Quand le français bataille aux Nations Unies

19 octobre 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

L'Organisation internationale de la Francophonie donne un aperçu des actions menées en faveur de l'usage du français dans les organisations internationales, et notamment à l'ONU.

À l'approche du sommet de Kinshasa, l'Organsiation internationale de la Francophonie (OIF) a rendu compte de diverses actions menées en faveur de l'usage du français dans les organisations internationales - des offres de formation aux protestations officielles, en passant par les réunions de coordination des fonctionnaires francophones. Abdou Diouf, le secrétaire général de l'OIF, en tire un bilan positif : avec ce rapport, écrit-il, « on constate que la tâche n'est pas facile mais on découvre aussi que le travail de sensibilisation porte peu à peu ses fruits et que les limites d'une tendance qu'on croyait irréversible vers un unilinguisme intégral apparaissent de plus en plus ».

Parmi les bons élèves figurent, au sein des Nations Unies, le département de l'Assemblée générale et de la gestion des conférences, ainsi que celui de l'information, dont les activités, quoique « encadrées par un budget serré », contribueraient « activement au respect et à la promotion du multilinguisme ». Le portail mis en ligne à l'intention personnel du secrétariat de l'ONU serait accessible en français dans son intégralité. Néanmoins, « de réels problèmes liés à l'interprétation et à la traduction persistent ». Les rapporteurs déplorent, notamment : le temps limité de présence des interprètes lors des réunions officielles, « qui entraîne une obligation pratique de passer à l'anglais » après 13 heures et 17 ou 18 heures ; le recours systématique à l'anglais lors des réunions informelles ; la diffusion des textes en priorité en anglais « même quand le rédacteur initial n'est pas anglophone ». À Genève, par exemple, le texte « d'un projet de loi sensible concernant un conflit en cours dans un pays d'Afrique » n'a été distribué qu'en anglais, y compris à l'État concerné, pourtant francophone ! La situation pourrait s'aggraver avec « la pénurie annoncée de personnels linguistiques », consécutive au prochain départ à la retraite d'une proportion importante de leurs effectifs permanents.

Le processus de recrutement constitue un autre écueil auquel se heurte l'usage du français : « De la publication des vacances de postes dans The Economist jusqu'aux entretiens d'embauche, en passant par les exigences linguistiques formulées, il ne fait aucun doute que l'anglophone est clairement favorisé. » Ainsi le remplacement du sous-secrétaire général à la communication et à l'Information a-t-il « fait l'objet de préoccupations » de la part des membres du Groupe des ambassadeurs francophones : la vacance de poste était parue seulement en anglais, sans qu'il soit explicitement exigé du candidat qu'il maîtrise les langues de Shakespeare et Molière. Finalement, c'est un Autrichien francophone qui a été nommé le 31 juillet dernier.

« Il est important de ne pas transiger, et de pouvoir exercer une pression amicale et cordiale afin de faire respecter l'usage du français », prévient l'OIF. « D'autant plus qu'il existe une tendance au renoncement contre laquelle il est nécessaire de lutter. » Toutefois, nuance-t-elle, « la Francophonie ne doit pas jouer un rôle de gendarme ». À bien des égards, en effet, l'apprentissage volontaire du français serait préférable à la défense pointilleuse d'un strict multilinguisme. Quoi qu'il en soit, selon Abdou Diouf, « plus que jamais, nous pouvons affirmer que l'atteinte de nos objectifs en ce qui a trait au respect de la place de la langue française dans la vie internationale dépend d'abord et avant tout de notre propre volonté à faire respecter des règles qui existent déjà ». Qu'on se le dise !

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