Faut-il abattre Nathalie Kosciusko-Morizet ?

15 juin 2012

Lecture un tantinet polémique d'un pamphlet signé NKM.

Parmi les personnalités figurant sur la "liste noire" du Front national, dévoilée à l'approche du second tour des élections législatives, Nathalie Kosciusko-Morizet constitue un « cas spécifique » aux yeux de Marine Le Pen. L'année dernière, en effet, à la veille des cantonales, elle avait jugé l'élection d'un socialiste préférable à celle d'un frontiste. « C'est une proposition à laquelle je tiens », a-t-elle répété quelques mois plus tard, dans un pamphlet s'attaquant ouvertement au « front antinational ».

La critique s'avère convenue. « Le Front national peut bien [...] prendre les traits avenants d'un sourire, d'une blondeur, d'un prénom », il n'en reste pas moins associé à des éléments radicaux, souligne l'auteur. « Ce n'est pas une leçon de morale », prétend NKM, qui n'en verse pas moins dans les bons sentiments. « C'est forts de nos différences que nous devons trouver un chemin ensemble », clame-t-elle tout en récusant « l'éloge des singularités ». « Qu'il y ait en chacun de nous un fond d'aigreur, [...] une petite haine de l'autre, c'est l'évidence. », affirme-t-elle. Or, « cette part obscure de nous-mêmes » formerait, selon elle, le « terreau » du FN.

Réduire le vote lepeniste à un défaut d'altruisme, voilà qui nous semble assez léger. Depuis quand la charité se mesure-t-elle à l'aune des sympathies politiques ? La moralité des individus est une chose ; les représentations façonnant l'opinion en sont une autre. Nathalie Kosciusko-Morizet s'y attaque en partie. S'agissant du "protectionnisme", par exemple, elle soutient que « le FN fait comme si de telles mesures n'existaient pas. Or elles existent. [...] L'appartenance à l'Union européenne ne les interdit nullement. Au contraire, nous disposons de normes qui sont destinées à assurer la qualité de produits. » Par ailleurs, écrit-elle, « il faut être clair là-dessus : les immigrés sont des actifs, ils contribuent de manière nécessaire et profitable à l'économie de notre pays ». Se défendant de tout angélisme, elle martèle qu'« il faut être tout aussi clair sur les difficultés. Car il y en a. Il y a des biais et des fraudes. Il existe une immigration de complaisance, qui fait un usage abusif des allocations chômage et familiales. La lutte contre ces abus est prioritaire. »

Qu'importent les faits : de toute façon, observe l'auteur, « le "programme" du FN n'a pas du tout vocation à être réalisé. [...] Il est là pour frapper, par le caractère radical de ses propositions. [...] La meilleure illustration en est donnée par le chapitre économique. » De fait, l'incriiniation grotesque de la "loi de 1973", ainsi que le fantasme d'un recours indolore à la création monétaire, en disent long sur le sérieux du FN. Celui-ci préconise, également, « la suppression de la binationalité, sans jamais rappeler que certains binationaux ne peuvent pas répudier leur nationalité d'origine, quand bien même ils le voudraient ».

Enfin, « un pays comme le nôtre a le droit souverain, aujourd'hui, de choisir qui s'installe ou non sur son territoire. Mais dès lors qu'une personne y est installée légalement, il n'est plus possible de la discriminer », estime l'ancien ministre de l'Écologie. « Ce que la France choisit de faire aujourd'hui, c'est de mener une politique ferme de lutte contre l'immigration illégale. Et cette politique rend évidement inutile toute forme de "préférence nationale". » D'autant que « parmi tant d'autres effets dévastateurs, cette préférence favoriserait l'immigration clandestine et elle rendrait impossible l'intégration des étrangers. Stigmatisés, ces derniers n'auraient d'autre choix que de se replier au sein de mouvements communautaristes ou fondamentalistes. » Un risque à méditer.

« Être français, cela se conquiert, se construit, se partage. C'est un perpétuel projet, pas une rente », proclame encore NKM. « La tentation de la rente. Voilà qui fait consensus entre le FN et la gauche », poursuit-elle. Même si « dans le cortège des désespérances, le Front national, lui, joue le rôle des pleureuses. » Enfonçons le clou : en vérité, le populisme n'est rien d'autre que la déclinaison plus ou moins "nationaliste" du néo-malthusianisme abreuvant le discours socialiste. La hantise du plombier polonais découle de la même croyance que la mise en œuvre des trente-cinq heures ; quant aux immigrés, ils sont vilipendés au même titre que ces salauds de riches. « La confusion sert toujours les mêmes », déplore Nathalie Kosciusko-Morizet. « Le FN parle d'"UMPS". Mais l'alliance électorale, objective, celle dont l'histoire politique témoigne, elle est entre le PS et le FN. Même si Lionel Jospin, en 2002, a été le dindon de la farce. » Elle ne croyait pas si bien dire... Pour la faire battre dans l'Essonne, Marine Le Pen n'a-t-elle pas appelé à voter pour son rival socialiste ? PS, FN, même combat !

Un commentaire pour "Faut-il abattre Nathalie Kosciusko-Morizet ?"

  1. Catoneo

    Le 18 juin 2012 à 10 h 11 min

    ... et elle a été (malgré tous) réélue.
    🙂

Laissez un commentaire