« La France est dans la merde »
27 octobre 2011
Au micro de RFR, rebond sur la polémique déclenchée par le spectacle de Romeo Castellucci.
La France est dans la merde ! Pire : elle s'y complait. C'est en tout cas le message que pourraient porter les militants d'Action française, après leur coup d'éclat de jeudi dernier. Le 20 octobre, donc, il se sont retrouvés aux prises avec les forces de l'ordre, peu disposées à tolérer leur présence place du Châtelet, dans le 1er arrondissement de Paris, à l'entrée du théâtre de la Ville.
On joue là-bas Sur le concept du visage du fils de Dieu, un pièce qui plonge le spectateur littéralement dans la merde, sous le regard du Christ dont un portrait domine la scène. C'est une représentation coprodruite par le théâtre de la Ville, dont le financement repose, dans une large mesure, sur des deniers publics. En l'occurrence, une subvention de la ville de Paris, dont le montant se serait élevé en 2007 à 10,7 millions d'euros. Naturellement, en pleine crise de la dette souveraine, on peut s'interroger sur la pertinence d'un tel investissement.
Quitte à chahuter le spectacle pour des motifs politiques, poser ce genre de question, ce serait peut-être plus intelligible que de crier au « blasphème » censé insulter la nation tout entière. Quant à la "christinophobie", dont je ne parlerai pas sans guillemets, on en mesure la prégnance à la lecture du constat selon lequel il serait désormais « risqué d'être chrétien et de le proclamer », et cela « que ce soit au Caire ou à Paris ». Les coptes apprécieront, sans nul doute, cet élan de solidarité.
C'est l'art contemporain qui est en cause. Avec sa fascination pour les selles et autres déjections, sa soif de cocktails détonants ! Ce qui n'exclut pas, dans le cas présent, un message « spirituel et christique », selon l'auteur de la pièce. Bien au contraire ! « Ce spectacle est une réflexion sur la déchéance de la beauté, sur le mystère de la fin », explique Romeo Castellucci. « Les excréments dont le vieux père incontinent se souille ne sont que la métaphore du martyre humain comme condition ultime et réelle. Le visage du Christ illumine tout ceci par la puissance de son regard et interroge chaque spectateur en profondeur. »
Cela me laisse pour le moins perplexe, mais je suis tout disposé à croire en la sincérité des propos. De la même façon, en photographiant un crucifix baigné dans l'urine, Andres Serrano a prétendu rappeler « par quelle horreur le Christ est passé ». Qu'importe les intentions, me direz-vous. Effectivement : « Aucune origine n'est belle. La beauté véritable est au terme des choses. »
Sauf que les adeptes de la "christianophobie" s'érigent non seulement en victimes, mais aussi en cibles, puisqu'ils prétendent faire l'objet d'une "phobie" particulière. L'analogie avec l'"homophobie" n'est pas gratuite, loin s'en faut : dans un cas comme dans l'autre, le terme est le produit d'une certaine propagande, et sa consécration ouvre la voie à de multiples condamnations. Les activistes catholiques sont manifestement inspirés par la Halde, c'est un comble !
Cela prêterait à sourire, s'il ne fallait craindre un réveil du laïcisme. Déstabilisée par l'islam, la République se montrait déjà mal inspirée... Donner des gages aux bouffeurs de curés arrangera-t-il quoi que ce soit à l'affaire ?
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