Pêche : l'Outre-mer négligé par l'UE
7 juin 2012
Article publié dans L'Action Française 2000
Aveugle aux spécificités de l'Outre-mer, l'Union européenne freinerait le développement de la pêche locale, en dépit de ressources halieutiques souvent abondantes.
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Tandis que l'Union européenne planche sur la réforme de la Politique commune de la pêche (PCP), trois parlementaires l'appellent à prendre en compte les spécificités des régions ultrapériphériques françaises. Maurice Antiste et Serge Larcher, sénateurs de Martinique apparentés socialistes, et Charles Revet, sénateur UMP de Seine-et-Marne, ont déposé en ce sens une proposition de résolution enregistrée le 31 mai à la présidence de la Chambre haute. « La pêche ultramarine représente une part très importante de la pêche française », soulignent-ils dans l'exposé des motifs. « On comptait ainsi en 2009 près de 2 500 navires de pêche dans les quatre DOM, contre moins de 5 000 en France hexagonale. [...] Les DOM représentent près de 35 % de la flotte artisanale française et 20 % des effectifs de marins-pêcheurs au niveau national. » Hélas, Bruxelles se montrerait « aveugle aux réalités de la pêche ultramarine française ». Les règles de gestion de la ressource, qui constituent le cœur de la PCP, seraient « pensées par et pour l'Europe continentale », déplorent les sénateurs. L'application aux DOM de l'interdiction des aides à la construction de navires constituerait « l'illustration la plus préoccupante » du phénomène. La situation apparaît d'autant plus regrettable que la flotte ultramarine serait « artisanale et vétuste », alors que l'Outre-mer disposerait « d'atouts indéniables, au premier rang desquels des ressources halieutiques relativement abondantes et bien souvent sous-exploitées ».
Faire entendre sa voix
En cause, également, les politiques commerciale et de développement, en vertu desquelles l'UE conclut des accords de libre-échange avec certains pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). « Il est incompréhensible que l'UE encourage le développement de la pêche dans des pays potentiellement concurrents, tout en privant la pêche des RUP [régions ultrapériphériques] d'un soutien équivalent », dénoncent MM. Antiste, Larcher et Revet. Par rapport à leurs concurrents régionaux, les pêcheurs réunionnais devraient supporter des coûts de production et de commercialisation quatre à cinq fois supérieurs. Dans ces conditions, il apparaît « nécessaire que la voix de l'Outre-mer puisse se faire entendre au niveau européen en matière de pêche ». Or, « aucune instance de dialogue ne permet [...] aux DOM de s'exprimer au sein de l'UE sur le sujet ». À la différence des autres régions ultrapériphériques de l'Union européenne, situées dans les eaux occidentales, les départements français d'outre-mer ne seraient représentés dans aucun comité consultatif régional (CCR). « Comme le demandent les professionnels et le gouvernement français, il est donc important qu'un CCR spécifique aux RUP soit mis en place », martèlent les sénateurs. Affaire à suivre.