Vaclav Klaus est-il un bouffon ?
15 octobre 2009
En provenance de Prague, des échos médiatiques dessinent le portrait d'un trublion tchèque dont l'irresponsabilité apparaît à la mesure de ses provocations : que vaut la parole d'un État dont le chef monnaie soudainement sa signature, au mépris des institutions de son propres pays et des engagements souscrits auprès de vingt-six partenaires ?
Non content de se réfugier derrière l'ultime recours déposé par ses complices sénateurs, qui lui imposerait de patienter jusqu'à la décision de la Cour constitutionnelle pour apposer son paraphe, le président tchèque a demandé jeudi dernier (8 octobre) « à ce qu'une note de bas de page de deux lignes soit ajoutée en lien avec la charte des droits fondamentaux », selon le témoignage du Premier ministre suédois, président en exercice du Conseil européen. Autrement dit, Vaclav Klaus suggère la réouverture des négociations bouclées le 13 décembre 2007. Il a certes « convenu que le procédé était "peu habituel" », rapporte Jean Quatremer. Bel exemple de désinvolture !
Son outrecuidance forcerait l'admiration s'il n'était pas censé représenter dix millions d'habitants. Les aléas de la cohabitation française semblent insignifiants comparés au sabotage qui sévit en Tchéquie. Là-bas, le président s'attaque ouvertement à son gouvernement, dont il observe pourtant de longue date, depuis le château de Prague, le déploiement de la politique européenne. Élu par les parlementaires en février 2003, Vaclav Klaus se trouvait déjà dans son fauteuil présidentiel quand fut organisé, quatre mois plus tard, le référendum autorisant l'adhésion de son pays à l'Union européenne le 1er janvier 2004. Il y était toujours installé quand furent négociés le traité établissant une constitution pour l'Europe, puis le traité de Lisbonne.
Un traité dont la portée nous semble largement exagérée par les souverainistes. Cela n'est pas sans incidence sur l'accueil que nous réservons à l'édification des barricades tchèques. Apporteront-elles quoi que ce soit à la France ? Les responsables politiques ayant bien d'autres chats à fouetter, autant souhaiter qu'elles s'écroulent au plus vite. Cette conviction nous rend d'autant plus enclins à fustiger le nationalisme de posture pratiqué par Vaclav Klaus. Cela dit, nos compatriotes l'ayant choisi pour coqueluche devraient s'interroger : apparemment, certains seraient tout disposés à porter à la tête du pays un agitateur qui en saperait la crédibilité internationale ; cela au nom de l'intérêt de la France. Nouveau paradoxe.