autres interventions :
Tandis qu'elle mobilise à nouveau la réacosphère, la
"christianphobie" nous inspire toujours certaines réserves.
Enorgueillis par leur
coup d'éclat, nos camarades du CRAF, certes fort courageux,
se sont montrés injustes à l'égard de nos confrères, qu'ils accusent
bien légèrement de verser dans la « désinformation »,
à l'exemple du Figaro coupable, selon eux, de les
avoir assimilés à des « fondamentalistes chrétiens ».
À quoi s'attendaient-ils ? En s'insurgeant contre un
« blasphème », ils s'aventuraient bel et bien sur un
terrain religieux. Quant au rapprochement avec l'islamisme,
potentiellement connoté par l'expression, il découle d'abord des
faits : c'est tout naturellement qu'on songe au scandale
déclenché par les caricatures de Mahomet...
Les chantres de la censure n'en ont pas moins l'audace de
s'ériger en défenseurs de la liberté d'expression. À force de traquer
la "chritianophobie", ils s'en sont même convaincus :
« Que ce soit au Caire ou à Paris, il est désormais risqué
d'être chrétien et de le proclamer. » Voilà qui renforce notre
méfiance à l'égard d'un épouvantail apparaissant, à bien des égards,
comme le « paravent d'un intégrisme paranoïaque ».
PS - La pièce controversée « a été allégée
du moment où l’on voyait des enfants jeter des grenades en plastique
sur la reproduction géante du Salvator Mundi »,
rapporte
La Croix.
19 octobre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
François Hollande prétend réenchanter la France. À cet effet,
peut-être pourrait-il l'encourager à se tourner vers les
étoiles !
Ce jeudi 20 octobre 2011 devaient être mis en orbite
les deux premiers satellites du système Galileo – l'équivalent européen
du GPS américain. Cela grâce à un lanceur Soyouz, la première fusée
russe décollant depuis la Guyane française. Située à proximité de
l'équateur, la base spatiale de Kourou bénéficie d'une situation
géographique plus avantageuse que celle de Baïkonour, au bénéfice de la
charge utile des lanceurs. Ainsi Moscou optimise-t-il l'exploitation de
ses capacités, tandis que Paris et Bruxelles investissent à moindre
coût les segments du marché qui n'étaient pas couverts par
Ariane V.
Vulnérabilités
Ce marché se développe à la mesure de la prégnance croissante
des technologies spatiales. Laquelle s'avère porteuse de
vulnérabilités. Le durcissement des satellites et la redondance des
systèmes sont censés y répondre. Il conviendrait néanmoins de préparer
les populations à un "blackaout spatial", selon Guilhem Penent,
animateur du blog De la Terre à la Lune. D'autant
qu'un tel scénario lui semble « parfaitement
envisageable », qu'il soit le fait d'une agression délibérée
ou d'un catastrophe naturelle (météorites ou tempête solaire). Dans un
ouvrage consacré à la Stratégie spatiale (Esprit
du Livre, 404 p., 25 euros), le colonel Jean-Luc
Lefebvre souligne qu'il est « stratégique [...] de disposer de
moyens autonomes pour détecter, identifier et classifier tous les
objets spatiaux pouvant représenter une indiscrétion, un risque ou une
menace ». La France bénéficie d'ores et déjà d'un système de
radar, dont on dit qu'il aurait détecté la destruction d'un satellite
par la Chine en 2007. Toutefois, avertit Guilhem Penent,
« d'importants efforts restent encore à fournir au niveau
européen ». Dans ce cadre, un système autonome de surveillance
de l'espace (SSA) pourrait être mis en œuvre à l'horizon 2020. C'est en
tout cas le vœu formulé par le Centre d'analyse stratégique, dans un
rapport présenté le 11 octobre.
Le lendemain, le Quai d'Orsay a salué la mise en orbite du
premier satellite franco-indien, preuve que l'Europe n'est pas un
horizon indépassable. Cependant, aux yeux de Laurent Wauquiez, ministre
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, « l'Union
européenne doit avoir un rôle de stratège, définir les grandes
orientations et les besoins » en matière spatiale. Paris
jouerait alors un rôle moteur, nous promet-il. De fait, selon le
gouvernement, l'industrie spatiale française représente 50 %
du chiffre d'affaires européen et 40 % des emplois. Dans le
jeu européen, Paris détient surtout une carte maîtresse. « Les
éléments les plus critiques des activités spatiales sont certainement
les installations de lancement », souligne le colonel
Lefebvre, dans un entretien publié sur le blog Egea.
« Les grandes nations spatiales en détiennent plusieurs. [...]
Le port spatial européen situé à Kourou, en Guyane française, est
unique. Il est donc assurément aussi stratégique pour l'autonomie
spatiale de l'Europe que peut l'être l'île Longue pour sa
sécurité. »
Du pétrole en Guyane
Dans ces conditions, la découverte de pétrole au large de la
Guyane doit être accueillie avec prudence, prévient le géopoliticien
Olivier Kempf. « En effet, certains esprits, arguant d'une
pauvreté résiliente, pourraient expliquer aisément que la richesse du
pétrole doit revenir aux Guyanais, sans même parler de l'exploitation
colonialiste de la métropole. [...] Dès lors, il est urgent pour la
France, si elle tient à conserver la Guyane dans la collectivité
nationale [...], de prendre un certain nombre de mesures :
augmenter rapidement les investissements en Guyane de façon à préparer
le territoire à son développement futur ; réfléchir à son
dispositif maritime et probablement le renforcer ; appuyer
plus que jamais l'éducation. L'arrivée du RSA en Guyane le
1er janvier 2011 est certes une bonne chose, mais je ne suis
pas sûr que le symbole soit très fort... (8,5 % de la
population touche le RMI). Avec 21 % de la population au
chômage, le département ne doit pas être loin du record de France. Et
en PIB par habitant [...] la Guyane est dernière nationale. »
Il appartient aux pouvoirs publics de tout mettre en œuvre pour
remédier à cette situation.