Face à la mondialisation, mobiliser les ambitions

20 avril 2011

Troisième chronique enregistrée pour RFR. SI nous versons délibérément dans la polémique, c'est en toute amitié pour nos camarades, dont la variété des opinions nous chagrine d'autant moins que les options électorales ont toujours été les plus diverses à l'AF.

L'UMPS n'en a plus pour longtemps ! En effet « l'union des patriotes » est en marche. Emporté par la "vague bleu Marine", Paul-Marie Coûteaux s'attèle à sa réalisation afin de constituer « un gouvernement de salut public incluant toutes les forces qui refusent le fatalisme mondialiste ».

C'est, à n'en pas douter, un renfort de poids pour Marine Le Pen. La notoriété du Front national est certes sans commune mesure avec celle du Rassemblement pour l'indépendance de la France. Sauf, peut-être, aux yeux de quelques royalistes (dont nous avons été) qui se sont flattés d'entre-apercevoir grâce à lui les arcanes du pouvoir. Le RIF s'est d'ailleurs enthousiasmé de voir l'AFP faire écho à son appel – preuve que cela n'était pas gagné d'avance. Reconnaissons toutefois qu'en pareille circonstance, nous n'aurions pas boudé notre plaisir.

Sont donc appelés à se rassembler les « patriotes », c'est-à-dire, dans le cas présent,  visiblement, les souverainistes, pourfendeurs de l'Union européenne et des multiples avatars du multilatéralisme (Otan, OMC, etc.). Le terme "patriote" apparaît employé dans une acception pour le moins restrictive, ou plutôt exclusive : quid, par exemple, de nos camarades de l'Alliance royale ? Tout patriotisme leur serait-il étranger ? L'attachement à son pays ne se mesure pas à l'aune des convictions politiques.

La mobilisation des "volontaires patriotes" ne va pas sans quelque connotation révolutionnaire. De fait, le souverainisme cultive une certaine nostalgie du jacobinisme... Cela étant, ayant été formé à l'école d'Action française, nous ne récusons pas le principe du "compromis nationaliste". Reste son objet.

Or, fédérer quelques grincheux contre une Europe méconnue ne suffit pas à tracer un cap. Considérons l'expérience britannique : les Tories ont beau vociférer contre l'Union européenne, ils n'ont pas songé un instant à en claquer la porte depuis leur retour au pouvoir. C'est tout naturel : l'exercice des responsabilités se heurte à des réalités volontiers négligées par l'opposition. A fortiori quand celle-ci est privée de toute culture de gouvernement, à l'image du Front national.

N'en déplaise aux esprits romantiques, l'action politique est loin de se réduire à quelques coups d'éclats annoncés avec fracas. Elle s'inscrit dans un système – par analogie à la mécanique newtonienne. Un système où de multiples forces interviennent. Inertie oblige, on n'en modifie pas l'équilibre d'un claquement de doigts.

Parmi les forces en jeu, il y a les représentations de l'opinion, avec lesquelles interagissent les discours politiques. En la matière, les ressorts exploités par le Front national et ses alliés potentiels sont-ils fondamentalement différents de ceux privilégies par l'UMP ou le Parti socialiste ? À bien y réfléchir, cela n'est pas évident.

Prenons quelques exemples : attribuer directement à l'immigration la responsabilité du chômage, c'est promouvoir la conception malthusienne de l'emploi à l'œuvre dans la réforme des 35 heures ; promettre aux contribuables de nationalité française qu'ils seront les bénéficiaires exclusifs des aides sociales, c'est souscrire aux sollicitations permanentes de l'État-providence ; fustiger le droit d'ingérence, qui sert de prétexte aux opérations militaires, c'est encourager la France à sortir de l'histoire ; enfin, dénoncer la loi du marché, par nature immuable, c'est entretenir les illusions volontaristes  condamnant le politique à sa déchéance.

À ce titre, appeler à lutter contre la mondialisation, voire le mondialisme, nous apparaît significatif. Passer d'un terme à l'autre, c'est laisser entendre qu'un architecte est à l'œuvre dans la construction du "village global". C'est faire beaucoup d'honneur à Jacques Attali ! C'est aussi légitimer la frilosité de la nation confrontée à la nouvelle donne internationale.

Si le PS et l'UMP s'accordent sur un relatif attentisme, alors leurs détracteurs se livrent, somme toute, à des menées défaitistes. Ils pourraient louer le génie de la France, parier sur l'inventivité de son peuple, galvaniser les énergies pour affronter la concurrence des pays émergents. Mais que nous proposent-ils, sinon de bâtir un bunker dont les fondations reposeraient vraisemblablement sur du sable ?

À cette « union des patriotes », la raison comme les sentiments nous font préférer la mobilisation des ambitions – fussent-elles mercantiles ! – afin qu'aux quatre coins du monde soient portées les couleurs de la France.

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