Cacophonie islamophobe
7 mars 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Une proposition de loi a été déposée à l'Assemblée nationale afin d'interdire « le financement par des États étrangers des cours d'arabe donnés en France ».
Son auteur, Damien Meslot, député UMP de Belfort, déplore que « dans certains quartiers sensibles, des cours d'arabe, financés par des réseaux occultes venant de l'étranger, prodiguent des enseignements dont le contenu véhicule des messages extrémistes ». Lesquels constitueraient, selon lui, « des appels aux troubles de l'ordre public ».
Son argumentation nous apparaît quelque peu bancale. En effet, si ces cours constituaient effectivement « un danger pour la sécurité de notre territoire national », pourquoi faudrait-il les interdire au regard de leur financement, et non de leur nature même ? Quant à la volonté de préserver la France de l'influence étrangère, elle n'est pas manifeste, le texte proposé visant seulement à la protéger des États « non partie à la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ». Autrement dit, Washington et Ryad seraient affectés, mais pas Berlin et Ankara, par exemple.
Aussi cette proposition de loi relève-t-elle, à nos yeux, du pur affichage. De fait, la hantise de l'islam se prête à la démagogie tout autant que son apologie. En outre, si ce texte devait être examiné par l'Assemblée, celle-ci se trouverait confrontée à deux écueils. D'une part, elle devrait s'inquiéter des réactions internationales, et notamment des représailles susceptibles d'entraver la "diplomatie d'influence" mise en œuvre par la France, forte d'un vaste réseau d'enseignement à l'étranger. D'autre part, elle risquerait de museler la liberté d'expression à nos propres dépens. En effet, tandis qu'il fustige l'islamisme. M. Meslot pointe « des messages contraires aux valeurs de la République ». Si bien que les royalistes pourraient être les premiers à faire les frais de sa politique... Prudence !