Des nouvelles phobies scolaires

31 juillet 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

Parmi les mission assignées à l'École figure désormais la lutte contre l'"homophobie", qu'il conviendrait d'élargir aux "transphobies" et autres "phobies" connexes, selon un rapport sollicité par la Rue de Grenelle. Morceaux choisis.

Les pouvoirs publics n'en finissent pas de désigner de nouveaux fléaux sociaux. Parmi ceux-ci figurent désormais les "LGBT-phobies". Lesquelles « doivent être abordées avec la même force et les mêmes convictions républicaines que le racisme, l'antisémitisme ou le sexisme par l'ensemble des acteurs de la communauté éducative », soutient Michel Teychenné, auteur d'un rapport commandé par le ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon.

LGBT-phobie

En préambule, l'auteur propose la définition suivante de la "LGBT-phobie" : « peur, rejet ou aversion, souvent sous la forme d'attitudes stigmatisantes, de comportements discriminatoires ou de violences envers les lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuel(le)s ». On devine qu'elle se décline sous des formes diverses. Moqueries et insultes seraient, parait-il, les plus répandues. Leur « banalisation » serait même observée « dès l'école primaire », où « l'emploi de mots comme "pédé" ou "enculé", par exemple, n'est d'ailleurs souvent pas conscientisé par le jeune ». Les instituteurs devront-ils expliquer aux élèves ce dont il retourne ? On leur souhaite bien du plaisir ! Selon le rapporteur, « une éducation sur les stéréotypes, les préjugés, les rôles ou l'identité peut être mise en place dès le plus jeune âge [...] afin de conduire à l'acceptation de la diversité humaine, y compris de la transidentité ou de la transgression du genre ». À l'école primaire, précise-t-il, « c'est au travers notamment de la diversité des familles, de l'homoparentalité, du refus des insultes et des discriminations que le sujet peut être abordé ». Soucieux d'« agir sur les représentations et les préjugés », il entend « valoriser des représentations positives des LGBT en assurant une meilleure visibilité de l'homosexualité et de la transsexualité à l'école ». Autre proposition, plus explicite : « sensibiliser à ces questions les éditeurs de manuels scolaires qui pourront notamment s'appuyer sur les travaux et les recommandations de la Halde ». Laquelle regrettait, par exemple, que nulle mention ne soit faite, dans les manuels de SVT (sciences de la vie et de la terre), des comportements homosexuels observés parfois chez les animaux.

Vingt-cinq mille élèves

« En Europe occidentale », déplore M. Teychenné, « la France est en retard en matière de politiques publiques de lutte contre les LGBT-phobies à l'école ». L'année dernière, vingt-cinq mille élèves de l'enseignement secondaire (2,6 % des effectifs) auraient bénéficié d'une intervention de « sensibilisation aux discriminations LGBT ». Certains établissements se distinguent, comme à Saint-Étienne, où des lycéens ont participé au "festival du film gay et lesbien". La moitié des conseils académiques de vie lycéenne (CAVL) auraient demandé « à se saisir des problématiques des LGBT-phobies au lycée ». En revanche, la promotion de la ligne Azur, mise en place à l'intention des adolescents s'interrogeant sur leur sexualité, aurait rencontré quelques ratés : « Environ la moitié des établissements n'ont pas diffusé les affiches. Quant aux établissements qui les ont utilisées, la moitié les a installées uniquement à ou près de l'infirmerie. Seuls un quart des établissements les ont placardées dans un lieu de passage, comme demandé dans le courrier d'accompagnement. » Qu'en est-il dans le privé ? « Les échanges que j'ai eus avec le secrétariat général de l'enseignement catholique laissent entrevoir une prise de conscience des dangers de l'homophobie », confie le rapporteur. Selon lui, « dans le respect de la spécificité de l'enseignement catholique, la mise en place d'un dispositif propre à l'enseignement catholique sous contrat pourrait être envisagée de façon complémentaire à [ses] recommandations ».

Constructivisme

Peut-être les responsables de l'enseignement catholique s'inquiètent-ils sincèrement de la détresse des jeunes homosexuels. « Parmi les adolescents et jeunes adultes », souligne François Beck, du département enquêtes et analyses statistiques de l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), « les populations LGBT ont deux à sept fois plus de risques d'effectuer une ou plusieurs tentative(s) de suicide au cours de leur vie que les populations hétérosexuelles ». « Ces risques sont de deux à quatre fois supérieurs pour les filles, et de cinq à dix fois pour les garçons, ce qui représente des dizaines de suicides chaque année », précise Michel Teychenné. Or, selon lui, « la prévention du suicide chez les jeunes LGBT sera d'autant plus efficace que le climat scolaire sera inclusif et que les équipes éducatives seront sensibilisées et formées à lutter contre les LGBT-phobies ». De son point de vue, « l'ensemble des actions mises en œuvre doivent viser à déconstruire les préjugés, idées fausses et stéréotypes ». D'ailleurs, explique-t-il, « homophobie, transphobie et discriminations envers les femmes » participeraient « du même ordre sexuel dans lequel les rapports sociaux correspondent à une hiérarchie des genres et des sexes ». Et de pointer un « un contexte normatif où tout le monde est présupposé hétérosexuel ». Peut-être espère-t-il changer la donne ? Ce serait verser, nous semble-t-il, dans un volontarisme bien utopique.

Laissez un commentaire