Obsolescence programmée : l'association HOP s'attribue des mérites qui ne sont pas les siens
27 juillet 2018
HOP prétend avoir suscité le lancement d'une nouvelle gamme d'imprimantes. Une gamme dont les premiers modèles ont été commercialisés en 2010. C'était cinq ans avant la création de cette association…
L'association HOP s'honore d'avoir déposé en France les deux première plaintes pour « obsolescence programmée
». Deux enquêtes sont donc en cours, a-t-elle rappelé sur son site Internet aujourd'hui même, 27 juillet 2018. Un jugement sera rendu « prochainement
», annonce-t-elle avec optimisme.
En attendant, poursuit-elle, « bien qu'en apparence les grandes industries n'aient pas encore radicalement modifié leurs méthodes d'obsolescence, de (sur)production et (sur)pollution, les lignes sont en train de bouger grâce au travail de toute l'équipe HOP
». La preuve ? « Chez Epson
», par exemple, « on tente de se justifier
[…] et surtout d'innover avec des imprimantes sans encre
».
Sans doute l'association fait-elle allusion à la gamme Ecotank, dont les modèles fonctionnent sans cartouche – et non « sans encre
». Une gamme dont Epson rappelait dernièrement qu'elle avait été lancée en 2010 (avec une commercialisation dans un premier temps en Indonésie selon Les Numériques). C'était ben avant qu'une plainte soit déposée pour obsolescence programmée ! D'ailleurs, à cette date, l'association HOP n'existait pas encore. Elle n'a été créée que cinq ans plus tard, en 2015, selon les informations publiées sur son propre site Internet. Autant dire qu'elle s'attribue des mérites qui ne sont pas les siens.
D'une façon générale, elle prétend « défendre les intérêts des utilisateurs et de la planète
». Mais dans cette perspective, son action s'avère contre-productive. Dans sa cabale contre Epson, elle entretient la confusion entre la nécessité (réelle ou supposée) de changer une pièce et celle de mettre un appareil à la casse, comme on a pu le voir au cours d'un reportage diffusé sur France 2 au printemps dernier ; dans celle contre Apple, elle dénigre une initiative visant, précisément, à prolonger la durée de vie d'un smartphone équipé d'une batterie usagée – un comble !
Peut-être faut-il le rappeler : la demande qu'expriment les consommateurs au gré de leurs achats n'est pas sans incidence sur l'offre qui leur est proposée. Si une proportion plus importante d'entre eux fuyaient les ordinateurs équipés d'une mémoire soudée, par exemple, ou s'ils étaient plus nombreux à privilégier les modèles bénéficiant d'un manuel de démontage, les constructeurs ne manqueraient pas d'en tenir compte. Or, loin de les éduquer, l'association HOP les encourage à se détourner de leurs responsabilités. Elle le revendique même, par la voix de Laetitia Vasseur, selon laquelle « il paraît essentiel de ne pas moraliser le consommateur, avant tout victime de l'obsolescence accélérée des produits
». Dont acte.