Internet : une liberté très encadrée
31 juillet 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Les propos à connotation raciste tenus sur la Toile ne sont pas les seuls passibles d'une condamnation judiciaire.
La Toile n'est pas une zone de non droit, clament les responsables politiques. La justice vient de le confirmer récemment. Pour avoir relayé sur Facebook une image comparant Chritiane Taubira à un singe, et l'avoir assumé devant des caméras de télévision, Anne-Sophie Leclère a été condamnée à neuf mois de prison ferme et 50 00 euros d'amende. Avait-elle conscience de la peine encourue ? Le cas échéant, sans doute se serait-elle davantage investie dans sa défense.
L'endroit à éviter
Cela étant, les lois réprimant le racisme sont loin d'être les seules auxquelles s'exposent les internautes. Déçue par un restaurant, une blogueuse avait dénoncé « l'endroit à éviter au Cap-Ferret ». Or, cela « constitue un dénigrement manifeste destiné à faire fuir des clients potentiels avant même toute lecture », a estimé le tribunal de grande instance de Bordeaux. Aussi la critique en herbe a-t-elle été condamnée à verser « 1 500 euros à titre de provision sur dommages et intérêts et 1 000 euros de frais de procédures », rapporte Le Figaro. « La blogueuse, qui s'est dite "très étonnée" de cette décision, ne fera pas appel, en partie pour des raisons financières », précisent nos confrères. Quant au restaurateur, qui aurait porté l'affaire devant la justice sans tenter aucune conciliation amiable au préalable, il s'est attiré les foudres des internautes, si bien qu'en voulant rétablir sa réputation, il a peut-être contribué à l'aggraver... Une fois de plus, la censure s'avère contreproductive. C'est une nouvelle illustration de "l'effet Streisand", dont on se souvient qu'il avait été pitoyablement négligé, voilà un peu plus d'un an, par feue la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), qui s'était attaquée à Wikipedia.
Effet Streisand
Un effet comparable semble à l'œuvre dans l'affaire Taubira-Leclère. « Il est impossible de [...] critiquer » le garde des Sceaux, écrivait Aristide Leucate dans le dernier numéro de L'Action Française 2000 (n° 2890 du 17 juillet 2014). « Par une odieuse mécanique rhétorique », expliquait-il « elle neutralise d'avance toute contestation à son encontre par une assimilation a priori de celle-ci à une attaque à sa propre personne, donc à du racisme ». Considérant la sévérité de la peine infligée par les juges de Cayenne, l'opinion publique ne sera-t-elle pas d'autant plus tentée de lui donner raison ? Nos confrères de Libération s'en sont eux-mêmes inquiétés : « De quelque manière qu'elle s'en défende - si elle se soucie de s'en défendre - Christiane Taubira sera désormais soupçonnée d'avoir manœuvré obliquement le marteau-pilon », observe Daniel Schneidermann. Ce faisant, bien qu'elle prétende enrayer la parole raciste, peut-être la justice et les pouvoirs publics prennent-ils le risque de la légitimer.