Eurosceptique, Jacques Delors ?

27 octobre 2009

Lançons une pique contre le manichéisme de nos amis souverainistes.

Les souverainistes s'imaginent qu'ils sont les seuls à proclamer la vocation des nations à perdurer ; du moins nous donnent-ils cette impression. C'est à se demander s'ils ont jamais écouté Hubert Védrine, ou même Jacques Delors. Dans un entretien accordé à Toute l'Europe, l'ancien président de la Commission européenne confirme que la construction d'une Europe véritablement fédérale serait une utopie : « Si on entend par l'Europe fédérale quelque chose à l'exemple des États-Unis, je n'ai jamais pensé que c'était réaliste, parce que les nations existent, avec leur passé, leur histoire. »

Eurosceptique, Jacques Delors ? Donnons lui l'occasion de rappeler sa position : « J'ai toujours dit qu'il fallait une fédération des États-nations, dans laquelle nous sommes d'accord sur les points dans lesquels nous exerçons en commun la souveraineté et sur ce qui reste du domaine national, mais où, au sommet, nous avons un système plutôt fédéral qui nous permet de préparer les décisions, de décider et d'agir. »

Or, poursuit-il, « ce n'est pas le cas actuellement ». Quant au traité de Lisbonne, s'il « apporte quelques améliorations », « ce n'est pas suffisant » selon lui. Fichtre ! Ce traité inique n'était-il pas censé priver la France de tous les attributs d'un État souverain ? Comme tous les traités européens précédents, soit dit en passant...

Signalons également les réserves de Jacques Delors à propos de la désignation d'un "président stable" du Conseil européen : « Si c'est un président exécutif » – hypothèse en définitive illusoire –, « qui veut représenter l'Europe partout, il y aura des conflits avec les autres chefs d'État et à l'intérieur des institutions. Cela amènerait plutôt une paralysie de l'ensemble... »

Un commentaire pour "Eurosceptique, Jacques Delors ?"

  1. Catoneo

    Le 28 octobre 2009 à 10 h 41 min

    On peut se permettre d'écouter Jacques Delors, non pour ses qualités humaines ou d'intelligence, mais d'abord pour son expérience des coulisses européennes. Il a vécu ce qui ne transparaît jamais dans aucun communiqué et fonde son jugement sur "l'Europe réelle". Il était par exemple l'ennemi intime de la Dame de Fer et pourtant le Royaume Uni n'eut jamais à se plaindre vraiment de sa présidence. En fait il détestait les taureaux et la corrida.

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