Europe des régions : le fantasme à l'épreuve des faits
22 juin 2014
S'inscrivant dans un vaste complot mondialiste, l'Union européenne serait le promoteur zélé de l'"Europe des régions", selon la thèse popularisée notamment Pierre Hillard. À cette aune, il est piquant d'apprendre que la NVA, le principal parti indépendantiste flamand, va finalement rejoindre un groupe eurosceptique au Parlement européen.
« Ce choix est loin d'être anodin, puisque le parti de Bart De Wever va siéger non seulement aux côtés des conservateurs britanniques, du Parti démocratique civique tchèque, du PiS polonais (Droit et Justice dirigé par Jaroslaw Kaczynski), mais aussi des anti-euros allemands de Alternativ für Deutschland ou de l'extrême droite des "Grecs indépendants", du Parti populaire danois et des "Vrais Finlandais" », rapporte notre confrère Jean Quatremer. De son point de vue, « l'affaire est d'autant plus surprenante qu'il s'agit là d'un véritable coming out d'un parti qui affichait jusqu'ici son europhilie ».
De fait, cela relève vraisemblablement d'un choix opportuniste, guidé par des calculs de politique intérieure, davantage que d'un véritable enracinement idéologique. Cela étant, on rappellera que la Ligue du Nord, tout comme le Vlaams Belang, se sont alliés au Front national, dont l'ambition serait, précisément, de « bloquer l'Europe »...
Quant à la Commission européenne, elle s'est montrée pour le moins réservée, tandis que la Catalogne sollicitait une adhésion automatique à l'UE dans la perspective de son indépendance. « L'UE fonctionne sur la base des traités, applicables seulement dans les États membres qui les ont adoptés et ratifiés », a martelé Jose Manuel Barroso. « Si une partie du territoire d'un État membre cesse de faire partie d'un État pour devenir un nouvel État indépendant, les traités ne seront plus d'application dans cette région », a-t-il expliqué.
Bref, n'en déplaise aux conspirationnistes, à l'approche des référendums annoncés à l'automne en Catalogne et en Écosse, les "eurocrates", comme ils disent, semblent peu enclins à soutenir les velléités indépendantistes menaçant l'unité des États européens. Rien d'étonnant à cela : en dépit de l'accroissement des pouvoirs du Parlement européen, c'est toujours à ceux-ci qu'ils doivent leur fauteuil.
NB – Les indépendantistes flamands de la NVA ne sont pas en reste. Les députés élus au Parlement européen sous cette étiquette vont siéger aux côtés des conservateurs britanniques, réputés eurosceptiques, au sein du groupe CRE. Mais sans doute s'agit-il d'une manœuvre téléguidée par l'oligarchie mondialiste pour brouiller les pisses !