À l'école de la propagande
2 janvier 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Chantre de l'égalité, le gouvernement entend surveiller l'expression des internautes, mais aussi inculquer ses principes aux enfants, cela dès le plus jeune âge. En s'inspirant, vraisemblablement, des "études de genre".
L'"homophobie", voilà l'ennemi ! Du moins a-t-elle été désignée comme telle par Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement. « Il y a quelques jours, le réseau Twitter a été le support [...] d'un déferlement de propos d'une violence rare à l'endroit des personnes homosexuelles », a-t-elle déploré dans une tribune publiée par Le Monde vendredi dernier, 28 décembre 2012.
Suicides sur Twitter
Or, selon le ministre, « les messages ainsi maintenus en accès libre [...] ont pu présenter un danger pour des jeunes homosexuels de notre pays ». En effet, « à l'âge où les questionnements sur la sexualité apparaissent », ils seraient « très sensibles aux violences, y compris verbales, homophobes » - lesquelles seraient « la première cause de suicide chez les adolescents dans notre pays ». En conséquence, « sans préjudice d'éventuelles actions judiciaires », Mme Vallaud-Belkacem en appelle « au sens des responsabilités de l'entreprise Twitter inc., pour qu'elle contribue à prévenir et à éviter de tels débordements ». Celle-ci est invitée à entamer des discussions le 7 janvier.
Canalisant l'expression des internautes, le gouvernement entend, par ailleurs, façonner les con-sciences : de la maternelle au lycée, « l'éducation à l'égalité des sexes doit devenir une pratique quotidienne », a-t-il annoncé le 14 décembre. Dès la rentrée 2013, « les classes de grande section de maternelle et des écoles élémentaires de cinq académies expérimenteront "l'ABCD de l'égalité" » - un « outil pédagogique » censé permettre aux enseignants et à leurs élèves « de travailler sur les connaissances et les comportements de chacun envers le sexe opposé ». Dans les collèges et lycées, « des actions de sensibilisation pour lutter contre le harcèlement et les violences sexistes verront le jour ». En outre, les futurs enseignants « bénéficieront d'un module de formation spécifique au sein des écoles supérieures de professorat et de l'éducation » dédié « à la "lutte contre les stéréotypes de genre dans les pratiques professionnelles" ».
Changer les rôles
Déplorant que l'orientation des élèves soit « souvent le résultat de stéréotypes intériorisés », les pouvoirs publics vont mettre en valeur « les trajectoires de femmes ayant réussi dans des métiers "dits d'homme", et inversement ». Enfin, le gouvernement promet « un nouveau plan d'action pour l'éducation à la sexualité » censé « traiter la sexualité dans toutes ses dimensions : physiologique, psychologique, sociale, éthique et culturelle ». En s'inspirant des gender studies ? Cela n'aurait rien d'étonnant. Début décembre, Mme Virginie Duby-Muller, député UMP de Haute-Savoie, a déposé à l'Assemblée nationale une proposition de résolution « tendant à la création d'une commission d'enquête sur l'introduction et la diffusion de la théorie du gender en France ». À cette occasion, elle a rappelé, entre autres, l'existence de la crèche Bourdarias en Seine-Saint-Denis : « une crèche dont, depuis avril 2009, les équipes, qui ont été formées par des spécialistes suédois, pratiquent une pédagogie "active égalitaire" et se mobilisent pour lutter contre les stéréotypes de genre qui assignent les enfants à des rôles différents en fonction de leur sexe - "on encourage les filles à manier le marteau à l'atelier bricolage et les garçons à s'exprimer à l'atelier émotions" ». Or « cette expérience pilote intéresse le gouvernement puisque Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des Femmes et Dominique Bertinotti, ministre déléguée [sic] à la Famille l'ont visitée en septembre dernier et affirmé clairement leur désir de multiplier ce type de dispositif, et de réfléchir à la formation et à la pratique des professionnels de la petite enfance ».
Cependant, rappelle encore Mme Duby-Muller, le 23 novembre 2012, le tribunal administratif de Paris a annulé l'agrément "Éducation nationale" dont bénéficiait SOS homophobie, en tant qu'association éducative complémentaire de l'enseignement public, pour atteinte au principe de neutralité qui s'impose aux associations intervenant dans l'enseignement public, ainsi que pour atteinte aux convictions religieuses et philosophiques des élèves, de leurs parents ou des enseignants. Preuve que le bourrage de crânes rencontre encore quelques obstacles.