Le sexisme, voilà l'ennemi !
21 mars 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Les "études de genre" inspirent décidément moult politiques publiques. Un exemple parmi d'autres nous en est donné en Seine-Saint-Denis, où le Conseil général a lancé une initiative à l'intention des collégiens.
À l'occasion de la journée de la femme, célébrée le 8 mars 2013, le gouvernement a réaffirmé sa volonté d'œuvrer quotidiennement en faveur de l'égalité des sexes. Cela avec le soutien des collectivités locales et du monde associatif, comme en témoigne la présentation d'un calendrier recensant autant d'événements organisés en ce sens qu'il y a de jours dans l'année.
Changer la langue
Parmi les initiatives mises en exergue figure celle du conseil général de Seine-Saint-Denis, dont le président, le socialiste Stéphane Troussel, s'inspire manifestement des "études de genre". Selon lui, en effet, « de la crèche au monde du travail, en passant par l'école et l'université, nombreuses sont encore les occasions d'observer des comportements sexistes, hérités d'une domination masculine ancestrale qui assigne à chaque sexe des rôles et des fonctions dans la vie professionnelle et familiale ». Aussi son département s'est-il attaché à mobiliser les « jeunes contre le sexisme ». Lequel consiste, selon le conseil général de Seine-Saint-Denis, « à inscrire la différence entre les hommes et les femmes dans un rapport hiérarchique de domination et à considérer, comme en grammaire, que le masculin l'emporte sur le féminin ». D'où l'inclination de M. Troussel à revisiter la langue française : « nous n'entendons pas seulement déconstruire les idées reçues à partir d'une réflexion théorique, mais aussi et surtout travailler avec tou-te-s les professionnel-le-s concerné-e-s pour partager les expériences et mutualiser les bonnes pratiques », explique-t-il dans un jargon devenu convenu.
Poupées et pistolets
Chaque année, mille cinq cents collégiens (des élèves de troisième) sont donc conviés à des représentations théâtrales où se jouent, avec leur participation, « des scènes sur des situations de discriminations ou de violences sexistes ». S'ensuivent des discussions en classe, la désignation de délégués censés « dialoguer avec les élu-e-s et présenter des propositions pour lutter contre les comportements sexistes », puis leur concrétisation sous forme d'affiches ou de DVD, par exemple. Preuve que le message est passé, dans un collège de Montreuil, la définition suivante a été élaborée : « Le sexisme, c'est habituer les garçons à jouer avec des jeux plutôt violents et de domination et habituer les filles à jouer à la dînette et aux barbies. » Dans la plupart des établissements, cependant, il semblerait que l'enfumage idéologique soit relégué au second plan : la dénonciation des "mains aux fesses", la prévention des viols, la critique des grands frères trop possessifs, voire la hantise des mariages forcés, occupent apparemment le devant de la scène. « En somme, ce que les adolescents de Seine-Saint-Denis ont exprimé, par leur participation au théâtre-forum, c'est l'idée que la différence qui les sépare en garçons et filles est, certes, une différence incontournable, mais qui fait d'eux des être plutôt complémentaires », analyse l'anthropologue Françoise Douaire-Marsaudon.
L'image de la mère
En Île-de-France, où un dispositif similaire a été mis en œuvre à l'intention des lycéens, Mme Henriette Zoughebi, vice-présidente du conseil régional, n'en continue pas moins de dénoncer « l'instrumentalisation des différences biologiques entre les filles et les garçons » sur lesquelles reposeraient des inégalités d'autant moins justifiées qu'il y aurait, selon elle, « autant de différences entre une fille et un garçon, qu'entre deux garçons ou deux filles ». Cela aura vraisemblablement échappé au jeune Ahmed, qui dit respecter les femmes parce que « c'est dans leur ventre qu'on s'est formé ». Mais aussi à Mme Valérie Trierweiler, qui a visité une maternité – précisément en Seine-Saint-Denis - pour fêter, à sa façon, la journée de la femme. Une démarche éminemment "sexiste" au regard des conceptions de Mme Zoughebi, selon laquelle « nos envies, nos projets ne doivent pas être réduits par un facteur biologique, le sexe ». De son point de vue, « quand nous nous laissons enfermer dans des identités sexuées, nous renonçons à une part de notre liberté ». En est-elle vraiment convaincue ?