L’Europe en guerre

3 juin 2010
Article publié dans L'Action Française 2000

Tandis que la France perd un nouveau soldat, l'engagement en Afghanistan suscite les commentaires réalistes du ministre britannique de la Défense  et pourrait s'immiscer dans la campagne électorale en Belgique.

Un capitaine du 3e régiment de génie de Charleville-Mézières est mort en Afghanistan le samedi 22 mai. Barek Deligny, trente-huit ans, était marié et père de deux enfants. Intervenant au sein d'une équipe de déminage aux côtés de soldats néerlandais et afghans, il a été mortellement blessé par le déclenchement d'un engin explosif improvisé (IED). Au cours de l'attaque, un soldat néerlandais et un interprète afghan ont également été tués. Selon l'armée de Terre, cet officier était « d'une disponibilité sans faille et d'un comportement exemplaire » ; « sportif confirmé et meneur d'hommes », il montrait « un goût avéré pour l'action et l'effort » (Secret Défense, 23/05/2010).

Vers les premiers désengagements en 2011

Il fut le quarante-deuxième soldat français tombé en Afghanistan. Le chef de l'État n'en a pas moins exprimé « la détermination de la France à continuer d'œuvrer au sein de la Force internationale d'Assistance à la Sécurité », pour « contribuer au retour de la stabilité, au rétablissement de la paix et au développement en Afghanistan ». Vaste programme !

Dans un entretien accordé à Philippe Cohen (France Soir, 04/05/2010), le ministre de la Défense, Hervé Morin, s'était montré relativement optimiste, au point d'envisager, pour la première fois, un désengagement courant 2011, dans la foulée des Américains : « Nos compatriotes n'entendent malheureusement parler de l'Afghanistan que lorsqu'un de nos soldats y est tué. En vérité, quand on regarde les deux zones dont nous avons la responsabilité militaire, la situation progresse. La montée en puissance de l'armée nationale afghane que nous formons est significative. Notre objectif principal est de commencer, dès la fin de l'année, à transférer aux Afghans certaines zones, comme nous l'avons déjà fait à Kaboul. [...] Oui, nous pouvons espérer être en mesure, pour l'année 2011, de transférer des zones à l'armée et à la police afghane. »

Ministre décomplexé

Outre-Manche, Liam Fox, le nouveau ministre de la Défense, se montre préoccupé par le conflit afghan. Faut-il que des soldats britanniques risquent leur vie si loin de leur pays ? « C'est une question que vous vous posez chaque jour », a-t-il confié à la presse (Times online, 22/05/2010). Il entend veiller, tout particulièrement, au moral de ses troupes. Revendiquant l'étiquette « néoréaliste », il souligne l'objectif militaire, et non humanitaire, de leur mission : « Nous sommes là-bas pour que les Britanniques et nos intérêts mondiaux ne soient pas menacés. [...] Nous ne sommes pas un policier mondial. Nous avons des obligations vis-à-vis de la pauvreté et des droits de l'homme, mais la situation en Afghanistan n'est pas différente de celle de dizaines d'autres pays... » Voilà qui tranche avec le discours "droit de l'hommiste" auquel nous ont habitués les élites nationales.

Échec européen

En Belgique, la question afghane pourrait s'immiscer dans la campagne électorale : « Dans une interview au quotidien Le Soir, Dirk Van der Maelen (député à la Chambre) demande un retrait des troupes belges d'Afghanistan et en fait, même, une condition de la participation des socialistes au gouvernement. Ce retrait devrait intervenir, selon lui, "dès 2011, en phase et de manière coordonnée avec les partenaires". » (Bruxelles 2, 25/05/2010)

Quant à l'Union européenne, elle a entériné le 18 mai le prolongement pour trois ans de sa mission de police en Afghanistan (Eupol Afghanistan), encore très loin de réunir les effectifs prévus à l'origine. Pour l'heure, cela n'a rien d'un franc succès : « Faiblesse du leadership, restrictions excessives de sécurité, mandat limité et manque de stratégie, [...] la mission de police de l'UE en Afghanistan illustre au mieux les défauts de l'engagement de l'UE. » Tels sont les principaux éléments d'une analyse du Centre for European Reform, dévoilés par Nicolas Gros-Verheyde (Bruxelles 2, 17/05/2010). Force est de le constater, la guerre demeure une affaire nationale.

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