« Le spectre de la guerre ne peut être écarté »

21 septembre 2010

Le chef d'état-major des armées lance un avertissement aux stagiaires du CID – voire à la France toute entière.

S'inscrivant dans la continuité de son prédécesseur, l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées (CEMA), récuse manifestement tout angélisme. « Le spectre de la guerre ne peut être écarté », a-t-il prévenu le 15 septembre 2010, « la seule question étant la forme qu'elle prendra, de la crise hybride, voire baroque, au conflit majeur ».

S'adressant aux stagiaires du Collège interarmées de défense (CID) – qu'il préfère désigner sous son appellation traditionnelle, « l'École de guerre » –, il a décrit un monde « complexe et incertain à tendance chaotique et inquiétante », « lourd de "frictions potentielles" avec des champs d'affrontements nombreux dont certains sont encore insuffisamment maîtrisés », tels le cyberespace et l'espace exo-atmosphérique.

Les rapports de puissance demeurent, selon lui, « la matrice des relations internationales » : « Si la mondialisation transforme la forme de ces rapports, la puissance militaire est un des facteurs clés de la puissance. Pour s'en convaincre, il suffit de constater la hausse exponentielle des budgets  de défense dans le monde ; plus de 6 % rien qu'en 2009 ! Seuls les pays européens font exception. Peut-être capitalisent-ils trop sur leur expérience unique de paix continentale acquise au prix fort des deux conflits mondiaux et de la Guerre froide ? » En tout cas, « pour  la première fois depuis la Renaissance, les puissances occidentales, notamment européennes, pourraient perdre leur suprématie militaire dans l'horizon des trente prochaines années ».

« Dans un monde accéléré souvent déformé par la pression des perceptions que génère l'information mondialisée », la France et ses armées devront assumer, entre autres défis identifiés par le CEMA, « la guerre irrégulière, la guerre asymétrique celle que certains ont pu appeler la guerre de quatrième génération ou la guerre de perceptions. Ce sont des guerres où l'ennemi cherche à atteindre directement le cœur du système adverse, son ultime centre de gravité  qui est sa volonté politique. Elles confirment  la définition initiale de la guerre par Clausewitz : un affrontement des volontés. Mais contrairement à la guerre de Clausewitz qui est une guerre westphalienne, une guerre d'affrontements classiques, une guerre sur un modèle européen, la guerre qui s'impose à nous est désormais plus globale que totale. » Les journalistes et autres faiseurs d'opinion auront un rôle à y jouer... Puissent-ils se montrer responsables !

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