Un "gaulliste" à Bruxelles
4 février 2011
Article publié dans L'Action Française 2000
Actualité de la défense européenne.
Alain Juppé s'est rendu à Bruxelles le 27 janvier. Ce faisant, conformément aux priorités qu'il avait exposées en présentant ses vœux au personnel de la Défense, le ministre entendait « redonner des couleurs à l'Europe de la Défense ». Laquelle, dans son acception la plus stricte (autrement dit, dans le cadre de l'Union européenne), semblait boudée par Paris, en pleine idylle avec Londres.
Reprenant le refrain des gaullistes plus ou moins reconvertis dans la quête d'une Europe puissance, Alain Juppé a martelé que le Vieux Continent « ne [pouvait] prétendre à un rôle au niveau international [s'il n'était] pas en capacité d'assurer sa sécurité de manière autonome ». Incantation somme toute gratuite, que seule la crise finira, peut-être, par enraciner dans quelque timide réalité.
À la faveur des restrictions budgétaires, en effet, la "mutualisation" est dans toutes les bouches, sinon dans tous les esprits. Mais l'Allemagne vient de renoncer à treize des cinquante-trois Airbus A400M qu'elle avait commandés. Quant aux Suédois, « ils achètent US et font la nique à l'hélicoptère européen » selon le constat de notre confrère Nicolas Gros-Verheyde, visiblement désabusé.
Réunis à Bruxelles le 31 janvier, les ministres de la Défense de l'Union européenne ont adopté des conclusions sur la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC), réduites à trois paragraphes – ce qui nous épargnera, pour une fois, le verbiage inutile propre à ces documents. Ils invitent Mme Catherine Ashton, Haut Représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, à plancher sur les axes de travail que lui avaient soumis la France, l'Allemagne et la Pologne (le triangle de Weimar) en décembre dernier : renforcement des capacités industrielles ; amélioration de la coopération UE-Otan, plombée par le différend opposant Chypre et la Turquie ; mise en place de capacités permanentes de planification et de conduite des opérations, à défaut d'un véritable état-major, récusé par les Britanniques ; élargissement des missions potentielles des groupements tactiques, qui pourraient intervenir pour des opérations humanitaires – ce qui leur donnerait, certes, un semblant d'utilité.
En définitive, l'adoption d'un accord-cadre avec le Monténégro apparaît comme le seule avancée tangible réalisée par la PSDC en ce début d'année.
Un commentaire pour "Un "gaulliste" à Bruxelles"
Catoneo
Le 6 février 2011 à 9 h 29 min
J'aime bien la chute ! 🙂