La folie laïciste transcende les clivages politiques
16 avril 2018
Un sénateur Les Républicains veut bannir des écoles les quelques signes religieux encore visibles aux yeux des élèves. Appliquées à la lettre, ses propositions relèveraient d'une folie totalitaire.
Une proposition de loi a été déposée à la chambre haute afin de « renforcer l'effectivité du principe de laïcité
» et de « lutter contre le prosélytisme dans le cadre de l'enseignement public
». Son auteur, Jérôme Bascher, sénateur de l'Oise, revendique une conception manifestement radicale de la laïcité.
Cachez ce clocher que je ne saurais voir !
Son texte vise explicitement les parents accompagnateurs des sorties scolaires. Concrètement, s'il était appliqué, les femmes de confession musulmane qui portent le voile seraient obligatoirement priées de le retirer en pareille circonstance.
« L'école, et plus généralement le temps scolaire, doit demeurer un sanctuaire où aucun signe religieux ostentatoire ne doit être exposé aux élèves
», proclame Jérôme Bascher dans l'exposé des motifs. Si tel était effectivement le cas, sans doute conviendrait-il d'expurger les manuels scolaires et de mettre à l'Index bien des œuvres littéraires : le baptême de Clovis serait effacé de l'histoire de France, entre autres exemples ; quant aux Misérables de Victor Hugo, ils mettraient toujours en scène Jean Valjean, mais celui-ci n'y croiserait plus l'évêque Myriel. Par ailleurs, peut-être faudrait-il fermer les volets des salles de classe dont les fenêtres laisseraient apparaître le clocher d'un église, signe religieux ostentatoire s'il en est…
Le père Noël est une ordure
Sans aller aussi loin, le texte proposé stipule tout de même que « les propos et agissements visant à exercer une influence sur les croyances ou l'absence de croyances des élèves sont interdits dans les écoles, collèges et lycées publics, ainsi qu'aux abords immédiats de ces établissements, lors des entrées ou sorties des élèves ou dans un temps très voisin de celles-ci, et lors des sorties scolaires organisées par ces établissements
». Autrement dit, un élève pourrait être puni pour avoir raconté à un camarade de classe qu'il allait à la messe le dimanche… Ou même pour lui avoir dit s'il croyait ou non au père Noël !
Fait remarquable : cette proposition de loi ubuesque n'émane pas de la France insoumise, mais d'un élu Les Républicains. Dont acte.