Sur le front des Opex

19 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Libye, Liban, Afghanistan... Le chef d'état-major des armées commente les opérations extérieures de la France (Opex).

Lors d'une audition devant une commission de l'Assemblée nationale, le mercredi 5 octobre 2011, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2012, l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées (CEMA), s'est livré à un tour d'horizon des opérations extérieures.

« L'Europe désarme quand le monde réarme », a-t-il martelé en préambule. « Si elle devait se confirmer, voire s'amplifier, cette tendance serait lourde de conséquences pour notre avenir comme puissance capable de peser sur les affaires du monde. » Placée en « hibernation », l'"Europe de la défense" ne doit pas faire miroiter de faux espoirs...

Provocations au Liban

Cela nuance l'enthousiasme suscité par l'année écoulée. Selon l'amiral Guillaud, en effet, « peu de pays auraient été capables et auraient eu la volonté de faire ce que nous avons fait [...] en Libye, en Côte d'ivoire, sur le territoire national, ainsi qu'au Japon, où nous sommes intervenus lors du tsunami en envoyant des avions de transport stratégique pour évacuer nos compatriotes vers la Corée du Sud ».

L'engagement au Liban demeurerait « le plus délicat de nos forces », en raison d'une liberté d'action difficile à garantir. « Il arrive aujourd'hui qu'un maire décide que l'on ne peut plus traverser son village », a déploré le CEMA. « Nos soldats – le troisième contingent sur place après ceux de l'Italie et de l'Indonésie – sont régulièrement menacés d'humiliation. La semaine dernière, un véhicule espagnol ayant dépassé de 500 mètres la zone de la FINUL a immédiatement été encerclé par des 4x4 aux vitres fumées ; des civils en armes en sont sortis et ont volé aux soldats leurs papiers, leurs cartes, leurs radios... Effets qui leur ont été rendus cependant le lendemain. » Cela mettrait nos soldats sous pression, une telle situation étant « insupportable, pour un grenadier voltigeur comme pour un général ». Aussi l'amiral juge-t-il « urgent que l'ONU révise le concept stratégique de la présence des casques bleus au Liban ».

Évoquant l'Afghanistan, le CEMA a affiché l'optimisme que requiert sa fonction. « Dix ans après le début de notre intervention, est venu le temps du transfert des responsabilités de sécurité à l'armée nationale afghane », a-t-il rappelé. « Il y a cinq ans, on ne comptait que 30 000 soldats et policiers afghans. Ils sont aujourd'hui 300 000. » Des chiffres censés illustrer « la réalité et le succès, dans le domaine militaire, des opérations de l'OTAN ». D'autant qu'« il n'a jamais été question de battre les insurgés "à l'ancienne" ni de transformer l'Afghanistan en havre de paix ». Le taux de désertion dans l'armée afghane aurait considérablement diminué : « Il était de l'ordre d'un tiers, par mois, il y cinq ou six ans ; il est maintenant inférieur à 10 % et tend à descendre vers 5 %. » Cela grâce au doublement des soldes : « La coalition a payé les hommes à peu près comme les payaient les Talibans, voire un peu plus. » Aussi les questions se posant pour l'avenir portent-elle notamment « sur la soutenabilité financière du budget de la défense afghan, en particulier le paiement des soldes de 300 000 policiers et militaires – chiffre qui se situe dans la norme compte tenu de la taille du pays ».

En tout cas, « nous avons, pour l'essentiel, rempli notre part de la feuille de route internationale », soutient l'amiral Guillaud. « Pour notre part, nous basculons progressivement des missions de contrôle de zone vers des missions d'appui et de soutien des forces afghanes. Ce qui a pour conséquences de réorganiser nos forces – nous n'aurons plus besoin des mêmes spécialistes – et de réduire notre vulnérabilité – nous n'irons plus dans les fonds de vallée. » À l'approche de l'élection présidentielle, cela tombe à pic...

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