Le climat s'ouvre au débat

5 novembre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000

Le rapport de l'Académie des sciences sur le changement climatique, rendu public le 28 octobre, a suscité des réactions contradictoires.

Tandis que Paul Molga pointait, dans Les Échos, le désaveu des climato-sceptiques, Drieu Godefridi – qui appartiendrait plutôt à ceux-ci... – a salué, sur le site de l'institut Hayek, la crucifixion des idéologues du climat. Claude Allègre aurait signé le document tout comme ses détracteurs !

Sans doute ce paradoxe reflète-t-il les efforts de diplomatie déployés par les rapporteurs. Ils ont synthétisé, en quelques pages, les contributions au débat organisé à la demande de Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, qui s'était inquiétée, au printemps dernier, que « des voix s'élèvent [...] pour remettre en cause l'existence d'un large consensus parmi les chercheurs sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique ».

Il en résulte un document pointant des connaissances, mais identifiant également des incertitudes. C'est en cela, semble-t-il, que l'Académie des sciences se distingue du GIEC, ou de certains de ses représentants, dont le discours est parfois jugé péremptoire.

« Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs indicateurs indépendants montrent sans ambiguïté un réchauffement climatique [...] modulé dans le temps, avec une augmentation de 1975 à 2003 », affirme-t-elle. En cause, « principalement » : l'augmentation de la concentration du CO2 dans l'atmosphère, qui découlerait « incontestablement » de l'activité humaine.

Mais « des incertitudes importantes demeurent », notamment, sur la modélisation des nuages, l'évolution des glaces marines et des calottes polaires, le couplage océan-atmosphère, l'évolution de la biosphère et la dynamique du cycle du carbone.

« Environ la moitié du CO2 produit par les activités humaines à un moment donné et rejeté dans l'atmosphère, y subsiste. L'autre moitié est actuellement absorbée par l'océan et la végétation continentale : il faut environ un siècle pour que la fraction transmise à l'atmosphère soit diminuée de moitié. La connaissance des mécanismes d'échanges océan-atmosphère et continent-atmosphère a fait de grands progrès mais reste encore incertaine pour des prédictions plus précises à l'échelle du siècle. Cette connaissance dépend de la description de la circulation océanique profonde et et de la complexité de la photosynthèse. Les incertitudes sur l'effet global indirect d'un changement de concentration du CO2, avec toutes les rétroactions prises en compte, font l'objet de débats au sein de la communauté des climatologues.. »

Or, d'après Jean-Michel Bélouve, dont l'institut Hayek a également publié l'analyse, « on aborde là un point crucial de la dispute entre partisans et détracteurs du GIEC. [...] Les climatologues qui inspirent le GIEC affirment que l'effet direct du CO2 est fortement amplifié par des rétroactions positives. [...] Les sceptiques, au contraire, exposent que la nature dispose de rétroactions négatives, la principale étant la formation de nuages, engendrés en plus grande quantité par cette vapeur d'eau supplémentaire. »

Quoi qu'il en soit, selon l'Académie des sciences, « la validité des projections pour les décennies à venir et leurs incertitudes sont une question centrale ». La prudence est de mise !

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