Rébellion parlementaire

17 juin 2010
Article publié dans L'Action Française 2000

Le Parlement européen poursuit sa montée en puissance, par l'entremise du chantage et d'une communication douteuse.

L'immixtion du Parlement européen dans la constitution du Service européen pour l'Action extérieure (SEAE) suscite l'inquiétude de Pierre Lellouche, le secrétaire d'État en charge des Affaires européennes. « Soyons sérieux ! », a-t-il lancé à notre confrère Nicolas Gros-Verheyde (Bruxelles 2, 06/06/2010). « La politique étrangère, ce sont les nations, avant tout. Ce ne sont pas les commissaires européens ni le Parlement européen qui vont décider d'aller faire tuer des soldats. Si le Service extérieur doit être pris en otage par des gens comme çà, cela pose problème. »  

Loin d'en démordre, l'assemblée européenne prétend agir avec la bénédiction des parlements nationaux. Selon un communiqué diffusé le 31 mai, leurs représentants, venus débattre à Bruxelles, auraient « dans leur grande majorité soutenu la vision des rapporteurs du Parlement européen, Elmar Brok (PPE, DE) et Guy Verhofstadt (ADLE, BE) [qui] prônent [...] le rattachement du service à la Commission européenne en terme budgétaire ». Or, dix jours plus tôt, le Sénat français avait adopté une résolution réclamant, au contraire, que le SEAE soit « un organe sui generis de l'Union européenne, équidistant de la Commission européenne et du Conseil et disposant d'une complète autonomie en matière budgétaire et en termes de gestion des ressources humaines ». Voilà qui jette un certain discrédit sur la communication du Parlement européen...

Fort des pouvoirs budgétaires que lui confère le traité de Lisbonne, celui-ci multiplie les chantages afin de renforcer la dimension fédérale de l'Union. Fustigeant le caractère intergouvernemental de la nouvelle stratégie européenne pour la croissance et l'emploi, le Belge Guy Verhofstadt – encore lui – a ainsi menacé d'en bloquer le financement (Euractiv, 06/06/2010). Enfin, en juillet prochain, les eurodéputés seront appelés à approuver un accord sur le transfert de données bancaires vers les États-Unis, dont ils avaient rejeté la première mouture contre l'avis des gouvernements. Un scénario qui pourrait bien se reproduire, au risque de compromettre la crédibilité internationale de l'Union, déjà fragilisée outre-Atlantique.

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