Critique du choc des civilisations
27 février 2015
Un article publié par U235 explique pourquoi cette notion est « une absurdité scientifique ».
Le "choc des civilisations" hante les esprits. « Pourtant », explique Olivier Schmitt, « pour les spécialistes de relations internationales, il s'agit d'un concept zombie, qui a été disqualifié de multiples fois théoriquement et empiriquement, mais qui refuse manifestement de mourir ». Aussi l'auteur de cet article se propose-t-il d'« expliquer patiemment pourquoi la notion est une absurdité scientifique ».
Au passage, il égratigne un africaniste bien connu des militants et sympathisants d'Action française : « Du fait du caractère malléable des identités », écrit-il, « toute explication des conflits sur cette base (comme par exemple les arguments de Bernard Lugan sur l'Afrique) est une absurdité. Le fait que certains éléments du monde musulman aient décidé de rentrer en conflit avec des pays occidentaux ne peut pas être réduit à une logique d'affrontement ontologique entre identités religieuses-civilisationnelles-culturelles, mais doit être remis dans le contexte d'un affrontement de projets politiques. Car c'est bien là la faiblesse des explications culturalistes des conflits : en se focalisant sur le facteur culturel-identitaire comme cause, souvent par racisme non avoué, elles sont aveugles aux logiques politiques conduisant au conflit lui-même. Manipulable, l'identité est un enjeu d'un conflit, elle n'en est jamais la cause, qui est toujours politique. » Politique d'abord, donc. Bernard Lugan se verrait-il reprocher de ne pas être suffisamment maurrassien ?
« Au final », conclut Olivier Schmitt, « la persistance du concept de "choc des civilisations", en dépit de ses multiples réfutations, est révélatrice de la difficulté à penser la complexité des interactions sociales, au sein du cadre national ou dans les relations internationales. » Voilà qui nous renvoie plus ou moins à notre marotte conspirationniste...