La foi contre le féminisme

6 avril 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

Respectivement écrivain et ingénieur, Anne Brassié et Stéphanie Bignon expriment d'une plume commune leur hantise du féminisme. Elles ont bien voulu nous présenter leur petit livre.

À la veille de sa démission, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait confirmé son engagement « dans la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes », poursuivant un objectif demeuré apparemment consensuel, en dépit des polémiques sur le "genre", ses "études" et sa "théorie". Ici ou là, cependant, quelques voix discordantes se font entendre. « Cessez de nous libérer ! », clament Stéphanie Bignon et Anne Brassié, dans un petit livre paru en février dernier (2014). « L'égalité est une tarte à la crème », écrivent-elles. « Elle n'existe pas. Nous sommes égaux devant Dieu, mais sur la terre nous avons des fonctions distinctes à assumer. »

Le droit au cocufiage

De leur point de vue, « nous sommes accablés de mensonges sur la condition féminine ». Les "droits" dont on nous raconte sans cesse la conquête n'en seraient pas vraiment... « Croyez vous que le droit de vote soit un progrès ? », nous demande Anne Brassié ; ce n'est jamais que « le droit de se faire cocufier » ! Au Moyen Âge, nous rappelle-t-elle, « la femme avait son héritage, elle le gérait, et son mari n'avait rien à dire ». Mais en dépit des mystifications républicaines, les inégalités salariales ne sont-elles pas de flagrantes injustices ? « La vérité oblige à dire que ces mêmes femmes » qui en seraient victimes « choisissent des fonctions moins prenantes pour rentrer plus tôt chez elles auprès de la petite famille qui les attend », répondent les auteurs. Stéphanie Bignon nous a rapporté en avoir discuté avec ses collègues de travail. « Ne croyez-vous pas que le salaire est ailleurs ? », leur a-t-elle demandé. Hélas, regrette-t-elle, « notre société ne reconnaît que la valeur financière ». Cela étant, les hommes ne pourraient-ils pas passer eux-mêmes davantage de temps au foyer ? « Il faut aussi apprendre aux chiens à ne pas pisser dans un jardin », rétorque Anne Brassié. « Il y a des choses qui se font depuis toute éternité qu'on ne change pas », affirme-t-elle. « L'éducation n'est pas en cause mais la chimie », est-il précisé dans le livre. « En effet, la biologie est essentielle dans le déterminisme du sexe. »

« Nous voulons défendre la liberté de chacune et permettre la libre expression des vocations profondes », expliquent les auteurs. Or, celle des femmes peinerait à s'épanouir aujourd'hui. À la différence d'Éric Zemmour, Stéphanie Bignon ne croit pas que la société se soit "féminisée". « C'est l'inverse », nous dit-elle. « Nous vivons dans un monde uniquement masculin, tourné vers la performance, la vitesse, etc. » Travaillant sur des chantiers sous-marins, elle revendique un rôle protecteur à l'égard des ingénieurs qu'elle encadre - ses « petits poussins », comme elle les appelle –, veillant tout particulièrement à la sécurité. « C'est cela être femme ! Je fais mon métier au-delà de la nécessité de gagner de l'argent, pour protéger la mer et les générations futures. »

L'Histoire planifiée ?

Enthousiaste, passionnée même, elle considère la société actuelle avec une profonde indignation. « Les gens n'ont jamais été aussi emprisonnés, aussi peu libres que sous cette république décadente », déplore-t-elle. « On leur a appris à ne pas vivre de leur travail. Voilà ce dont il faut nous libérer ! Apprenons à faire sans l'État, refusons les aides ! Si les agriculteurs avaient réagi ainsi il y a vingt ans, l'agriculture n'en serait pas là... » Autrement dit, « la libération ne se fera que par le travail de chacun ». Plus précisément, c'est « à l'intérieur de nous-mêmes » que la « reconquête » serait à mener.

La foi irrigue chaque page de l'ouvrage. Elle inspire même le regard porté sur l'Histoire, qui n'est pas sans rappeler celui d'un Pierre Hillard, par exemple. « Ce n'est pas un hasard si on en est arrivé là », écrivent Anne Brassié et Stéphanie Bignon, fustigeant l'évolution des mœurs. « Certains se sont fixé un tel objectif », affirme-t-elles. « Dans le rôle du chef d'orchestre on trouve, au fil de l'histoire, des francs-maçons. Systématiques dans leurs intentions, efficaces dans leurs actions, ils ont tout annoncé clairement. » Leur motivation ? « Jouir sans entrave », nous souffle Anne Brassié. En effet, nous explique-t-elle, « vous ne pouvez pas jouir librement d'une femme si elle ne prend pas la pilule, si elle ne peut pas avorter ». En réaction, donc, « il nous faut remettre Dieu dans la sphère publique », clament les auteurs. « On nous dit souvent que la France a traversé des périodes difficiles », poursuit Stéphanie Bignon. « C'est vrai, mais la France a toujours été croyante. Sans retrouver Dieu, on ne retrouvera pas de Jeanne, on ne retrouvera rien », prévient-elle.

Maurras en mer

« Je suis devenue royaliste en lisant Charles Maurras, dont j'avais emporté les livres en mer », nous a-t-elle raconté. « Ce faisant, j'ai pu découvrir tout un univers. J'ai tiré les fils de la bobine... Je n'avais fait ni ma confirmation, ni ma première communion. Grâce à Maurras, je suis remontée à l'essentiel, c'est-à-dire notre religion catholique. Cela m'est apparu aussi évident que le fait d'être royaliste. » Quoique cela nous éloigne du "politique d'abord", les institutions sont toujours en cause. « L'Ancien Régime et la République fonctionnent différemment, l'un sur l'ordre naturel, la famille, le pouvoir reçu de Dieu et le bien commun, l'autre sur les partis, les luttes d'intérêts et le profit », soulignent les auteurs. « L'un admet l'imperfection des choses de ce monde, l'autre prétend à la perfection et nous impose une marche forcée ver l'utopie égalitariste. » Fussent-ils agnostiques, c'est une analyse que partageront vraisemblablement la plupart des esprits formés à l'école d'Action française.

Stéphanie Bignon, Anne Brassié, Cessez de nous libérer !, éditions Via Romana, 166 pages, 12 euros.

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