Solidarité avec Najat Vallaud-Belkacem

22 novembre 2013

Mis en cause en raison de ses origines marocaines, le porte parole du gouvernement est victime d'attaques déplacées, procédant d'une conception éminemment idéologique de la nationalité.

Mme Najat Vallaud-Belkacem est-elle la cible d'attaques racistes ? Nos confrères de L'Express le prétendent, rapportant ces propos qu'auraient lancés, à son intention, quelques militants de la Manif pour tous : « Puisque tu l'aimes tant que ça, le mariage pour tous, t'as qu'à le faire dans ton pays ! » Les faits sont  vraisemblables. Nous-même avons été témoin de conversations du même genre. Quitte à les désigner sous une étiquette infamante, cependant, plutôt conviendrait-il de parler de xénophobie. À vrai dire, étant donné son joli sourire - entre autres qualités – nous doutons que le canon porte-parole du gouvernement soit exposé à des quolibets comparables à ceux dirigés contre Mme Taubira.

Entre le Maroc et la France, cela va sans dire, Mme Vallaud-Belkacem devrait choisir. En cas de guerre, de toute façon, n'y serait-elle pas contrainte ? Cette rhétorique manichéenne nous rappelle les dilemmes auxquels nous confronte Pierre Palmade : « Tu préfères avoir des dents en bois ou une jambe en mousse ? [...] Une tête de veau ou deux bras de neuf mètres ? » Autant de questions que tout un chacun se pose tous les jours du matin au soir. En vérité, la suspicion à l'endroit des personnalités affublées d'une double nationalité participe d'un mépris des faits – comme si tout se résumait au droit. Le lien juridique unissant Mme Vallaud-Belkacem au Maroc en obnubile quelques-uns, mais que pèse-t-il comparé à trente ans d'enracinement hexagonal, conforté par un mariage et la naissance de deux enfants ? Il y a quelque chose de piquant à constater le peu de considération accordée aux attaches familiales par ceux-là même qui se targuent, précisément, de défendre "la" famille. Idéologie, quand tu nous tiens...

Qu'importe sa progéniture donc : en premier lieu, Najat Vallaud-Belkacem est priée de renier ses parents. C'est à cette condition, visiblement, qu'elle pourrait, peut-être, mériter sa place au gouvernement. L'assimilation à la nation procéderait non pas d'une histoire, personnelle et plus encore familiale, mais d'une abjuration. D'un acte de pure volonté. C'est à se demander si les réactionnaires ne sont pas les tenants les plus fanatiques du contrat social ! Or, à ce qu'il paraît, renoncer à la nationalité marocaine ne serait pas une sinécure. Cela dépendrait du bon vouloir du roi. Autrement dit, si les Franco-Marocains devaient être bannis du gouvernement français, François Hollande devrait solliciter l'avis de Mohamed VI pour désigner ses ministres. L'Europe n'étant pas en cause, les souverainistes pourraient s'en accommoder. Pas nous. Najat, on est avec toi ! Sauf quand tu joues les ayatollahs de la parité hommes-femmes, mais c'est une autre histoire 😉

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