La démocratie, marchepied d'une Europe fédérale

15 mai 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

Bien qu'elle nourrisse l'euroscepticisme, la dénonciation du "déficit démocratique" de l'Union européenne contribue vraisemblablement au renforcement de sa dimension fédérale.

Les élections européennes du 25 mai prochain seront les premières organisées sous l'égide du traité de Lisbonne. En conséquence, à l'issue du scrutin, soixante-quatorze députés, et non plus soixante-douze, se partageront les prébendes au nom du peuple français. Par ailleurs, s'il appartiendra toujours aux chefs d'État ou de gouvernement de l'Union européenne (UE) de s'accorder sur un candidat à la présidence de la Commission, celui-ci devra être présenté à la nouvelle assemblée « en tenant compte des élections ».

Partis transnationaix

Les partis transnationaux n'ont pas manqué de s'engouffrer dans la brèche juridique ainsi ouverte, désignant leurs propres candidats à la succession de José Manuel Barroso : l'Allemand Martin Schulz pour le PSE (Parti socialiste européen), le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker pour le PPE (Parti populaire européen). Le moment venu, le Conseil européen se laissera-t-il dicter son choix ? Le cas échéant, un nouveau rééquilibrage institutionnel sera intervenu au sein de l'Union. Aux dépens des États, donc, mais au bénéfice de la démocratie.

De fait, l'accroissement régulier des pouvoirs du Parlement européen répond à la nécessité qu'il y aurait à combler le « déficit démocratique » dont souffrait l'UE. Les souverainistes ne sont pas les derniers à dénoncer ce phénomène. Si « l'élection au suffrage universel du Parlement européen dès 1976 n'a guère comblé ce déficit démocratique », explique le Front national, par exemple, c'est « surtout parce qu'il n'existe pas de "peuple européen" », mais aussi « en raison du faible pouvoir dont cette enceinte dispose ». De là à réclamer que ceux-ci augmentent encore, il n'y a qu'un pas que le FN semble franchir à demi-mot.

Ambiguïtés du FN

Alors qu'une vague populiste menace de submerger l'Europe, d'autres ambiguïtés caractérisent le discours anti-européen du Front national. Parmi les partenaires étrangers avec lesquels il envisage un rapprochement figure la Ligue du Nord, selon laquelle l'Union européenne serait la « propriété des Allemands, des Français et des grands financiers ». Autrement dit, de l'aveu même de ses propres amis, Marine Le Pen œuvrerait contre l'influence de Paris ! Que les sécessionnistes italiens aient tort ou raison, ce constat illustre, en tout cas, le caractère essentiellement national des rhétoriques électorales, dont les campagnes européennes sont loin d'être affranchies. 

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