Livre blanc : « La patrie est en danger »

21 mars 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

François Hollande sera-t-il le fossoyeur des armées françaises ? Dans l'attente de ses arbitrages, préalables à la publication d'un nouveau livre blanc, les inquiétudes vont croissant.

La publication d'un nouveau livre blanc sur la défense et la sécurité nationale semble imminente. Dans la foulée, une loi de programmation militaire devrait être adoptée d'ici l'été. Dans l'attente des ultimes arbitrages du chef de l'État, alors qu'un bras de fer serait engagé entre Bercy et l'Hôtel de Brienne, les spéculations vont bon train. Jean-Louis Carrère, le président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, a exprimé des inquiétudes largement partagées. « La patrie est en danger », a-t-il déclaré le 13 mars 2013, paraphrasant explicitement Danton. « Le passage d'un effort de défense de 1,56 % en 2011 à 1,1 % en 2025, tel qu'il est envisagé, ne permettrait plus aux autorités de notre pays de maintenir le rôle de la France au niveau qui est le sien aujourd'hui », a-t-il prévenu.

Quelles économies ?

Une fois n'est pas coutume, son discours pourrait bénéficier des faveurs de l'opinion. « Deux Français sur trois pensent que le budget de la défense doit être maintenu, voire augmenté », signale notre confrère Jean-Dominique Merchet, animateur du blog Secret Défense, citant les conclusions d'un sondage Ipsos. Faut-il, dés lors, alarmer nos compatriotes jusqu'à leur promettre l'Apocalypse ? Gardons-nous de crier au loup : préparés au pire, les esprits consentiront d'autant plus facilement les sacrifices imposés prochainement à nos armées... D'aucuns s'imaginent que le porte-avions Charles-de-Gaulle pourraient être mis sous cloche ! D'autres envisagent, sans doute plus sérieusement, d'abandonner la composante aérienne de la dissuasion nucléaire, dont les sous-marins deviendraient alors les seuls vecteurs. C'est une proposition récurrente, dont les promoteurs prétendent appliquer le principe de "stricte suffisance" cher à la France. Le plateau d'Albion n'a-t-il pas déjà été démantelé dans les années quatre-vingt-dix ?

Bénéfique dissuasion

Ce projet relèverait toutefois d'un mauvais calcul, selon l'analyse de Philippe Wodka-Gallien, chercheur associé à l'Institut français d'analyse stratégique (IFAS). Lors d'une conférence prononcée le 14 mars à l'invitation de l'Alliance géostratégique, il a estimé à cinquante millions d'euros le coût de la composante aérienne de la dissuasion. Un investissement somme toute modeste de son point de vue. D'autant qu'il permettrait de palier la perte potentielle d'un sous-marin, contribuant à dissiper la hantise d'un « Mers el-Kébir nucléaire ». Par ailleurs, étant donné les exigences qu'elle requiert, la dissuasion bénéficierait continûment aux forces conventionnelles. « Si le Rafale est le meilleur avion du monde », c'est parce qu'il a été conçu pour délivrer le feu nucléaire, nous a expliqué Philippe Wodka-Gallien. Quant aux équipages formés à ces missions, ils bénéficient simplement d'une qualification supplémentaire. En Libye, par exemple, des missiles ont été tirés par les Forces aériennes stratégiques, dont on voit qu'elles ne sont pas cantonnées au tir improbable d'une charge nucléaire.

L'heure des choix

Dans son ensemble, la dissuasion nucléaire française représenterait 10 % du budget de la Défense... soit 0,15 % du budget national. Un coût équivalent aux recettes fiscales perdues après la baisse du taux de TVA dans la restauration, selon une comparaison proposée par  Philippe Wodka-Gallien. De quoi éclairer les arbitrages à venir... « Le spectre de la guerre ne peut être écarté », martèle l'amiral Guillaud, chef d'état major des armées. En dépit de l'actualité, la nation semble réticente à l'admettre. En témoigne le scandale déclenché par un légionnaire arborant quelque symbole guerrier tandis qu'il risquait sa vie au Mali. Ou l'avertissement que le Conseil supérieur de l'audiovisuel a adressé à France 2, après que la chaîne eut diffusé, le 7 février, des images illustrant l'horreur des exactions commises dans ce pays. « La guerre du Mali n'a pas eu lieu », lisait-on, le mois dernier, à la une de L'Action Française 2000. Peut-être n'a-t-on pas voulu la voir ? Dans l'"affrontement des volontés" que constitue chaque conflit armé, la France se trouve confrontée à ses propres faiblesses, qui sont loin d'être seulement matérielles, à l'image d'une certaine irrésolution propre aux démocraties occidentales... Alors, "politique d'abord" ?

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