Hollande face à Poutine
21 juin 2012
Article publié dans L'Action Française 2000
À l'issue d'un entretien avec Vladimir Poutine, le président de la République s'est présenté devant la presse aux côtés de son homologue russe, offrant aux journalistes un contraste saisissant...
Le président russe, Vladimir Poutine, a rencontré François Hollande le 1er juin 2012. Devant la presse, tandis que son homologue français nageait dans les vacuités, il s'est risqué à aborder les questions les plus épineuses.
À commencer par celle du bouclier antimissile. À ce propos, a-t-il déclaré, « la France est un des rares pays qui non seulement nous écoute [mais] nous entend aussi ». Paris semble d'autant mieux placé pour jouer les médiateurs avec Washington qu'il est peut-être le seul, en Europe, à disposer des compétences industrielles en jeu dans la défense antimissile, et donc de l'expertise requise pour une discussion "d'égal à égal". « Il nous faut [...] des garanties militaires et technologiques qui seraient consacrées par des textes juridiquement contraignants », a martelé Vladimir Poutine, qui ne se satisfera pas de quelques paroles rassurantes. « On nous a promis de ne pas élargir l'Otan, ensuite de ne pas déployer les bases militaires », a-t-il rappelé, « mais l'Otan continue à s'élargir vers l'Est, et les bases militaires poussent comme des champignons autour de nos frontières ».
Évoquant la Syrie, le président russe s'est gardé d'apparaître comme un thuriféraire insensible de la Realpolitik : « Lorsque j'entends que la Russie a des intérêts spécifiques dans ce pays, je peux vous dire que c'est une erreur totale », a-t-il déclaré. Les victimes civiles le préoccuperaient davantage. Or a-t-il laissé entendre, les perspectives d'ingérence doivent être abordées avec prudence : « Regardez ce qui se passe en Irak, en Libye, dans d'autres pays de la région. Est-ce que ces pays sont devenus plus sûrs, vers quoi évoluent-ils ? Nous proposons, s'agissant de la Syrie, d'agir de façon très correcte, de façon très pondérée. »
Enfin, alors qu'un journaliste lui demandait si Moscou accepterait d'accueillir le président syrien et sa famille, Vladimir Poutine a lancé cette pique contre la France : « S'agissant de Monsieur Assad, je peux vous dire qu'il a visité beaucoup plus souvent Paris que Moscou. » « Sur les visites du président Assad père et fils, je n'ai aucune responsabilité » a répondu François Hollande, manifestement décidé à incarner, courageusement, la continuité de l'État.