Intoxication écologiste

22 mai 2011

Les hippies ont-ils colonisé l'AF ? On se le demande à la lecture d'un billet inscrivant quelque mouvance écologiste dans la continuité de l'école maurrassienne.

Voyez plutôt : chercher « à établir des lois pour l'organisation des sociétés humaines en s'inspirant et en s'instruisant de l'observation scrupuleuse des lois de la biosphère » ne serait pas « sans rappeler à quelques égards » l'"emprisime organisateur" cher à Maurras. Lequel résumait sa méthode à « l'examen des faits sociaux naturels et l'analyse de l'histoire politique ». Que l'on place l'homme ou la terre cœur de ses préoccupations, c'est du pareil au même, cela va sans dire !

Mais il y a plus osé encore : « mettre fin à la colonisation multiforme [...] du monde par la civilisation industrielle » relèverait d'un « appel à la "politique naturelle" ». Le pauvre Maurras doit se retourner dans sa tombe ! À ses yeux, n'en déplaise à ses curieux héritiers, il n'était « rien de plus magnifique » que « l'occupation des espaces par la société humaine et leur réduction à ses lois ». Rien d'étonnant à cela, puisque sa démarche consistait, nous semble-t-il, à prendre acte de la nature humaine, pour en assumer délibérément les conséquences, à l'opposé d'un individualisme volontariste. Une nature dont participe au premier chef un caractère industrieux – ce serait même « la définition première de l'homme » selon le Martégal.

On concédera aux écolos que « tous ces changements que nous opérons dans l'économie de notre planète n'ont mené à rien jusqu'ici et [que] rien ne permet d'admettre qu'ils conduisent jamais à rien ». Mais « nous y travaillons parce qu'il est dans notre ordre d'y travailler » – un point c'est tout.

C'est donc tout le contraire d'une "politique naturelle" qui nous est proposé ici. Il n'est d'ailleurs pas exclu que l'AF renie ses propres principes en récusant plus ou moins l'économie, l'industrie et la technique... « La vérité politique et sociale qui nous conduit n'a pas la forme du regret », disait encore Maurras. « Elle est plutôt désir, curiosité, solide espérance apportant les moyens de réaliser l'avenir avec une imperturbable sécurité. »

Cela étant, à l'époque où il écrivait, le maître de l'Action française pouvait encore établir le constat selon lequel « l'économie industrielle ne joue point dans le vaste cadre de la planète ». Preuve que le monde a changé et qu'on ne saurait se contenter de boire ses paroles.

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