Manuels scolaires d'un nouveau genre
22 février 2012
Article publié dans L'Action Française 2000
Quand l'Assemblée nationale se saisit d'une polémique à la suite des Associations familiales catholiques.
L'année dernière, une polémique s'était ouverte tandis qu'on découvrait de nouveaux manuels de sciences de la vie et de la terre (SVT) destinés à des élèves de Première. La notion de "genre" s'y trouvait complaisamment présentée, quoiqu'elle ne soit pas explicitement citée dans les programmes de l'Éducation nationale. « Ce sont donc certains manuels qui [...] ont développé une approche quelque peu exploratoire de la question », soutient Xavier Breton, député UMP de l'Ain.
Un arbre de Noël
À l'automne, une commission de l'Assemblée nationale l'avait chargé d'animer un groupe de travail créé en raison de cette controverse. Dans ses conclusions, mises en ligne le 1er février, il relève un « décalage entre le pouvoir prêté au manuel et la réalité de son utilisation ». En effet, explique-t-il, « le contenu du manuel est toujours perçu comme étant prescriptif alors qu'il n'est plus conçu, comme ce fut le cas auparavant, comme un "doublon" du programme ». De fait, « le manuel ressemble désormais à un "arbre de Noël" ou à des "extraits de presse" » – un format censé « aider les enseignants à mettre en œuvre une pédagogie fondée sur le questionnement et l'interaction en classe »...
M. Breton n'en déplore pas moins un manque de concertation : « C'est uniquement à la demande des éditeurs, et donc de manière ponctuelle, que des réunions sont organisées avec la direction générale de l'enseignement scolaire et les groupes d'experts afin de présenter l'esprit » des nouveaux programmes. Revisés tous les cinq ans en moyenne, ceux-ci sont élaborés selon une procédure jugée « peu transparente ». À l'opposé, « devrait-on [...] prévoir l'organisation de débats démocratiques sur les projets de programmes ? » Selon le député de l'Ain, ce serait « prendre le risque que ces discussions débouchent sur ce que certains n'hésiteraient pas à appeler des "victoires" ou des "défaites" au regard des opinions défendues. Dans ces conditions, aux yeux d'une partie de l'opinion, l'école ne pourrait plus être ce lieu neutre où l'on acquiert des connaissances et des compétences. »
Mme Françoise Imbert, député PS de Haute-Garonne, s'accommoderait volontiers d'une telle situation. Intervenant lors d'un débat en commission, elle a jugé essentiel que les manuels scolaires soient conçus de façon à « faire évoluer les représentations de la femme dans notre société ». « Ne faisons pas de cet objet [...] l'enjeu d'une lutte politique », lui a rétorqué Jean-Pierre Giran, député UMP du Var.
Au fond, c'est bien la mission assignée à l'École qui est en cause. La tentation est grande de l'instrumentaliser à des fins idéologiques. Or, à la faveur de l'indignation relayée par les Association familiales catholiques, plusieurs parlementaires ont suggéré que le choix des manuels soit soumis à l'approbation de l'État, ou du moins orienté par l'attribution d'un label officiel. C'est dire la perversité de la République, susceptible de retourner à son avantage les critiques les plus légitimes...