Délation 2.0
6 janvier 2014
Projet de billet avorté pour L'Action Française 2000.
Ouvrant la session de l'IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale), l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées (CEMA), a cité Antonio Gramsci, se demandant s'il était l'auteur d'un constat ou d'une prémonition : « L'ancien monde est en train de mourir, un nouveau monde est en train de naître mais, dans cette période intermédiaire, des monstres peuvent apparaître. »
Pareille inquiétude n'est pas le propre des militaires à l'affut des bouleversements géopolitiques, loin s'en faut. Qu'adviendra-t-il de la société que nous contribuerons à façonner au cours de la nouvelle année ? Tandis que nos faits et gestes sont archivés dans le nuage informatique - quand bien même nous nous refuserions à nous exhiber sur les réseaux sociaux -, la hantise d'une surveillance généralisée est devenue convenue. Des regards accusateurs se sont tournés vers Google, la NSA, la loi de programmation militaire... Mais qu'en est-il de votre voisin ? L'internet offre des opportunités inédites aux activistes politiques. Que ce soit pour organiser la Manif pour tous ou traquer l'ennemi. À la faveur d'un piratage, les coordonnées des sympathisants supposés de Dieudonné ont été livrés à la vindicte militante. On devine que la Toile n'a plus rien de virtuel pour les victimes d'expéditions punitives. S'attaquant à d'autres cibles, les Anonymous s'étaient déjà essayés à la délation en ligne...
Dans le cas présent, le trouble à l'ordre public étant désormais caractérisé, peut-être cela donnera-t-il quelque crédibilité aux gesticulations du ministre de l'Intérieur. Preuve que la politique reprend encore ses droits, fût-ce à mauvais escient ?