La presse féminine à rebours

19 avril 2010

Curieux de découvrir un nouveau titre lancé par Lagardère, nous pensions y trouver des tests et autres "conseils beauté" dont seules les illustrations nous auraient fourni un semblant d'intérêt. Or, nous y avons perçu comme un écho aux communiqués européens que nous lisons régulièrement, en dépit de leur romantisme notoire, avec autrement plus de passion...

« On a testé les cours de féminité », annonçait Be en couverture de son quatrième numéro. Tandis que Bruxelles et Madrid (entre autres) vilipendent les « stéréotypes sexistes », le magazine croit déceler à rebours « la tendance du moment » : « les femmes libérées [sic] prennent des cours pour réviser les classiques que le féminisme leur a fait oublier », apprend-on en ouverture d'un petit dossier de six pages. Au programme : cuisine, tricot et... strip-tease. Ou inscription à la Talons Academy : « 15 euros pour "apprendre à se sentir confiante et sexy chaussée en talons", c'est le concept de ce cours lancé par deux copines. Et ça marche. »

« Des années de féminisme pour en arriver là. Cette pauvre Simone de Beauvoir doit se retourner dans sa tombe », déplore, avec ironie, Françoise Marmouyet. Son enquête relève, plus ou moins, du second degré, mais cela tranche, tout de même, avec les discours officiels – émanant tout particulièrement des enceintes multilatérales, telles l'UE et l'ONU – relayés la presse politique – tel Le Figaro stigmatisant le 2 février dernier, sous la plume d'Agnès Leclair, « des adolescents fidèles aux clichés hommes-femmes ».

« À trente ans, j'ai eu envie de devenir une vraie femme », proclame un témoin interrogé par Be. À l'avenir, le magazine devra se garder de donner la parole aux tenants d'une mentalité si rétrograde. Sans quoi sa rédaction se retrouvera prochainement dans le collimateur de la Halde.

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