De Gallo à Maurras
16 avril 2009
Article publié dans L'Action Française 2000
Promu à Pâques commandeur dans l'ordre de la Légion d'honneur, Max Gallo entretient sa "fibre nationale" en embrassant l'histoire capétienne, tout en renouvelant son soutien à Nicolas Sarkozy.
Max Gallo s'est souvent attiré les sympathies de l'Action française. Saluant la réception de ce « patriote » à l'Académie française, Pierre Lafarge écrivait dans notre numéro du 17 janvier 2008 : « Cet ancien thuriféraire de Robespierre a fini par comprendre que la France était née avant 1789 et que sa construction devait tout aux capétiens. »
L'historien-romancier le confirme dans un entretien publié par Le Parisien le 5 avril : « Pourquoi l'histoire est-elle à ce point la matière, le ciment de notre communauté ? Parce que nous sommes une nation qui s'est construite à partir de la volonté d'une certaine famille, d'une certaine région, l'Île-de-France. C'est une nation politique. Nous ne sommes pas une race. [...] Je crois que c'est une particularité française. »
Nos lecteurs apprécieront son affirmation de la persistance du fait national, ainsi que son appel au « coup d'État institutionnel » en Europe, mais les plus virulents à l'égard de Nicolas Sarkozy déchanteront : Max Gallo salue la capacité du président de la République « à échapper au formalisme des institutions », renouvelant sans ambiguïté le soutien qu'il lui avait apporté en 2007.
La gauche ou la droite ?
Interrogé sur la "normalisation" des rapports avec l'Otan, l'ancien chevènementiste observe que « dans la situation actuelle, la non-participation de la France au commandement intégré [...] aurait été une aberration ». Plus étonnant : il compare volontiers l'élection de Nicolas Sarkozy à celle de Barack Obama, preuve que « le peuple français n'est pas un peuple xénophobe ». Les médias n'avaient pas fait tout une affaire de la présidentielle française, c'est peut-être la différence.
L'académicien s'autorise tout de même quelques critiques : « Sarkozy n'a pas pris conscience rapidement du fait qu'il y a dans l'exercice du pouvoir, en France, un aspect symbolique qui doit être respecté. [...] L'idée du sacré doit être préservée. [...] Il y a des événements qui ont pu me choquer. J'aurais préféré que la soirée des résultats se passe ailleurs qu'au Fouquet's. Bien qu'ayant accompagné le président au Vatican, sa formulation sur le prêtre et l'instituteur n'est pas la mienne. »
Interrogé sur ses rapports avec la gauche, Max Gallo rétorque : « Je n'appartiens plus à la famille des formations politiques qui se situent à gauche. Je ne dis pas qu'elles n'arriveront pas au pouvoir mais elles ne m'intéressent pas. En revanche, si être de gauche, c'est penser que le but de tout homme politique est de briser les déterminismes sociaux et biologiques, je suis tout à fait pour la gauche. » Dans ce cas, nous serons pour la droite !
Certes, « trop perpétuées, les inégalités outrées peuvent tendre à capter une somme de biens qui seraient ainsi rendus inutiles et stériles ». Mais l'État « ne peut gérer l'intérêt public qu'à la condition d'utiliser avec une passion lucide les ressorts variés de la nature sociale, tels qu'ils sont, tels qu'ils jouent, tels qu'ils rendent service. L'État doit se garder de prétendre à la tâche impossible de les réviser et de les changer ; c'est un mauvais prétexte que la "justice sociale" : elle est le petit nom de l'égalité. L'État politique doit éviter de s'attaquer aux infrastructures de l'état social qu'il ne peut pas atteindre et qu'il n'atteindra pas, mais contre lesquelles ses entreprises imbéciles peuvent causer de généreuses blessures à ses sujets et à lui-même. » (Charles Maurras, La Politique naturelle)
Il appartient à la puissance publique, tout à la fois, de mettre à profit et de tempérer les déterminismes naturels et sociaux, non de s'y opposer. C'est pourquoi nous respectons la différence des sexes tout en récusant le "machisme" ; notre aversion pour la "discrimination positive" procède de la même conviction. L'actualité nous donne régulièrement l'occasion de l'expliciter.
Un commentaire pour "De Gallo à Maurras"
Solene Berthelots
Le 4 avril 2012 à 21 h 36 min
D'ailleurs, en matière d'académicien, ll semblerait que le célèbre libraire Monsieur Collard, qui a fondé la librairie Griffe Noire, envisage de se présenter pour être académicien !!!. Je suis convaincu que ça donnerait un 2nd élan à la noble institution, foi de Saint Maurien. Qu'en pensez-vous ?