La prohibition en débat
17 septembre 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Interdire est une chose. Éradiquer en est une autre...
Un projet de loi autorisant l'ouverture de « salles de consommation contrôlée de stupéfiants » devrait être présenté le 1er octobre. Après que l'Insee eut intégré le trafic de drogues dans le calcul du PIB, s'agit-il d'un pas supplémentaire vers la banalisation d'un certain nombre de psychotropes ? Peut-être la France suivra-t-elle la tendance observée outre-Atlantique, où le Colorado et l'État de Washington ont autorisé l'usage "récréatif" du cannabis.
« Pourquoi, à propos des drogues, faudrait-il faire exception au principe que chacun peut mener sa vie comme il l'entend ? », se demandent, par exemple, les auteurs d'un Dictionnaire du libéralisme (sous la direction de Mathieu Laine, Larousse, 2012). « Pourquoi des mesures simples comme la diffusion d'une information fiable sur les propriétés de ces produits, une règlementation minimale de leur usage et une application stricte du principe de la responsabilité de leurs consommateurs à l'égard des tiers susceptibles d'être concernés ne suffiraient-elles pas, comme c'est aujourd'hui le cas pour l'alcool ? » Le bien commun exige de l'État qu'il se préoccupe de la santé publique, répondent naturellement leurs détracteurs. « La dépénalisation des activités liées à l'usage des drogues ne reviendrait de toute façon pas à vouloir les favoriser », est-il rétorqué à ces derniers. N'est-ce pas ignorer les vertus pédagogiques, sinon morales, que l'on prête à la loi ?
Étant donné le nombre de joints roulés à la vue de tout un chacun, force est de constater les limites de la législation en vigueur. Il est vrai que la volonté de l'appliquer semble faire défaut, en dépit des contrôles organisés ici ou là. Qu'en serait-il dans le cas contraire ? Nos libéraux ont beau jeu de rappeler « l'expérience malheureuse de la "prohibition" aux États-Unis ente 1920 et 1933 ». Comparaison n'est pas raison. Cela étant, peut-être y a-t-il quelque enseignement à en tirer ? Les pouvoirs publics seraient bien inspirés d'y réfléchir, alors qu'ils s'apprêtent à réprimer le recours à la prostitution. Une fois n'est pas coutume, peut-être marcheront-ils dans les pas de saint Louis, qui s'était résigné à tolérer cette pratique, après avoir tenté en vain de l'éradiquer...