Le 15 août, fête nationale

5 septembre 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

L'ouverture du mariage aux couples homosexuels préoccupe l'Église de France, qui a appelé ses fidèles à prier pour leur pays le 15 août 2012. Cette immixtion religieuse dans le débat public suscite la controverse.

A l'approche du 15 aout 2012, en diffusant le texte d'une prière pour la France, Mgr André Vingt-Trois, président de la conférence des évêques de France, a sonné la mobilisation des catholiques en faveur d'une conception traditionnelle du mariage. « L'Église n'a aucune légitimité démocratique pour s'immiscer dans le débat politique », a protesté le Parti radical de gauche. À l'opposé, Jean-Pierre Raffarin a salué « une heureuse initiative » : « on ne peut pas [...] demander aux Églises d'être indifférentes au devenir de nos sociétés », a affirmé l'ancien Premier ministre ; d'autant qu'à ses yeux, « nos racines chrétiennes légitiment cette prise de position ».

Selon l'analyse de Me Eolas, un juriste incontournable sur la Toile, on ne saurait s'abriter derrière la loi de 1905 pour cantonner la religion à une sphère strictement privée. La formule selon laquelle « la République ne reconnaît [...] aucun culte » serait mal interprétée par les partisans d'une laïcité « tenant plus de l'athéisme d'État », explique-t-il sur son blog. Le Conseil d'État ne s'y serait pas trompé : saisi, en 1989, sur le port du foulard islamique dans les établissements scolaires, il avait souligné que l'obligation de neutralité s'appliquait aux agents, et non aux usagers du service public. Les responsables politiques se sont néanmoins entêtés à proscrire les signes religieux, arsenal législatif à l'appui, allant jusqu'à réglementer les tenues portées dans la rue. Au risque de susciter, par réaction, la multiplication des voiles intégraux...

Laïcité contre laïcisme

C'est dire combien se fourvoient ceux qui croient pouvoir instrumentaliser la laïcité aux dépens de l'islam, a fortiori dans ses déclinaisons les plus radicales. Quitte à cultiver une certaine ambiguïté, c'est plutôt contre le laïcisme qu'il conviendrait d'invoquer la laïcité. Le droit pourrait s'y prêter : « ceux qui disent qu'ils n'ont rien contre les religions à condition qu'elles s'exercent dans un cadre strictement privé, généralement restreint au domicile et aux établissements du culte, portes dûment closes, mais désapprouvent tout signe indiquant la croyance religieuse de celui l'arbore dans la rue, ceux-là ne respectent pas la laïcité », soutient Me Eolas. Bien au con-traire, « une loi réalisant leur désir violerait la laïcité, en restreignant arbitrairement l'exercice d'un culte pour des raisons n'ayant aucun lien avec l'ordre public », poursuit l'avocat.

S'indigner des prières prononcées le jour de l'Assomption – sans parler des feux d'artifice tirés ce jour-là ! – apparaît d'autant plus déplacé que le 15 août n'est pas férié  en souvenir du seul vœu de Louis XIII consacrant la France à Marie. Napoléon n'avait-il pas décidé d'en faire explicitement la fête nationale ? C'était le jour de son anniversaire ! « Si certains y voient un paradoxe ou une incongruité », le géopolitologue Olivier Kempf y décèle davantage « une richesse et cette synthèse "bizarre" qui fait le génie français ». Il nous appartient d'en tirer parti !

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