Vers un gouvernement économique européen ?
6 mai 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Par-delà la sémantique...
À l'issue d'une rencontre avec le président de la Commission européenne, le chef de l'État a proclamé son accord avec Jose Manuel Barroso sur « l'importance d'une stratégie économique européenne ambitieuse basée sur un véritable gouvernement économique ». L'expression se substitue peu à peu à celle de « gouvernance économique » dans la bouche des élites européennes – même en Allemagne ! Sans doute pour flatter des opinions publiques appréciant sa connotation plus politique, tout particulièrement en cette période de crise.
S'inspirant, plus ou moins, d'une proposition formulée par Édouard Balladur en février dernier, le Finlandais Olli Rehn, commissaire européen en charge des Affaires économiques et monétaires, a envisagé de « soumettre les projets budgétaires nationaux à un mécanisme de révision par les pairs », selon le résumé de Madrid. Yves Daoudal, par exemple, a dénoncé « une nouvelle trouvaille de la dictature européenne ». Après avoir présidé les travaux menés avec ses homologues le 17 avril, le ministre espagnol de l'Économie, Mme Elena Salgado, a assuré que Bruxelles ne se substituerait pas aux autorités nationales : « Il est hors de question [...] de voter (les budgets) dans des organes différents des parlements nationaux », a-t-elle déclaré. Selon M. Rehn, il s'agirait en fait de créer un « semestre européen pour la conception de politiques économiques », entre janvier et juillet. Ainsi Bruxelles serait-il informé dès le printemps, pour l'année suivante, des grandes lignes des budgets de chaque État membre.
Quoi qu'il en soit, en l'absence d'une convergence politique, alors que Paris privilégie la consommation tandis que Berlin promeut ses exportations, on voit mal comment pourrait émerger, à court terme, un véritable "gouvernement" économique. Mais peut-être quelques artifices européens aideront-ils les gouvernements (évidemment nationaux, c'est presque un pléonasme...) à s'émanciper de la pression des urnes : ainsi pourraient-ils imputer à Bruxelles la responsabilité d'une rigueur budgétaire impopulaire qu'ils n'ont pas le courage d'assumer.