La crèche, un symbole dévoyé
21 décembre 2017
Article publié dans L'Action Française 2000
Un laïcisme obtus transforme la crèche en symbole identitaire.
La justice s'acharne contre les crèches ! Celle installée dernièrement par Robert Ménard vient d'en faire les frais. Hélas ! Une suspicion plane toutefois sur le maire de Béziers – comme sur tous les édiles bravant une laïcité dévoyée : trouveraient-ils le même intérêt à mettre en scène la Nativité s'ils ne risquaient pas d'être traînés devant les tribunaux ? La polémique aidant, ils apparaissent comme les hérauts d'autant plus méritants de traditions attaquées de toutes parts.
La magie de Noël !
Sans doute la légitimité prêtée à leur combat tient-elle à la hantise suscitée par l'immigration et l'islam ; que va-t-il advenir de l'identité nationale ? Dans le cas des crèches, cependant, il faut le rappeler, c'est à l'initiative de « libres penseurs
» que des interdictions sont prononcées. Quant à nos compatriotes musulmans, ils ne semblent pas indisposés par cet héritage religieux. Dans une boulangerie du Val-de-Marne, en pleine effervescence au moment du Ramadan, on n'a certes pas installé de crèche ces jours-ci, mais on a tout de même planté un sapin, avec, entre autres décorations, un bonnet de père Noël – cousin pas si lointain de saint Nicolas, une figure chrétienne donc, dont on s'étonne d'ailleurs qu'elle soit encore tolérée dans des édifices publics… À l'approche du réveillon, voilà déjà quelques années (en 2009), nos confrères des Échos avaient remarqué que « chapons, foie gras et dinde farcie halal
[avaient] fait leur apparition dans les rayons des épiceries spécialisées
». De ce point de vue, la fête de la Nativité conserve de beaux restes, tant elle s'avère encore fédératrice. C'est la magie de Noël !
Qu'en sera-t-il demain ? Peut-être les crèches vont-elles continuer à refleurir. Des cochons pourraient y être substitués aux moutons. Pour décorer un intérieur en toute saison, à côté d'une représentation de la bataille de Poitiers. Cela, au fond, avec la bénédiction des institutions républicaines, dont le laïcisme obtus contribue directement à dévoyer la crèche en étendard du combat identitaire. Les croyants n'ont pas lieu de s'en réjouir. Les profanes non plus.