L'armée réclame un roi

2 avril 2009
Article publié dans L'Action Française 2000

La guerre est une chose trop sérieuse pour la laisser faire par des républicains... Commentaire d'un discours prononcé par le chef d'état-major des armées.

À l'approche du soixantième anniversaire de la signature du traité de l'Atlantique Nord, un colloque sur « la France, la défense européenne et l'OTAN au XXIe siècle » s'est tenu le 11 mars sous l'égide de la Fondation pour la Recherche stratégique (www.frstrategie.org). Parmi les intervenants : le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées (CEMA).

Évidemment, on ne relève dans son discours aucune réserve quant à la politique du président de la République, qui exposa en fin de journée ses arguments en faveur du retour de la France dans le commandement militaire intégré de lOTAN : « Mon expérience présente [...] me montre que notre appareil militaire n'est en rien affaibli ou affecté par nos engagements dans le cadre de cette organisation », affirme le CEMA. Incidemment, il renvoie à quelques vérités que la démocratie feint d'ignorer.

En dépit d'un « sentiment d'insularité stratégique », consécutif à « l'absence de menace immédiate à nos frontières et [à] l'effacement apparent du spectre de la guerre interétatique », le général observe que « l'horizon d'un soldat reste [...] dominé par la prise de risque et l'hypothèse du sacrifice ultime ». Un sacrifice difficile à justifier sans invoquer « le lien consubstantiel qui unit le militaire à sa nation ». Or, à l'heure ou la plupart des engagements interviennent « au profit d'une entité internationale ou d'une alliance militaire », le CEMA se trouve confronté à un défi : dans ces conditions, comment faire comprendre à ses hommes le sens de leur action ?

Affirmation de puissances

Le général souligne également le poids des nations – ou plutôt des États – sur la scène internationale : « Un projet collectif, singulièrement lorsqu'il implique des questions de défense, ne vaut que par l'engagement des nations. » Lesquelles se rassemblent sur des « valeurs », mais aussi des « intérêts ». S'il salue « le succès du formidable pari européen », le CEMA est loin de proclamer la fin de l'histoire. Il lance même un avertissement : « Notre environnement international demeure fragile. L'affirmation ou la réaffirmation de puissances [...] ; l'augmentation des dépenses militaires, partout, sauf en Europe ; et l'apparition de menaces plus diffuses susceptibles d'affecter nos sociétés devraient nous inciter à la plus grande vigilance. »

Décision suprême

Aussi la France doit-elle faire entendre sa voix. « Dans mes fonctions de chef d'état-major des armées, j'observe que l'expression de cette souveraineté se traduit par l'autonomie de décision qui est celle du président de la République. » La souveraineté incombe en effet à celui qui assume la responsabilité de la décision suprême. Implicitement, le général  Georgelin acquiescerait presque aux propos de Maurras. Relisons Mes Idées politiques : « Ni implicitement, ni explicitement, nous n'acceptons le principe de la souveraineté nationale. [...] Quand on la proclame, cela veut dire qu'il n'y a plus de souverain réel. [...] Le grand honneur de reconnaître et d'expier doit être réservé au type de gouvernement où la souveraineté est concentrée dans l'âme unique et dans la personne vive d'un homme. » L'armée réclame un roi !

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