La réinformation par l'exemple
25 juin 2014
N'en déplaise à la réacosphère, comptabiliser des interpellations policières ne rend pas compte des condamnations judiciaires.
Après qu'une victoire de l'Algérie eut été fêtée bruyamment à Lyon par des supporters en manque de racines, Nouvelles de France a publié ce commentaire vindicatif : « La DDSP [Direction départementale de la sécurité publique] a communiqué ce matin les interpellations de la nuit : un jeune âgé de dix-huit ans (à Givors) après avoir visé des policiers avec un laser depuis l'arrière d'une voiture et un individu de vingt et un ans (dans le 7e arrondissement de Lyon) pour avoir insulté des CRS qui bloquaient le pont de la Guillotière. Les incendies et le pillage resteront, eux, impunis... »
Peut-être le resteront-ils effectivement, mais ce n'est pas l'ampleur des interpellations qui permet de le dire. À ce titre, l'expérience de la Manif pour tous apparaît d'ailleurs révélatrice : si l'exécutif a vraisemblablement abusé des interpellations et autres gardes à vue, censées illustrer sa fermeté face au péril réactionnaire, la justice, quant à elle, ne s'est exprimée que dans quelques cas somme toute rarissimes.
N'accablons pas Nouvelles de France, d'autant que ce site-là se distingue par sa culture journalistique et une certaine ouverture au sein de la réacosphère. Cette confusion n'est pas leur exclusivité, loin s'en faut. Elle est même inhérente au système médiatique, dont les travers n'épargnent pas les "réinformateurs", comme ils aiment à se présenter – bien au contraire !